Les dessous féminins, l’élégance à la française
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Auteur·ice : Valentin Debernard
15/10/2016

Les dessous féminins, l’élégance à la française

Alors qu’on ne s’est toujours pas remis du remix de Le chrome et le coton (Jérôme Echenoz) par Lafayette, le dandy au look de Thomas Dutronc, ex-membre de One-Two, duo electro-pop qu’il a formé avec Severin en 2004 et dont il s’est séparé en 2009, nous présente en ce vendredi 14 octobre son premier album solo. Les dessous féminins fait suite aux trois 45 Tours de La trilogie amoureuse sortis entre 2012 et 2013. Après avoir découvert quelques-uns de ses nouveaux morceaux lors de sa release party, dans le club bien rempli des Bains Paris, on a enfin pu écouter ce nouveau né de la pop française.

Lafayette met les choses au clair dès le premier titre, Une fille, un été, sur ce qui caractérise et fait de ce disque, un bon disque : une pop faussement légère, subtile, qui frôle parfois le « cheesy » et dont il se dégage une classe et une élégance qui fait un réel honneur à la chanson française. On connait déjà le divin Eros automatique, qui lors de la release party, s’est terminé dans le fracas de la console son, cette dernière s’étant mise à planter, le temps pour nous de commander une bière. Présent sur La trilogie amoureuse – chapitre 1, Eros automatique introduit le thème de la mélancolie, si cher à Lafayette, avant qu’il soit ensuite évoqué sur le puissant La mélancolie française. Le single, qui était sorti en mai dernier, avec son semblant de clavecin lui donnant des allures de XVIIIe siècle, est parfait pour réviser, dans une énumération en pagaille et sans logique évidente, ce qui a fait la France, de Victor Hugo à Brigitte Bardot en passant par le minitel.

La ballade Je perds la boussole démarre avec un synthé des plus kitschs quand tout à coup, la voix auto-tunée de Lafayette pointe le bout de son nez. C’est un énorme choc entre les années 80 et la musique d’aujourd’hui, on écarquille les yeux… pleins d’étoiles. La talentueuse Juliette Armanet nous a fait l’honneur de monter sur scène aux côtés de Lafayette pour l’interpréter aux Bains Paris. Elle était d’ailleurs l’invitée surprise qui assurait la première partie de soirée, accompagnée de son piano. S’en suit un des morceaux les plus forts de l’album, Automatique dans lequel Lafayette dépeint un quotidien ennuyeux et redondant. L’instrumentation groove comme jamais tandis qu’il pose sa voix avec une diction de robot, comme par automatisme. Lafayette nous confie son amour pour le port des petites culottes de sa copine dans Les dessous féminins, single qui a conclu le set de la release party et dont le clip, très sensuel, est sorti le 12 octobre.

On retrouve le miel et les synthés de Je perds la boussole dans Décapotable et La mort c’est mauvais genre, morceau le plus sombre de l’album, qui garde cependant la légèreté et le détachement propre à Lafayette. On ne peut s’empêcher de penser à Jane Birkin. Le froid s’est durci ces derniers jours, l’été est bel et bien terminé et tout ce qui va avec également. Le morceau parfait pour noyer sa mélancolie en regardant les photos de ses vacances est Endless summer. L’album se termine avec la ballade Instantanée sur la banquise qui ferait fondre un iceberg, puis La glanda, nettement plus acoustique que le reste du disque, qui était paru sur La trilogie amoureuse – chapitre 3.

Lafayette résume la pop française à lui tout seul : Dutronc, Vian, Gainsbourg, Birkin, Berger, Katerine Il puise sa source dans les années 80 et en fait la musique de demain. Amour, humour et mélancolie, Les dessous féminins incarne l’élégance à la française.

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