La Femme, FùGù Mango et BVO aux Nuits : le Botanique sous les tropiques.
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Auteur·ice : Nicolas Nollomont
25/05/2016

La Femme, FùGù Mango et BVO aux Nuits : le Botanique sous les tropiques.

 

Il y a une bonne semaine sur la scène du chapiteau, le Bota nous sortait son plus estival des line-ups pour une soirée aux couleurs définitivement très tropicales, avec notamment La Femme, FùGù Mango et Bon Voyage Organisation. Entre grosse ambiance caliente allant de l’afrobeat au surf en passant par la disco, avec des groupes -presque tous- gonflés à bloc et un public aussi chaud qu’une chaise de plage en plastique qui brûle les cuisses, le ton était en effet à la fête sous les palmiers, comme si on y était déjà. Sur la plage, dans le sable, on a ressenti des sensations.

Il fait toujours un bon gros 22 degrés sous le soleil lorsqu’on atteint le jardin le plus cool de Bruxelles en ce doux début de nuitée. Vive les embouts, c’est pourtant déjà couille pour le set de Joy As A Toy qui se tapait l’honorable besogne d’ouvrir la fête (sorry les mecs). Quelques minutes de battements nous restent néanmoins avant le début des Bon Voyage, dont, il faut l’avouer, je n’ai personnellement encore jamais entendu parler. A peine le temps de chercher une explication à un nom pareil et à me demander quels genres de machins sonores peuvent bien émaner d’un tel sobriquet, que surgit soudainement sur la gauche un large bar rempli de consommations soigneusement réfrigérées. Ce sera donc un prosecco pour moi, merci.

Sans tarder se font alors entendre les premières notes de synthés des lascars en question sous le chapiteau, qui, si encore franchement vide, n’en finira plus de se remplir jusqu’à la fin du set. C’est que leur affaire, sans prétention d’abord, possède en réalité le groove comme pas permis. Le truc? Une sorte de nu-disco/funk de Saint-Trop’ dopée aux vitamines D et aux sons parfois rétro-futuristes, quelque part entre Jean-Michel Jarre, la BO de Karaté Kid et Les Gendarmes et Les Extraterrestres, le tout d’une pêche et d’un cool ravageurs. Mené de front par une chanteuse au look qui serait tout de suite approuvé par le Vintage Market des Halles, aux côtés d’un guitariste Roy Orbisonesque au déhanché dantesque, le projet nous happe irrésistiblement, en l’espace d’un instant. Quelques minutes passent à peine en effet, que déjà l’envie de nous déhancher toute la nuit façon Macarena au son des basses du clavier ne nous quitte plus. On apprendra plus tard que le projet fait en réalité partie du label des gars de La Femme, Les Disques Pointus. En tout cas si l’on n’en est qu’aux amuses-gueules, ben les mecs, qu’en sera-t-il de la suite?

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Le déhanché en question dans toute sa splendeur

La fièvre de ce vendredi soir là n’en était effectivement qu’à son tour de chauffe puisque s’enchaînent très vite les compatriotes en pleine ascension de FùGù Mango. De retour pour la troisième fois sur les planches des Nuits Bota, le groupe en avait cette fois profité pour faire sa release sur place. Et ce qui marque, c’est que ça sonne pour l’occase franchement plus mango que fugu, comparé au disque. Comprenez-y ce que vous voulez, cela n’empêche que foutre l’ambiance, ça leur connait. Comme une drogue qui n’en finirait pas de monter -ils commencent d’ailleurs bien dans le thème avec une petite reprise de Golden Brown en début de set-, les quatres enfants sauvages, armés de leurs bongos et maracas, nous mettent une vraie patate ce soir-là. Toujours plus haut, toujours plus beau, chaque morceau est une véritable petite bombe d’énergie colorée et métissée par leurs influences, à la fois tirées de leur héritage pop d’ex-Bikinians et de leur penchant pour les choses plus exotiques, dans ce que la planète dans toute sa diversité peut faire de mieux. Ca sentait bon le sable chaud d’ici. D’autant que les membres s’étaient eux aussi mis d’accord sur le dress code très sea sex sun de mise pour la soirée. Chemise à fleurs et lunettes fumées pour l’un, et pour l’autre, une de ces robes qui aurait très bien pu sortir tout droit d’une cover de Vogue avec la titraille « mediterranean-chic  : la tendance de l’été 2016 », fin vous voyez le genre. On a voyagé.

Ah, et mention spéciale pour le fait qu’eux au moins, ont su faire quelque chose potable de ce beat regaaeton (ce vieux “pou tapou-ta pou, tapou-ta pou” ), qui d’usage peut aussi tellement me les briser menu l’été venu. Oui, c’est vous qu’on regarde Magic System.

Une fiesta comme seuls les FùGùs savent la faire

Une fiesta comme seuls les FùGùs savent la faire

Une courte pause s’impose ; mais à peine le temps de remplir nos verres, que déjà débutent les très attendus La Femme, fraichement débarqués des côtes basques (ou de Paris, on ne sait plus à la fin) pour un petit try-out de leur nouvel album, dont la release est prévue pour l’automne. Mais si le set démarre au lance-pierre, les auteurs du désormais presque classique Psycho Tropical Berlin (l’album d’avant, au superbe artwork signé Elzo Durt, en passant) semblent pour l’occase un peu lents à se réchauffer le steak. En résumé, quelques nouveaux morceaux, deux trois politesses du genre « Ca Va Bruxelles? Ouééé », et puis pas grand chose d’autre. C’est cool, mais rien de foufou à l’horizon non plus. Enfin, à défaut d’autre chose, on dansera quand même sur leur  invariable beat en kick-snare kick-snare, en attendant qu’il se passe un truc spécial. Ah, et on a fait le test, « Tous, tous, tous, à Torremolinos » se cale à chaque fois à la perfection dessus.

Heureusement, de minutes en minutes, La Femme se réveille. De retour aux sources, puisant davantage dans leurs classiques du premier disque, et certainement plus en confiance, le band se lâche enfin, et du coup, le chapiteau aussi. La différence? Pas vraiment définissable, le groupe est tout simplement vraiment LA. Tout est une question de volonté. Et maintenant, c’est tout Bruxelles qui sautille sur place au son de leur unique mélange yéyé/punk/surf/new wave (biffez les mentions inutiles).

TOUS TOUS TOUS A TORREMOLINOS

TOUS TOUS TOUS A TORREMOLINOS

Sans oublier un traditionnel Sur La Planche et Anti-Taxi déchaînés bien sûr, respectivement avant et après le rappel, c’est finalement sur un son bien sirupeux et aussi langoureux que l’échange de salive du couple qui s’enroule à côté de moi que nous laissent les mecs avant de se barrer sous des nappes de reverbs. On retiendra donc deux choses de ce concert : le swag de la coupe de cheveux façon ananas peroxydé du batteur (manquait plus qu’une boule de glace vanille à côté, et le dessert était servi), et que, quand La Femme veut, elle peut.

Nicolas Nollomont.

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&En bonus, le gif du crowdsurf infini

 

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