As High As We Are Fine ou les questionnements amoureux d’Alto Clark
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Auteur·ice : Charles Gallet
26/10/2018

As High As We Are Fine ou les questionnements amoureux d’Alto Clark

Alto Clark est un artiste aussi plaisant que difficile à suivre. Multipliant les alias comme les projets et couleurs musicales, l’artiste aime brouiller les pistes pour mieux nous surprendre. Deux ans ont passé depuis son précédent EP et c’est sous son alias principal qu’il revient aujourd’hui nous présenter son nouvel EP, As High As We Are Fine, dans lequel il ausculte le rapport amoureux sous toutes ses coutures.

Mais comment fait-il pour ne pas se perdre ? Entre son émission mensuelle Boyz Don’t Cry sur Hotel Radio, son groupe en français, De La Montagne, son projet électronique, Peanuts, et son projet principal, on est assez admiratif d’Alto Clark, nous qui avons le plus grand mal à manger nos tartines tout en regardant la télé. Ce qu’on pourrait voir comme une schizophrénie musicale tient surtout à une volonté de bien cloisonner chaque projet, en y apportant à chaque fois des influences et des envies différentes. C’est aussi une quête de liberté et une manière d’affirmer les différences de chaque projet qui font que, chacun dans leur genre, avec ces cadres bien définis, ils restent de vraies réussites. C’est donc dans la peau d’Alto Clark qu’il revient aujourd’hui nous présenter As High As We Are Fine chez Versicolor.

Derrière ce titre poétique ce cache une sensation qu’on a tous connu au moins un jour : lorsque dans une relation de couple, on se sent tellement bien qu’on a finalement la sensation de planer au-dessus de tout, d’être dans un état de plénitude si pur que plus rien ne peut réellement nous atteindre. Car évidemment, il est bien question de couple et d’amour dans les quatre titres qui composent cet EP. Bien malin, le garçon a décidé de brouiller un peu les pistes, nous plongeant tout d’abord dans les questionnements et les errances pour finalement nous amener vers la lumière d’une première rencontre décisive.

A Way To Waste Away narre donc les pensées parfois destructrices qu’on peut avoir lorsqu’on est seul loin de l’être aimé et que l’on se met à trop réfléchir, à trop imaginer et où en arrive à se perdre dans le fil de ses pensées et des ses sentiments. Magic Fruits poursuit ces questionnements et ses intentions d’une personne parfois trop sensible et trop tendre par moment. Wrapped In Grass se fait plus rêveuse, même si tout aussi efficace et c’est finalement à rebours qu’il nous offre la lumineuse Club 56 sur laquelle il pose les mots d’une première rencontre qui fait tout basculer et sur laquelle il invite sa comparse Camille de De La Montagne sur les chœurs.

Musicalement, la formule d’Alto Clark reste la même : des nappes de synthés parfois dansantes, parfois rêveuses, toujours efficaces, accompagnées de rythmiques qui font taper du pied tandis que vocalement, il se pose entre le crooner et le dandy détaché. Un mélange aussi original qu’explosif pour un rendu toujours aussi plaisant. Mais c’est en injectant ses propres obsessions dans ses paroles, en rendant personnel un terreau aussi universel que la relation de couple tout en permettant au tout un chacun de trouver un point d’accroche dans les idées qu’il développe qu’Alto Clark emporte l’adhésion et fait de ce As High As We Are Fine un joli projet à ne surtout pas manquer.

 

A l’occasion de cette sortie, Alto Clark a pris le temps de répondre à quelques questions concernant son EP :

 

La Vague Parallèle : Tu as composé ces chansons entre 2016 et 2017, pourquoi avoir attendu si longtemps pour les sortir ?
Alto Clark : Les premières démos ont été composées fin 2015, début 2016, mais à cette période-là on avait des sorties avec De La Montagne et j’ai préféré laisser maturer un peu ces 4 titres. Je suis ensuite allé les retravailler avec les studios Tour du Sud en Auvergne. Ils m’ont permis de clarifier certaines intentions, de simplifier des structures et de refaire des voix. En septembre 2017, j’ai travaillé avec Jean-Paul Gonnod, qui a notamment collaboré avec NTM, Etienne Daho ou encore Phoenix, et on a remis les choses à plat : on a écouté à nouveau les toutes premières démos des morceaux pour comprendre l’intention initiale, on a encore simplifié pour ne garder que l’essentiel et bien dessiner chaque son. J’ai pris mon temps aussi parce que j’avais une idée bien précise en tête de comment devaient être ses chansons et je ne voulais pas les sortir tant que je n’étais pas satisfait à 200%.

LVP : J’ai l’impression qu’avec ces nouveaux titres, tu te mets plus à nu qu’auparavant, as-tu vu une différence dans ta façon de composer ?

A.C : Absolument. Dans mon précédent EP, qui a été finalement le premier où le chant était clairement assumé, les textes étaient beaucoup plus alambiqués et les sentiments décrits enrobés dans des formes poétiques un peu floues. Dans As High As We Are Fine, les choses sont plus précises et du coup plus compréhensibles. Je réfléchis plus chaque élément d’une chanson en fonction des autres. Comment chaque chose doit avoir sa place et son existence sans se faire bouffer par la mélodie ou la basse par exemple. 
LVP : Qu’est-ce qui t’influence quand tu composes pour Alto Clark ?
A.C : Principalement le mood dans lequel je me sens. Si j’ai le sentiment d’être triste, je vais essayer d’accentuer ça dans mes mélodies par exemple pour que ça soit encore plus compréhensible par tout le monde. Je pense que dans quasiment toutes mes chansons, il y a la certaine tristesse mélancolique de quelqu’un qui regarde la vie avec des yeux humides mais pleins d’étoiles.
LVP : Tu as de nombreux projets, comment fais-tu pour garder une vraie ligne directrice sur chacun d’entre eux ?

A.C : Chaque projet a son identité propre. Alto Clark est le côté electro pop romantique aux nappes vaporeuses et cotonneuses alors que Peanuts est clairement techno acid, sans chant, beaucoup plus brute et rentre dedans. C’est forcement plus simple quand les styles musicaux ne se marchent pas dessus. De même le personnage que j’ai dans chacun des projets est différent. J’ai autant besoin de l’un que de l’autre et ils se nourrissent mutuellement.

 

crédit photo : Naïs Bessaih

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