Carnet de Voyage #3 : Otzeki goes to America
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Auteur·ice : Victor Houillon
17/12/2018

Carnet de Voyage #3 : Otzeki goes to America

Dans Carnet de Voyage, La Vague Parallèle se glisse dans les valises de ses artistes favoris et les suit dans leurs pérégrinations aux quatre coins de la planète. Après un premier numéro consacré au périple russe de Grand Blanc et un épisode deux au cours duquel vous avez pu suivre les aventures de ENDZ à Montréal, on traverse cette fois l’Atlantique avec le duo anglais Otzeki pour leur première tournée américaine, du Texas à la Californie en passant par New York. 

Alors que 2018 touche à sa fin, c’est l’heure de dresser le bilan d’une année où l’on a assisté pêle-mêle à un mariage princier, une montée du populisme, un album posthume sur fond de litiges d’héritage, l’apparition d’une deuxième étoile sur un maillot bleu… Et Otzeki dans tout ça ? “Cette année a été incroyablement hallucinante” nous dit Mike (chant et guitare). “A force d’enchainer les concerts dans des fuseaux horaires différents, tu décroches un peu de la réalité. C’est à la fois génial et étrange, voyager autant te fait perdre tes repères spatio-temporels”.

 

AUSTIN, TEXAS

Pour le projet qu’il forme avec Joel (synthés et pad), l’escapade américaine a débuté au festival texan South By South West grâce à la fondation PRS, qui aide les jeunes talents anglais à se développer hors de leurs frontières. Mike encore: “On a eu beaucoup de chance d’avoir ce soutien financier, car il y a vraiment eu un avant et un après SXSW. Ce festival nous a permis d’avoir un autre concert, puis un bookeur aux Etats-Unis…” Au-delà de leur concert, ce fut également un beau moment de découverte pour les deux cousins qui ont pu flâner dans les allées du festival indé iconique et de profiter des nombreux groupes de blues. “Je n’avais rien entendu de semblable”, nous confie Joel“Ils étaient tous très talentueux, et certainement quelque chose qu’on ne trouve pas au Royaume-Uni”. Il est vrai qu’ils risquent peu de partager l’affiche avec des musiciens répondant à des noms de cowboy tel qu’Arkansas Dave dans les rues de Londres.

Pour Mike, c’est paradoxalement le groupe de punk anglais Shame qui lui a fait la plus forte impression. “J’avais assisté à leur tout premier concert, et on a pas mal joué dans les mêmes salles. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a avait cette fois ci une plus grande énergie ! C’est sympa de se retrouver à l’autre bout du monde avec un groupe de chez soi”. En webzine studieux, on est allé écouter et… on adore !

 

 

NEW YORK CITY, NEW YORK

 

Une fois l’épisode texan refermé, c’est à Williamsburg (un des coins les plus artistique et hipster de Brooklyn) que l’on retrouve les deux compères pour un concert au Baby’s All Right. L’occasion de tester leur “électro en format live” auprès d’une nouvelle culture. Verdict ? Contrairement à ce que l’on pouvait imaginer, il semblerait que leurs expérimentations sur scène “résonnent encore mieux” auprès de ce nouveau public. L’occasion également pour Joel de découvrir à ses dépens l’humour des américains: “j’ai croisé cette femme qui fumait une cigarette devant la salle, je voyais passer des caméras… En discutant elle m’annonce qu’ils tournent un porno. Je l’ai immédiatement répété à Mike, peu à peu la rumeur s’est propagée dans toute l’équipe… Il se trouve que c’était juste une blague, ils tournaient en réalité une simple émission TV“. A l’évocation de ce souvenir cocasse, Mike chambre gentiment son cousin entre deux rires: “Je n’y ai pas cru une seule seconde. Il y avait vraiment beaucoup d’extras, avec des teintures différentes et des looks de gothique… ça aurait été un putain de porno étrange !”

 

LOS ANGELES, CALIFORNIA

Place maintenant à la conquête de l’Ouest, alors qu’on retrouve les deux anglais à Los Angeles pour la troisième étape de leur périple américain. Le duo profite d’avoir quelques jours de répit pour déambuler dans les rues et découvrir le chill et la spontanéité caractéristiques des californiens. “On fumait tranquillement une cigarette avec cette fille Andrea qu’on venait de rencontrer, et une chose en entrainant une autre, elle nous annonce qu’elle peut nous programmer le lendemain aux Tenants of the Trees. C’était d’ailleurs un de nos meilleurs concerts”, se rappelle Mike.

Trois états fondamentalement différents les uns des autres, donc. On demande alors à Otzeki quel endroit les a le plus marqué. Leurs réponses laissent transparaître deux personnalités bien distinctes et complémentaires. Joel nous confie apprécier tout particulièrement le paradis tranquille de Los Angeles. “Are you serious ?” s’exclame Mike, qui prend alors le rôle de l’intervieweur. “Tu préfères vraiment LA à NYC ? Pourquoi ?”. Il faut dire que “l’énergie dingue” qui émane de New York lui ressemble à tout point de vue. “Il y a comme de l’électricité dans l’air, tout le monde a une opinion… Il peut se passer quelque chose à tout moment, tu n’es pas dans ta zone de confort. Y vivre serait intéressant“. Cette dualité se continue d’ailleurs à l’évocation du prochain continent à découvrir: l’Asie pour Joel, l’Amérique du Sud pour Mike.

Otzeki attaquera donc 2019 comme il a terminé 2018 : sur la route. Il en va de soi pour un groupe dont l’esthétique expérimentale ne convient pas à toutes les radios de son pays natal. “C’est plus simple pour nous de tourner en Europe qu’au Royaume-Uni. En Europe, le public est ouvert à de nouvelles musiques, tandis que chez nous, il faut rentrer dans la hype synth-pop“. Tant mieux pour nous, car cela augure de nombreuses occasions de découvrir le live d’Otzeki, qui fait la part belle à l’improvisation et à l’expérimentation pour une expérience unique à chaque fois.

En attendant, pour les plus clubbeurs d’entre nous, Otzeki vient de sortir un EP 6 titres de remixes appelé… Remixes. A découvrir ci-dessous.

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