Albert Hammond Jr, réveillé par son alter ego Francis Trouble
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Auteur·ice : Charles Gallet
05/04/2018

Albert Hammond Jr, réveillé par son alter ego Francis Trouble

Alors que Julian Casablancas ne jure que par The Voidz,  que Nick Valensi, Nikolai Fraiture et Fabrizio Moretti attendent une éventuelle reformation et une tournée afin de renflouer leur compte en banque, que reste-t-il réellement des Strokes ? Véritable fer de lance d’une génération rock qui a fait du bien au début des années 2000, le son si caractéristique du groupe semble définitivement enterré, comme l’a laissé comprendre Comedown Machine.  Enfin ça, c’était sans compter sur Albert Hammond Jr qui revient avec un quatrième album intitulé Francis Trouble.

Si on devait définir Albert Hammond Jr, on dirait qu’il est un survivant. Il a survécu à la drogue, il a survécu à l’alcool et il a survécu à l’aura écrasante de Julian Casablancas. Ce qu’on ne savait pas, c’est que cette idée de survivant est accroché à lui depuis la naissance. Car le New-Yorkais avait un frère jumeau, Francis, décédé avant la naissance et dont, il l’appris à l’âge de 36 ans, un ongle était resté accroché à lui jusqu’à l’accouchement. C’est sur base de cette révélation, un poil glauque et déprimante, qu’Albert Hammond Jr a composé son nouvel album Francis Trouble.

Pour cet album, il a suivi l’exemple d’un de ses héros de toujours : David Bowie. Tout d’abord en se créant cet alter-ego nommé Francis Trouble, mais surtout dans sa manière d’envisager la musique: si celle-ci est sérieuse, si elle dit des choses, elle ne doit pas être analysée plus que cela et doit rester divertissante. Et c’est ici le cas, car ce quatrième album est sans doute son meilleur.

L’album est surtout son plus personnel. Albert Hammond Jr s’y dévoile, sans honte et avec recul, sur ce traumatisme et à la fois inconnu et présent, la perte d’un frère in utero, et n’a à aucun moment peur de la confidence, ce qui ajoute une part d’honnêteté et de profondeur bienvenue à une musique que l’on pourrait parfois trouver un brin trop superficielle. On ne doute d’ailleurs pas qu’une bonne thérapie a du être nécessaire pour atteindre un tel niveau d’ouverture.

Pour le reste, les compositions du rockeur sont gorgées de nostalgie, on y sent un amour profond pour le rock’n’roll, qui ne cesse d’être présenté comme mort mais qui renait toujours de ses cendres, qui se relève toujours après une chute, un peu à la manière d’Albert Hammond Jr, finalement.

On aime la rage non contenue dans la voix et les guitares de ScreamER, dont les chœurs rappellent évidemment les Rolling Stones, autant qu’on bougera sur la modernité et les riffs instenses de Rocky’s Late Night ou sur la batterie folle de Muted Beatings. Mais surtout, ce sont les guitares tranchantes et les mélodies imparables, qui nous ramènent au meilleur temps des Strokes, qui emportent notre adhésion. Mention spéciale pour les exceptionnelles Far Away Truth, Stop And Go , Strangers et Harder Harder Harder, qui clôture l’album.

Se nourrir du passé pour construire le présent semble être le maitre mot de ce Francis Trouble. Réjouissant, rythmé, honnête, navigant avec bonheur dans les mers du rock’n’roll, Albert Hammond Jr nous livre une nouvelle page de sa jolie carrière musicale. Et puis comme dirait l’autre, The End Has No End

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