Leçon de guitare avec Kurt Vile
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Auteur·ice : Corentin Souquet-Besson
23/11/2015

Leçon de guitare avec Kurt Vile

Samedi soir, Kurt Vile donnait un concert en compagnie des Violators (le groupe qui l’accompagne sur scène) à l’Epicerie Moderne (~Lyon).

Les premières conséquences de ce vendredi 13 funestes me sautent au visage, on me demande d’ouvrir ma veste et une fouille minutieuse est faite à l’entrée. A l’intérieur, tout paraît de nouveau normal. Le petit placard avec les vinyles que tout le monde aimerait posséder est là, les affiches des précédents concerts sont hissées et le stand de merchandising est déjà en place.

A peine le temps de finir ma bière que les portes s’ouvrent déjà. La salle est dans sa configuration maximale, les gradins sont déployés entièrement cette fois-ci. Après l’annulation, à mon grand désespoir, de Waxahatchee pour cause de problèmes de santé lui affectant la voix, c’est Lushes qui assure la première partie. La formation est réduite : un duo guitare/voix et batterie/synthé. Le chanteur remercie le public d’être là en ces temps moroses, ce n’est pas facile pour eux d’être sur scène et encore moins pour nous. Ses pensées se tournent vers toutes les victimes. « We’re keep on going», précédera une salve d’applaudissement.

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Le set dure une trentaine de minutes. La grosse caisse de la batterie est tellement forte que les vibrations engendrées sur le sol de la scène manquent de faire tomber mon verre à plusieurs reprises. L’ambiance est au grunge des années 90′. Il est facile de penser à Nirvana face à cette atmosphère noire nous entourant. Le contraste avec la tête de bébé que fait le chanteur entre les chansons est saisissant. Tu sais, le genre de bébé qu’on adore prendre dans ses bras, sauf que dès que ce bébé se met à jouer de la guitare … T’as plus envie de le fuir que de lui faire des câlins. Un passage dans le public par le leader fera son effet. Il descend dans la foule avec sa guitare sur un morceau plus entraînant, les gens dansent avec lui, ça marche. Mention spéciale à la version live de Feastin, dernier titre du set qui durera une dizaine de minutes.

L’alternance entre moments intenses et plus aériens fonctionnent à merveille sur la durée de celui-ci. Avec leurs deux albums au compteur, Lushes ne sont pas les derniers venus et cela se ressent sur scène. Bien que par instants, la pertinence du live s’égratigne à la suite de passages moins cohérents, la globalité de celui-ci laisse penser qu’ils ont quelque chose à faire dans le paysage musical.

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22 heures pétantes, Kurt Vile and The Violators font leur entrée devant une salle quasi-complète. Ses longues bouclettes caractéristiques sont encore plus impressionnantes en vrai. Le show commence avec Dust Bunnies, qui servira de tour de chauffe, les musiciens prennent leurs marques et mettent leurs riffs en place. Le son du micro est sous-dosé, on ne l’entend que très peu ou mal. Le souci sera heureusement réglé après quelques chansons.

Place à un peu de country avec le banjo d’I’m An Outlaw. Les quatre hommes nous servent un morceau bien rôdé et Kurt Vile semble se cacher derrière sa chevelure, comme pour se protéger, en plus d’utiliser son instrument comme premier rempart. C’est un peu frustrant, il partagera tout au long du concert, plus avec son instruments et les pédales à ses pieds qu’avec le public. Cela n’entachant pas ses qualités exceptionnelles de guitariste.

Le son s’arrangera après Dust Bunniesoù le niveau des riffs montera d’un cran. On est parti pour en prendre plein les yeux de ce côté. Il enchaîne avec That’s Life, tho (almost hate to say), premier morceau qu’il jouera à la guitare acoustique. L’intensité baisse d’un cran ce qui permet d’entendre enfin le chanteur. Son ton nonchalant est enfin perceptible. Je m’ennuie sur celle-ci.

