La Vague Pa(pa)rallèle: Frank Carter, Birth Of Joy, Demob Happy – Les Paradis Artificiels
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Auteur·ice : Charles Gallet
23/03/2018

La Vague Pa(pa)rallèle: Frank Carter, Birth Of Joy, Demob Happy – Les Paradis Artificiels

Nous voila donc de retour pour un nouvel épisode de La Vague Pa(pa)rallèle et je vais une nouvelle fois trahir le ton habituel du site pour écrire cet article à la première personne. Parce qu’après tout, si l’article parle de musique (on est ici pour ça non ?), il parle aussi beaucoup de mon père et de ses réactions un peu magiques en concert.

Cette semaine marque le retour dans la métropole lilloise du festival itinérant Les Paradis Artificiels. L’occasion idéale si il en est pour emmener mon père voir des artistes qu’il apprécie, comme Barbagallo ou Eddy de Pretto, mais aussi de lui faire découvrir des performances auxquelles il ne s’attend pas forcément avec en ligne de mire The Soft Moon, Rejjie Snow ou, celui qui nous intéresse aujourd’hui, Frank Carter & The Rattlesnakes.

Demob Happy, Les Paradis Artificiels, le Splendid, 12 mars 2018

Le rendez-vous était donc pris ce lundi soir au Splendid de Lille pour la première date de la semaine avec Frank Carter mais aussi Birth Of Joy et Demob Happy. Une soirée placée sur l’égide du gros rock qui tache et qui nous donnera encore une fois à voir son défilé de perfectos, de chemises à carreaux et de bonnets dans une ambiance so british.

Il y a deux choses à savoir sur mon père si vous le croisez à un concert. La première, c’est que c’est une personne très (très) sociable. En un sens, il est un peu comme un enfant, si on s’éloigne de lui 5 minutes, on le retrouvera en train de discuter avec n’importe qui. Un vrai môme donc, à deux différences près : il fume comme un pompier (et prend un malin plaisir à aller s’en griller une dès que les lumières se rallument plus de 2 minutes) et il y a peu de risques qu’il se voie proposer des bonbons par un vieil homme en imper (quoi que, ça a failli arriver lors du passage de La Femme au Brussels Summer Festival).

La deuxième chose à savoir à son sujet, c’est qu’il a une façon bien à lui de résumer un concert en peu de mots, et son analyse est toujours pertinente. Celle d’hier se résume ainsi “ C’était pas un concert fait pour rester assis” .

Et à le voir se lever d’un bond dès qu’ont résonné les premières notes de Demob Happy (on offre un cadeau à qui peut nous expliquer le nom du groupe), on ne peut en effet que lui donner raison. Si on est face à un groupe anglais, le son se fait pourtant bien puissant dès le départ. Plus proche d’un Queens Of The Stone Age période Rated R que des Beatles, le trio de Newcastle nous attrape par le col dès le début du concert.

Si Matthew Marcantonio, bassiste et chanteur du groupe, ironise sur le relatif calme de la foule, il va au fur et à mesure du show emporter tout le monde avec lui au cours d’un set court, environ 30 minutes, mais aussi intense que bien tassé. C’est fort, c’est gras, ça fait du bien. C’était la première date du groupe en France et il est certains qu’on checkera avec plaisir leur prochain passage dans nos contrées.

Birth of Joy, Les Paradis Artificiels, le Splendid, 12 mars 2018

 C’est qu’il frappe fort le batteur“. A nouveau, comment ne pas être d’accord avec cette analyse aussi succinte que pleine de bon sens ?! Là où nos avis divergent par contre, c’est que pour moi c’est surtout Birth Of Joy qui tape fort. Les Néerlandais, venus nous voir avec sous le bras un nouvel album Hyper Focus, l’étaient justement en ce lundi soir. Concentrés à nous offrir le meilleur show possible, même si le set fut réduit. La guitare, le chant, la batterie et l’orgue, tout était au diapason pour nous délivrer une performance intense, où l’on naviguait entre le stoner rock et le psychédélisme. Un délice pour les oreilles qu’on aurait apprécié un peu plus long, mais ne faisons pas la fine bouche tant la performance du trio nous a enthousiasmé. On les retrouvera vite, la formation ayant l’habitude de tourner assez fréquemment en France.

Frank Carter & The Rattlesnakes, Les Paradis Artificiels, le Splendid, 12 mars 2018

Il est 22h20 lorsque le grand moment de la soirée arrive et que Frank Carter & The Rattlesnakes débarque devant nous. On connaissait leur réputation de bête de scène mais il est tout de même difficile de résumer le concert des Anglais. Là encore, l’analyse de mon père vaudra sans doute toutes les dissertations du monde : “C’est quand même un sacré fou furieux”. Et à voir Frank Carter se jeter, un sourire goguenard aux lèvres, vers la crash barrière, faire paniquer la sécurité dès la première chanson pour finir par faire le poirier (si si, on vous assure) au milieu de la foule, on se dit que le mec est effectivement un peu fou, ou alors juste un performer de génie.

Car si on aura du mal à apprécier son t-shirt (Gucci), sa performance et celle de son groupe ne méritent, elles, aucune contestation. Intense, puissante, si la musique des Anglais n’est pas forcément celle qu’on écoutera chez nous, elle est de celles qui prennent une dimension assez hallucinante sur scène, qui habitent et font vibrer. Carter, tatoué de partout, s’amuse à jouer de son côté punk crétin, ses nombreux crachats finissant par recouvrir facilement la moitié de la scène, et n’oublie pas de remercier à plusieurs reprises toutes les personnes, des autres groupes au catering, qui ont travaillé à l’élaboration de cette soirée. Un respect bienvenu, couplé à un discours à la fois militant et vrai, qui n’était pas pour nous déplaire. S’il a fini le set par l’un de ses tubes, I Hate You, on est quasiment sûr que Frank Carter et son groupe The Rattlesnakes ont aimé toutes les personnes présentes ce soir-là.

Frank Carter & The Rattlesnakes, Les Paradis Artificiels, le Splendid, 12 mars 2018

Les trois groupes à l’affiche ont donc mis la barre très très haut et offert un lancement haut de gamme aux Paradis Artificiels. La semaine ne fait que commencer et on est certains que d’autres performances vont nous retourner avec notamment en ligne de mire Eddy De Pretto, Lewis Ofman ou encore VALD, mais pour ce premier soir, je laisserais le mot de la fin à mon père : “ il faudrait vraiment que j’apprenne l’anglais, parce que je comprends jamais rien à ce qu’ils disent entre les chansons… ni pendant, d’ailleurs“.

Crédit Photo : David Tabary pour Dans Ton Concert

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