Claire Laffut : “Je suis un peu devenue celle que je n’osais pas approcher”
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
07/05/2019

Claire Laffut : “Je suis un peu devenue celle que je n’osais pas approcher”

Avec plus de 25 000 mélomanes et une cinquantaine de concerts, cette nouvelle édition des Nuits Botanique a décidément tenu toutes ses promesses en proposant un line-up éclectique de pépites d’aujourd’hui et de demain, d’ici et d’ailleurs. C’est dans son cadre somptueux que l’on rencontre la jeune Claire Laffut quelques heures avant qu’elle ne scintille sur la scène du Chapiteau pour faire danser la foule et la bercer de sa douce voix cristalline. Un personnage souriant et bienveillant, passionné par son art et débordant d’ambition : récit d’une rencontre chaleureuse avec le nouveau diamant belge

La Vague Parallèle : Hello Claire ! Ce soir, retour au bercail ! Ça fait quoi de jouer en Belgique ? 

Claire Laffut : C’est un peu deux sentiments différents. Je suis super contente parce que tout un tas de gens que je connais seront présents : ma famille, mes potes, etc. Mais j’ai du coup un petit stress parce que je veux être sûre d’accorder du temps à tout le monde ! Mais en soit ça fait vraiment plaisir de les voir tous, surtout ceux que je n’ai plus vu depuis un moment. Ça me fait plaisir de les voir dans ce contexte là, chez moi. Je me sens vraiment comme rentrée à la maison mais avec une certaine fierté.

LVP : “Bonjour, je m’appelle Claire Laffut, j’ai 23 ans. J’habite à Paris mais je suis belge. Qu’est ce que je dois faire ?” C’est avec ces quelques mots au début de ton clip pour Vérité qu’on découvrait cet innocent personnage il y’a un an. Qu’est devenu ce personnage ? Est-ce que Claire Laffut sait ce qu’elle doit faire maintenant ? 

CL : Oui elle sait ! (rires) Je suis peut-être plus affirmée, j’écris des chansons plus personnelles et ma voix a changé avec le temps. Je suis un peu devenue celle que je n’osais pas trop approcher en quelque sorte.

LVP : Quand on s’intéresse à ton parcours, on s’aperçoit que t’es un peu une touche-à-tout : mannequin, peintre, directrice artistique, chanteuse. Qu’est ce qui t’a poussée si jeune à t’intéresser à autant de domaines artistiques ? 

CL : En fait je suis originaire d’un tout petit village dans lequel je n’avais pas vraiment l’impression d’un jour pouvoir m’épanouir. J’avais envie de voyager, j’avais envie de me mettre au défi, me fixer des challenges. Je pense aussi que j’avais ma mère comme modèle. Le fait qu’elle se soit sacrifiée pour mes frères et moi et qu’elle ait du arrêter de travailler pour s’occuper de nous. Cette force, en tant que jeune fille, ça m’a donné des ailes pour me dire que j’allais être une femme qui allait s’accomplir et oser.

LVP : Du coup merci maman ! 

CL : Oui, merci maman ! (rires)

© Flavio Sillitti & Stéphane Risack / Claire Laffut au Botanique – Mai 2019

LVP : Tu l’as dit, tu viens d’un petit village de Namur et tu as déménagé en France. Pourrais-tu dire que ta routine parisienne a influencé ton art, ta musique ? 

CL : Oui, carrément ! Déjà, je suis aux côtés de Français et il y a une réelle différence avec les Belges qui me paraissent beaucoup plus foufous, naturels et tranquilles. À Paris, tu fais rapidement face à des gens qui viennent du monde entier et qui sont en mode “compétition”. On ne prend pas vraiment des vacances en allant vivre en France. Moi, personnellement, j’ai décidé d’aller y vivre parce que j’avais envie de faire des choses et Paris représentait un vrai condensé de culture, de musées, d’inspirations. Nous, les artistes belges, on a aussi un peu cette folie “à la Benoît Poelvoorde au cinéma français” parce qu’on a l’impression de moins ressentir ce poids de la culture au niveau des grands auteurs de la musique en Belgique. En France, t’es vite confronté à la technique, à ce “beau français” et du coup ça m’a forcément influencée dans mon art. J’ai même changé d’accent, t’as vu ? (rires)

LVP : (rire jaune en pensant à mon accent liégeois) Claire chanteuse et Claire peintre : c’est quoi la différence entre les deux ? 

