(INTERVIEW) : Beffroi, prendre le temps
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Auteur·ice : Fanny Ruwet
25/08/2016

(INTERVIEW) : Beffroi, prendre le temps

La Vague Parallèle a profité du Dour Festival pour poser quelques questions au jeune groupe belge Beffroi : focus sur ce duo assez mystérieux qui se cache derrière les morceaux Swim et Faint.

LVP : Comment s’est passé votre show à Dour ?

  • Valentin : Ça s’est super bien passé, il y avait du monde et le public était très réceptif.
  • Rori : Oui, vraiment chaleureux. On était étonnés qu’il y ait autant de gens à 14h.

Vous avez sorti votre premier single Swim l’année dernière alors qu’on n’avait jamais entendu parler de vous. C’est quoi votre background : vous étudiez la musique, vous étiez dans d’autres groupes,.. ?

 

  • Rori : Moi je ne fais pas du tout d’études dans la musique, je suis en infographie. J’ai juste fait un peu de guitare sans solfège. Valentin, lui, suivait des court de basse.
  • Valentin : Oui voilà, moi je joue de la basse, du piano, un peu de tout et là je fais des études d’ingénieur du son pour toucher à la production. En fait Rori avait un petit groupe avant, qui tournait dans des fêtes de village et ce genre de trucs. Il y a plus ou moins un an et demi, je suis allée la voir à la fin d’un de ses concerts, je lui ai dit que je produisais de la musique électronique et je lui ai demandé si ça l’intéresserait de commencer un projet dans ce style là. C’est comme ça qu’on a lancé le projet Beffroi.
  • Rori : Et Swim, c’est notre premier morceau. Le premier qu’on a écrit et composé en tant que Beffroi.

LVP : Vous n’êtes pas signés sur un label pour l’instant, c’est un volonté ?

  • Valentin : On a quelques propositions pour l’instant dont on ne peut pas parler mais on est bien indépendants. Enfin, il y a une sorte de petit collectif qui est en train de se former avec Bastien et Junior (ndlr : le management de Beffroi). Ça s’appelle Flowers and Drones et ça pourrait évoluer avec le temps. Pour le reste, on verra si on a de chouettes propositions mais pour l’instant cette position-ci nous convient parfaitement.

LVP : Vous vous attendiez à un tel engouement pour votre single Swim ?

  • Rori : Non, pas du tout.
  • Valentin : Moi non plus.
  • Rori : On avait juste envie de faire de la musique. Et c’est toujours le cas d’ailleurs. On est super contents de ce qui nous arrive mais le but premier c’est vraiment juste de faire de la musique et si les gens aiment et ont envie de nous voir, c’est extraordinaire.

LVP : Maintenant que vous voyez que ça prend bien, vous voudriez pouvoir ne vous consacrer qu’à ça ?

  • Valentin : Oui, tout à fait. Mais on veut d’abord tous les deux terminer nos études parce qu’elles nous plaisent et qu’on veut avoir plusieurs choix dans la vie. Puis bon.. L’industrie de la musique est super éphémère pour l’instant, ça peut se casser la gueule dans cinq ans, donc on veut vraiment quelque chose sur lequel se reposer. Il nous reste deux ans d’études chacun. Après, si on peut en vivre, on le fait, on se lance à fond. Mais là on prend notre temps, on prend les choses comme elles viennent sans nous presser. Surtout qu’on se cherche encore beaucoup musicalement et artistiquement. On adore ce qu’on fait mais on a encore beaucoup de choses à apprendre et à faire.
  • Rori : On veut aller plus loin, encore.

LVP : C’est quoi vos projets sur le court terme ? Un EP ?

  • Valentin : Sur le court terme, c’est de sortir un nouveau single, probablement dans le courant de l’été. Puis on mise beaucoup sur le live donc on travaille énormément là dessus pour bien gérer les deux prochaines dates aux Solidarités à Namur fin août et au Rockerill à Charleroi. Pour l’EP on va voir, en fonction des propositions qu’on reçoit et tout ça. Et puis.. Pour sortir un EP, il faut qu’on soit sûrs de nous, certains que ce qu’on sort est cohérent : on ne va pas mettre cinq singles ensemble et les balancer n’importe comment.
  • Rori : Être sûrs de nous et trouver le parfait équilibre entre nos influences. C’est important pour nous.
  • Valentin : Les paroles aussi, le sont. Arriver à véhiculer un message tout au long de l’EP

LVP : Justement, à ce sujet. C’est une question très bateau mais que je trouve assez pertinente dans votre cas. Comment se passent l’écriture et la composition des morceaux ? Parce qu’ils sont super sombres et ont l’air assez personnels. Vous faites ça à deux ou c’est quelqu’un qui arrive avec un projet assez avancé ?

  • Valentin : Rori a un carnet dans lequel elle écrit plein de trucs et moi de mon côté, je compose plein de choses. Du coup on se retrouve à deux, je lui fais écouter un bout de ce que j’ai fait, elle me dit quand elle le sent bien, elle prend des paroles qu’elles a écrites et on essaye. On part de deux ou trois phrases qu’elle a écrites, on les met sur une de mes prods et sur cette base, elle écrit et retravaille le texte de plus en plus et moi pareil pour la musique.
  • Rori : Mais on influence chacun la partie de l’autre. Valentin m’aide pour les paroles et je l’influence aussi pour la production.

LVP : On voit très peu vos visages sur vos photos et lors de vos concerts, la scène est toujours très sombre : pourquoi ?

  • Valentin : Déjà c’est une esthétique qu’on aime au niveau du live : quand tout se passe en backlight, qu’on voit des ombres bouger mais qu’on ne sait pas ce qu’il se passe exactement.. Après c’est peut-être aussi une manière de nous protéger dans le sens où on n’est pas hyper à l’aise avec les médias, on n’a pas trop envie que notre tête soit affichée n’importe où.

LVP : La promo et les interviews, ça vous dérange du coup ?

  • Valentin : Tant ce que ça touche à ce qui est musical et pas people, pas du tout.
  • Rori : On trouve que la société actuelle est très axée sur le paraitre, sur le visage.
  • Valentin : On aimerait plutôt revenir à un truc où on nous pose davantage de questions sur la musique, nos influences, la composition,.. Ça, on aime beaucoup en parler. C’est vraiment tout l’aspect people qui ne correspond pas à notre façon d’être et de voir les choses.

LVP : Ça vous dérange quand les journalistes insistent trop sur le fait que vous êtes vraiment jeunes (ndlr : 19 et 20 ans)

  • Valentin : C’est une image dont on aimerait se détacher parce que je trouve qu’il n’y a pas vraiment de lien à faire entre le fait d’avoir 19/20 ans et de faire telle ou telle sorte de musique. Je suis certain qu’il y a des gars de 16 ans qui font des prods de dingue ultra dark et des mecs de 40 balais qui font de la pop de gars de 16 ans : il n’y a pas de règle.

LVP : Quels groupes vous aimeriez faire découvrir ?

  • Rori : En Belgique il y a Warhola, ce sont des Flamands, ça déchire.
  • Valentin : dans les Flamands qui déchirent il y a aussi Glints. Sinon pour l’instant moi j’écoute énormément de rap US genre Kendrick Lamar, des trucs comme Tupac, Notorious Big,..
  • Rori : Moi là ça fait une semaine que j’écoute énormément The Internet, les prods sont extraordinaires, j’adore.

LVP : Super, merci beaucoup !

Beffroi sera à découvrir en live aux Solidarités à Namur le 27 août et au Rockerill de Charleroi le 22 octobre.

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