Children Of The Slump : la pop nostalgique et assumée de Marble Arch
"
Auteur·ice : Océane Briand
26/03/2019

Children Of The Slump : la pop nostalgique et assumée de Marble Arch

Il y a cinq ans de là, sortait The Bloom Of Division, un premier album aux sonorités pour le moins vaporeuses qui a permis au quintette de faire ses preuves et de s’imposer parmi les pionniers du shoegaze français. En ces temps de crise, de révolte et de désarroi, Yann Le Razavet, le nom derrière Marble Arch, nous dévoile un second opus du nom de Children Of The Slump, un titre symbolique pour un album qui se veut empreint d’un certain renouveau mais aussi d’une maturité incontestable.

Se voir coller des étiquettes n’a jamais été le dada de quiconque, davantage dans le monde de la musique. Quand The Bloom Of Division sortait en 2014, on parlait d’une musique aux influences tout droit venues de la dream-pop brumeuse à la Slowdive ou encore à la Wild Nothing. Loin de tout ça, l’artiste lui même avait du mal à accorder un genre précis à sa musique, la qualifiant de bedroom pop éthérée. Un premier album qui se voulait être comme la transition vers l’âge adulte, accompagné de léger soupçons d’incertitudes mais à la fois plein d’audace et qui n’a pas manqué aux oreilles les plus averties. Quant à Children Of The Slump, on conserve certes cette mélancolie si propre au groupe mais c’est également un album avec lequel on tente une approche d’un univers un peu plus distinct, l’approche du monde adulte en somme. Ces neuf titres qui le composent donnent l’image d’un travail plus affirmé et à la fois plus accessible que son prédécesseur. Là où avec The Bloom Of Division, la voix de l’auteur-compositeur-interprète breton se voyait perdue voire noyée dans les profondeurs de la reverb, elle apparaît ici comme nettement moins effacée, démontrant un ensemble qui se veut pourvu d’une pop aux milles et une facettes.

Ce premier LP présentait l’ensemble des réminiscences d’une enfance passée et bel et bien coupée du présent mais qui revient toujours à la surface car finalement elle forme malgré nous et malgré elle surtout, les piliers de notre être. Là où la transition est parfaite, c’est lorsque l’on découvre la tracklist de ce second opus. C’est le titre Réminiscences qui ouvre alors cette nouvelle ballade aérienne, cotonneuse et onirique, assurée avec confiance. Une ballade qui durera d’ailleurs près de 45 minutes. Cet album c’est aussi la volonté de mentionner quelques sujets fâcheux du quotidien, tel que la rencontre d’un amour fort et éphémère par exemple, qui serait comme évaporé dans les airs mais qu’on ne peut oublier et abandonner, tout comme le démontrent Instant Love ou encore l’éloquent On My Way « You were my instant love / I’m still on my way , don’t care about the oracles ».

On ne manquera pas à l’appel à la prise de conscience retrouvée dans Today, où l’on se demande bien qui pourrait être cette mystérieuse Sacha, un personnage insatiable, qui manque véritablement d’audace mais qui ne manque pas de nous attendrir de par son attitude réticente, qui se veut à l’abri de tout. Des mélodies qui apporteront douceur et réconfort à l’oreille et qui appelleront à l’aventure, laissant supposer une vie trop courte pour ne pas se laisser emporter par ses désirs. Suit après cela Moonstruck, la quintessence de ce second opus et un morceau nostalgique auquel on n’en voudra pas d’être à l’origine de ces quelques gouttes d’eau salée qui glissent délicatement le long de nos joues. Des notes de synthé mêlées à celles d’une guitare qui se veulent confusion entre rêve et cauchemar, fantaisie et réalité « Trouble sleeping / Am I a werewolf now ?». C’est alors qu’on se dirige vers le titre Your Song, où la voix de l’artiste y est ouateuse comme nous y avons toujours été habitués et accompagnée une nouvelle fois d’un riff de guitare unique et à l’effet indélébile. Ici, Marble Arch tente d’ailleurs tant bien que mal de faire comprendre à son auditeur que malgré les galères, il faut persévérer et aller de l’avant no matter what.

Alors que l’écoute arrive déjà presque à terme, on n’hésitera pas à écouter en boucle le second single de cet album, Gold, une composition aussi méditative que brillante, tout comme son titre qui laisse présager un avenir lumineux au groupe. Les beaux jours printaniers faisant leur grand retour, c’est par le biais de ce titre aux bonnes ondes que le plaisir sera d’ailleurs, to-tal. Le choix de boucler ce voyage, qui annonce sûrement déjà les prémices du prochain (et l’impatience y est déjà palpable), par le titre éponyme de l’album est judicieux. Véritablement le titre qui pourrait résumer l’évolution et la maturité du projet construit par Marble Arch. Une écriture appliquée et touchante pour une composition soignée. Un titre qui colore à coups de pastels, la mélancolie propre au Lannionnais et un rappel sur un fait inéluctable : tout n’est qu’éphémère, nous sommes tous de passage alors faisons en sorte que l’instant présent en vaille la peine.

Pour résumer, on parlera d’un album à la pop polyvalente et affirmée. Une pop mélancolique, engagée, une pop dans l’air du temps, une pop fondatrice d’une musique faisant l’état des lieux du monde actuel. Dans l’ensemble, un album tragique mais pas moins attachant, seulement un album sincère tant dans sa conception que dans ses mélodies. Children Of The Slump est aussi le premier album à paraître chez le tout jeune label Géographie (créé par Nicolas Jublot et Rémi Laffitte). Un pari certes, mais aussi une belle promesse qui ne manquera pas de porter ses fruits dans l’immédiat !

Retrouvez Marble Arch le 26 mars à l’occasion de leur release party au Point Éphémère. Le groupe sera notamment de passage au Festival L’Ère de Rien à Nantes le 27 avril prochain aux côtés de Easy Life ou encore Puma Blue, un rendez-vous à ne surtout pas rater !

@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@