Beach House – Thank Your Lucky Stars : l’album surprise qui surpasse son aîné
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Auteur·ice : Mathias Bourgonjon
16/10/2015

Beach House – Thank Your Lucky Stars : l’album surprise qui surpasse son aîné

Alors que nous vous avions déjà fait l’éloge du dernier né du duo franco-américain intitulé Depression Cherry, voilà que Beach House revient à l’assaut avec Thank Your Lucky Stars, nouvel opus dont le titre semble indiquer une volonté du groupe d’exprimer leur gratitude par rapport à leur succès actuel. Lorsqu’un album sort à six semaines d’intervalle du précédent, surtout quand il est absolument inattendu, il est assez difficile de ne pas faire une quelconque comparaison avec son prédécesseur. Cependant, nous allons tenter de porter un regard aussi neuf que possible sur le nouvel opus de Beach House. Comme à leur accoutumée, le format de cet album ne dépasse pas les neuf titres et chacun d’entre eux nous transporte dans un univers à la fois oppressant et aérien dont seul le groupe a le secret. L’album est d’ores et déjà disponible sur Spotify et à l’achat à peu près partout !

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Pour commencer cet opus, Majorette nous assied tout de suite confortablement dans une chanson drapée d’arpèges de guitare agréablement lancinants et de percussions sous-tendant la voix plaintive de Victoria Legrand. Un morceau qui ne crée pas la surprise – car il porte clairement la marque de fabrique incontestée de Beach House – mais qui nous aide à nous plonger doucement dans ce nouveau long format. She’s So Lovely garde plus ou moins le même tempo que le premier morceau et on a d’ailleurs même l’impression d’entendre le même set-up de batterie électronique que sur Wild, apparu sur leur album Bloom de 2012. En entendant ce second titre, on en viendrait presque à regretter le moment où chacun des mots sortis de la bouche de la chanteuse ne semblaient pas être ralenti trois fois après leur enregistrement. Encore une fois, l’éternel arpège de guitare accompagne le chant de Victoria Legrand sur ces 4 minutes 22 secondes qui sont – à notre humble avis – un tout petit peu trop longues.

Les premières notes de guitare qui résonnent sur All Your Yeahs installent directement une certaine tension dans le titre. Une voix pleine d’écho joint ensuite cette monotonie (au sens strict du terme) tandis qu’une ligne de basse vient doubler l’instrumentation d’une mélodie plus complexe. Le tout nous laissant présager que le titre va sortir des chemins battus par Majorette et She’s So Lovely. Et, en effet, All Your Yeahs est plus audacieux, plus teigneux. Quand, en plus, des notes grasses de keyboard contrastées par un pseudo-solo aigu s’ajoutent aux couches déjà crées, le vent de fraîcheur est si bon que le titre en paraît, lui, beaucoup trop court.

Continuant sur la lancée entreprenante commencée par la plage précédente, One Thing est introduit par une guitare crunch comme pour volontairement faire un pas de côté par rapport à l’ambiance fort dreamy de leurs derniers morceaux. Tout au long de ce titre, d’ailleurs, la guitare prend le dessus sur le reste des instruments avec un riff qui est à la fois envoûtant et qui apporte aussi un dynamisme particulier. Pour le reste, on ne vous fait pas un dessin : Victoria Legrand, percussions, tout le touin-touin.

La surprise vient encore avec le choix du son du clavier sur le titre suivant Common Girl. A la façon d’un clavecin, celui-ci impose une ambiance presque solennelle mais sans pour autant briser la légèreté de cette belle ballade d’un petit trois minutes sur l’album. C’est Traveller qui prend la relève avec une lourde nappe mélodique où voltigent une hi-hat contrôlée et des riffs de guitare et de clavier. Là-dessus, Victoria Legrand joue de ses charmes vocaux en se laisser de temps à autre aller à la vocalise et fait de ce titre un des plus marquants de tout cet opus.

Derrière le nom mystérieux de Elegy To The Void se cache la chanson non moins sibylline qui, au fur et à mesure des accords de violon et de basse soutenue, développe une atmosphère qui s’impose comme fortement mélancolique dès le début. A mesure que la guitare arpégée entre en jeu et que les percussions donnent de l’air à la dimension étouffée de Elegy To The Void, la piste prend de l’ampleur avant de disparaître en fade-out. Comme si Beach House n’avait pas osé se permettre de brusquer la sortie de cette lamentation au vide…

Les deux morceaux concluant Thank Your Lucky Stars reviennent vers quelque chose de plus consensuel au sens Beach Housien du terme. Sur Rough Song, on retrouve toujours le sample de la batterie qui guide la mélodie guitaristique et, ce, pendant plus de cinq minutes (!). Somewhere Tonight innove en cela qu’il paraît arborer des couleurs d’une époque lointaine, principalement par la sonorité beaucoup moins électrique et moderne de la guitare et aussi grâce aux courtes interventions du synthétiseur. Le tout, ne nous voilons pas la face, toujours dans un style propre au duo !

Bien que le groupe crée la surprise avec ce nouvel opus qui sort seulement quelques semaines après leur dernier, il semblerait que Thank Your Lucky Stars aurait pu être encore plus novateur si Victoria Legrand et Alex Scally avaient pris plus de temps pour le peaufiner. Dans l’ensemble, la musique de Beach House est un régal pour les oreilles mais on attendait peut-être un peu plus que 5 titres sur 9 qui se démarquent de leur musicographie habituelle. En bref, une belle œuvre qui ne déçoit pas plus qu’elle ne surprend réellement.

© Photos par Shawn Brackbill

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