CL : Il y a quelque chose de plus intime dans la peinture. Dans la musique, ta voix démontre le moindre fragment de fragilité, de peur :  monter sur scène c’est un peu se mettre à poil. Il faut vachement s’assumer et s’oublier. C’est vraiment ça : un équilibre entre s’oublier et contrôler alors que la peinture, pour moi, c’est plus un travail personnel. C’est mon petit plaisir à moi qui n’est pas encore arrivé dans les mains des autres.

LVP : Ton EP sortait en novembre passé. Ils représentent quoi ces 4 titres pour toi ? 

CL : Ils représentent des couleurs différentes. Il y en a un qui arrive avec des touches généralement bleutées, d’honnêteté : VéritéMojo c’était vraiment le rouge, l’énergie, le côté dansant et sanguin. Pour La Fessée, c’est plutôt le côté franc du jaune qui m’intéressait pour m’affirmer auprès de gens que je rencontrais dans le milieu de la musique et qui me dictaient ce que je devais faire, comment je devais m’habiller, etc. Ce titre, c’est un peu ma façon de leur dire fuck poliment. Et le dernier, Gare Du Nord, c’est dans les tons de mauve pour symboliser la nuit, un truc plus sombre. Dans ce morceau, je fais écho à une histoire que mon grand-père me racontait quand j’étais plus jeune. Il me disait que je finirai par vendre mon corps à la Gare du Nord si je n’étudiais pas.

LVP : Un EP que tu as appelé Mojo. Tu peux nous en dire plus sur ce mystérieux petit mot de 4 lettres ? Pourquoi l’avoir choisi ? 

CL : C’est parti d’une session studio lors d’un des premiers enregistrements à Paris. On n’avait aucune inspiration et on savait d’avance qu’on allait faire que de la merde ce jour là. Et là, le réalisateur du disque a sorti un truc du genre : “Non mais c’est mort là y’a pas le mojo !” Ca m’a fait penser à cette référence dans Austin Power, que mon père regardait quand j’étais plus jeune. C’est un film qui parle du mojo comme d’une force, une énergie naturelle que tu as quand t’es bien. T’attires que les bonnes choses avec le mojo, t’es en harmonie avec toi même et t’as l’impression que tu peux séduire n’importe qui comme ça. Puis parfois ça part et t’as l’impression que c’est fini et tu te sens tout naze. C’est une sorte de séduction, d’attraction naturelle d’énergies positives qui émane.

LVP : Avec des artistes comme Angèle, Clara Luciani ou encore Hervé qui joue aussi ce soir aux Nuits Botanique, vous remettez la chanson française sur le devant de la scène. Qu’est ce que tu penses de ce vent d’air frais qui souffle sur la musique francophone ? 

CL : Moi, j’adore ! On a beau être beaucoup, on a tous notre propre style. Il y a même des trucs complètement dingues comme Aloïse Sauvage qui mêle l’urbain et la chanson française avec un rap très spécial. Je suis aussi surtout contente qu’il y ait plein de belges qui viennent défendre nos couleurs dans ce registre là ici où en France.

LVP : Cet été tu t’embarques dans ta première grosse tournée de festivals avec Dour, Musilac ou encore Biarritz en Été. À quoi doit-on s’attendre sur ces lives ? 

CL : Plein de nouvelles chansons ! Je suis en train de terminer mon premier album qui sera composé d’une douzaine de morceaux. Du coup, pleins de nouveaux titres et des premières ! Pas mal de sons assez “été” aussi parce que j’avais vraiment envie de faire danser les gens et de m’amuser sur scène. Ça va être du sport, du stress, du travail mais ça va être fou!

LVP : C’est qui ton artiste coup de coeur du moment ? 

CL : J’aime bien Moussa ! Il n’a pas encore sorti d’album mais il lâche des sons régulièrement et je trouve que c’est une des nouvelles pépites qui méritent qu’on se penche dessus.

LVP : Dernière question qu’on aime beaucoup poser : si tu devais définir ta musique en un seul plat, ce serait lequel ? 

CL : Ah, je sais exactement ! Une tarte citron meringuée. Parce que c’est un peu citronné et acidulé mais il y a quand même le côté meringué gourmand et cute. Puis t’as la croûte qui te bourre et qui te fait croustiller… En plus, c’est un de mes desserts préférés. J’adore cette question !


 

 

 

 

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