Durant le concert, les musiciens l’accompagnant alternent aux instruments. Le guitariste devient bassiste, le bassiste passe guitariste, le bassiste revient au synthé, l’autre au saxophone. C’est agréable d’avoir devant soit un ballet visuel et auditif de haute compétition.

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Le groupe enchaîne avec la ballade Weelhouse, ils ne sont plus que trois sur scène, le bassiste s’étant évaporé. La langueur présente sur le morceau d’avant est toujours présente sur le début de ce titre. Kurt Vile partage beaucoup trop avec son instrument qu’il maîtrise à la perfection mais cela l’empêche de donner de sa personne. Ce qui, vu le bonhomme, est frustrant. Le bassiste les rejoindra sur la fin et le morceau prendra son envol, un envol en toute musicalité.

L’artiste se retrouve seul sur scène pour deux morceaux. C’est une sublime version acoustique de Dead Alive que l’on découvrira. Comme sur la plupart des morceaux, la guitare semble tenir le rôle principal. La voix accompagne le morceau plus qu’elle n’est mise en avant.Stand Inside, morceau toujours à l’acoustique, suivra. On entend désormais la voix parfaitement. L’émotion du morceau m’atteint difficilement, Kurt est trop dans sa bulle et le nez dans ses pédales  pour qu’elle puisse m’atteindre.

Le retour de ses acolytes se fait avec le titre KV Crimes et le concert décolle un peu plus. Le son est plus puissant et électrique,Kurt Vile se lâche plus. On a droit à des levers de jambes sur des riffs de guitare d’une virtuosité peu commune. Wakin On A Pretty Day et le set décolle vraiment. Le morceau est long, une dizaine de minutes et sa construction sur la longueur permet au public de vivre le crescendo avec le groupe. La distorsion sur la guitare acoustique et son utilisation est fascinante de maîtrise. La longue fin instrumentale permet de se rendre compte, si ce n’était pas déjà le cas, du talent pur de tous les musiciens : du batteur qui tient la baraque dignement, aux multi-instrumentistes qui l’accompagnent et de Kurt Vile qui nous fait une réelle leçon de guitare ce soir. Le concert prend une tournure plus forte, le public répond présent.

S’en suit Jesus Fever, la foule continue sa frénésie même si le format plus court du titre ne permet pas l’envol de ce dernier. Wild Imagination et son calme s’immiscent. Ma pensée se tourne vers Angus Stone. C’est le morceau le plus touchant du concert. Cette fois Kurt Vile se livre, on aperçoit leKurt qui se cache derrière ses cheveux et l’on apprécie. Une belle réussite.

And I’m afraid that I am feeling much too many feelings

Le frénétiqueFreak Train clôture le set de la plus belle des manières. Les guitares sont torturées et le rythme effréné. Ce sera le meilleur morceau de la soirée. Kurt Vile continue de donner plus et cela se répercute sur le public. Ça bouge pas mal autour de moi. Les longues minutes instrumentales de fin seront le théâtre de l’immense habileté qu’ont les musiciens avec leurs instruments. Ce soir, ça joue !

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En guise de rappel ça seraHeartAttacket Hunchback. Deux formats longs où les instruments seront la pièce centrale de la scène. Des titres étendus, un saxophone qui refait son apparition. La montée en puissance tardive du concert continue son escalade. Une belle ovation termine la soirée.

En somme, Kurt Vile possède un talent de guitariste incroyablement fascinant de facilité. Les morceaux sont allongés pour coller à l’ambiance du concert. Ses musiciens sont aussi au niveau, ça joue de la belle musique. Malheureusement il se cache un peu trop derrière son instrument et parfois la voix ne suit pas, ce qui met la guitare au premier plan. Ses cheveux constamment devant son visage donnent l’impression qu’il cherche à se protéger, créant une bulle autour de lui. Bulle trop présente lors de la première partie un peu en dilettante. La deuxième phase du concert fut plus performante, avec un Kurt Vile qui s’est fait moins timide et des morceaux qui en live prennent l’espace de la salle. Les riffs résonnent encore dans ma tête.

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