Feu! Chatterton capture les sensations dans le filet de l’Oiseleur
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Auteur·ice : Charles Gallet
16/03/2018

Feu! Chatterton capture les sensations dans le filet de l’Oiseleur

Que vous ayez ou pas aimé FAUVE, il y a une chose qu’il faut reconnaître au collectif parisien, c’est qu’il avait un certain talent pour dénicher d’excellents groupes pour ses premières parties. La plupart de ces formations trônent  d’ailleurs aujourd’hui dans la plupart de nos playlists : VALD, Roméo Elvis, Grand Blanc, Bagarre… et Feu! Chatterton donc. Trois ans après un premier album incandescent, Ici le jour (a tout enseveli), et une tournée de plus de 200 dates, les Parisiens reviennent avec L’Oiseleur. Histoire de prendre définitivement leur envol ?

Il y a de la poésie chez Feu! Chatterton. Ce n’est pas nouveau, et ça ne changera sûrement pas. C’est un peu normal quand un groupe se réclame de l’intense Apollinaire. De l’intensité, il y en a aussi. Elle nous brûle les oreilles et l’âme tant elle est palpable, tant elle sonne vraie même dans les moments les plus théâtraux de la musique du groupe.

Il y a de l’urgence aussi, l’envie de ne pas perdre son temps, d’enchainer fatalement dans la création après une tournée de plus de 200 dates pour un album déjà exceptionnel,  Ici le jour (a tout enseveli), de ne pas se reposer sur une victoire, mais d’envisager le succès et la reconnaissance comme un horizon à aller chercher chaque jour.

Il y a enfin l’exigence. Celle d’offrir des vraies chansons, qui s’effeuillent lentement et qui offrent à chaque écoute une nouvelle trouvaille, un nouveau trésor qui donne une sensation de nouveauté et de fraicheur à l’album, même après une dizaine d’écoute.

Il y a toutes ces choses, imbriquées les unes dans les autres, qui forment l’ADN de L’Oiseleur et qui en font un album dense, exigent tout en étant grand public. Un grand disque de variété dans le sens le plus pur du terme.

Bien sûr, c’est la voix d’Arthur qui marque les premières écoutes. Elle attrape les textes comme un acteur prend possession de ses rôles, elle se fait puissante sur Grace, cajoleuse sur L’oiseau, rappée sur L’ivresse, habitée sur Ginger. Elle est un guide, une lumière qui éclaire les intentions de chaque chanson et nous permet de remarquer l’évolution assez forte dans l’écriture, dans la manière d’envisager les textes.

L’oiseleur fait bien sûr référence aux oiseaux, présents en filigrane dans chacune des chansons de l’album, mais il est avant tout, pour nous, une image métaphorique. L’oiseleur ici ne capture pas les oiseaux, mais utilise son filet, les chansons, pour capturer les sensations et au final transformer l’intime et les souvenirs personnels en propos universels qui toucheront toute personne qui écoutera ces titres: ils nous font voyager dans nos propres pensées et sentiments enfouis. Si sur son premier opus, Feu! Chatterton se faisait conteur à travers ses paroles, les textes se font désormais plus vaporeux, plus foisonnants. Cherchant sans cesse à capter des instants ou des sentiments, l’écriture trouve sa quintessence sur Souvenir et surtout Le Départ qui pourrait aussi bien parler d’une rupture, d’un décès ou de la perte d’un ami.

Mais il serait injuste, et assez malvenu, de résumer la musique de Feu! Chatterton à la voix d’Arthur. Car si elle est incandescente, elle ne serait rien sans les compositions qui l’habitent.

Dire de l’album des Parisiens qu’il est un album de variété n’est pas une insulte. Ici, le terme prend tout son sens car la musique de Feu! Chatterton représente une explosion d’influences, de désirs et d’envies de la part de musiciens qui finissent par se mettre au  diapason. C’est une musique variée, diverse, foisonnante et au final passionnante pour toute personne qui aime la musique.

Antoine, Raphaël, Clément et Sébastien habillent donc ces textes de manière bluffante, car en fait, la musique de Feu! Chatterton pourrait se comparer à de la haute couture. Si on n’y voit au départ que la pièce grandiose dans son ensemble, lorsqu’on s’en approche, on peut en admirer les coutures, les finitions, le cousu main d’une musique qui finit par tout emporter avec elle. On y voit le jazz, la pop, le rap, la trap, la musique de films, ce melting-pot qui fait la grande réussite et le côté unique de la musique des Feu! Chatterton. Les influences de chacun ne sont ainsi pas sacrifiées et ressortent par touche, par note, pour former des pièces musicales fortent qui nous emportent  à chaque instant, nous surprennent et nous émerveillent.

Un second album est toujours une gageure puisqu’il n’apporte pas derrière lui des années de compositions et de musique. C’est souvent un album qui marque vraiment la carrière d’un groupe, dans le pire comme dans le meilleur. A ce titre, L’oiseleur est une vraie réussite, qui se dévoile au fil des écoutes, une œuvre foisonnante et intense qui nous attrape dans ses filets avec une facilité presque déconcertante. C’est sans doute ça, le talent.

En tournée :
28/03 Bordeaux
05/04 Lille
06/04 Rouen
09,10,11/04 Paris
26/04 Printemps de Bourges
29/04 Les Nuits Botaniques Bruxelles
13/06 Les Francofolies de Montréal
23/06  Solidays

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