Oh Mu, guerrier.e musical.e
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Auteur·ice : Charles Gallet
30/10/2018

Oh Mu, guerrier.e musical.e

Une rencontre, comme un choc. Lorsqu’on a découvert Oh Mu en première partie de Bagarre, plus qu’un choc, c’est un parpaing qu’on s’est pris en pleine tête. Pourtant assez éloigné.e de notre univers, iel nous a marqué par cette façon de se mettre à nu et cette absence de filtre. On s’est donc plongé dans Le Feu et aujourd’hui c’est avec un nouvel EP qu’iel revient se plaçant définitivement en guerrier.e musical.e.

Petite précision avant de parler de musique : non, il n’y a pas d’erreur dans cet article. Oui, l’écriture inclusive est parfaitement assumée lorsqu’il s’agit de parler de Oh Mu. Parce qu’iel se définit en dehors des cases de genre et qu’on avait envie de respecter ça. C’est aussi pour nous une manière de défendre une certaine idée de la vie faite d’acceptation, à l’heure où les actualités, que ce soit le recul des libertés envisagé par Donald Trump aux États-Unis ou les débats stupides et rétrogrades sur la PMA en France, nous donnent de plus en plus la nausée.

Ceci étant dit, et après cette petite parenthèse politique, revenons à ce qui nous intéresse ici : la musique. Mais avant, partons dans une nouvelle divagation. Dans un monde parallèle, Oh Mu serait un.e super héros.ine. Caché.e derrière l’identité d’Estelle Marchi, c’est sous les traits d’Oh Mu et armé de son synthé et son ordinateur qu’iel partirait à l’action. L’objectif : latter à grand coups de beats et de textes acérés les dérives d’une société qui périclite. Bien loin de l’anormalité et de la marginalité dans laquelle beaucoup voudraient la voir cloisonnée, c’est en personnage bien de son époque qu’Oh Mu brille de mille feux.

Cet EP c’est un peu une aventure, un chemin vers l’acceptation de soi, une balade de l’obscurité vers la lumière et des terrains plus apaisés. Car oui, iel est en colère et a beaucoup de choses à dire mais toujours avec classe, ne délaissant jamais le fond pour la forme, et inversement.

Celles et ceux qui ont déjà eu l’occasion de se prendre une claque en live ne seront pas surpris, la plupart des titres qui composent ce nouvel effort était déjà présents dans les setlists d’Oh Mu. On commence ainsi le voyage avec La Nuit Au Matin. Une sensation étrange nous entoure jusqu’à l’arrivée de cette voix, directe, frondeuse, presque violente. Avec des mots simples mais qui restent poétiques, Oh Mu nous embarque dans son univers, grattant le vernis d’une société trop propre, soulevant le tapis du monde pour montrer la poussière.

Iel parle de la jeunesse, de ses soucis et de son manque de force. Ce n’est pas un constant pessimiste mais bien une invitation à la révolte et celle-ci continue avec Jeunes Oubliés. La force de ses chansons vient dès l’introduction qui nous embarque et marque le tempo : une ambiance stressante et inquiétante sur La Nuit Au Matin, un son de yodel, clin d’oeil d’Oh Mu à ses origines suisses, sur SageSage justement, qui n’a de sage que le nom, se place en morceau central de l’EP et en est surement la pièce la plus importante. Véritable uppercut à la fois sonore et sociétal, Oh Mu y développe son aversion bien fondée pour une partie de la gent masculine qui ne peut s’empêcher de toujours trouver à redire sur les femmes. Une charge frontale contre la masculinité toxique et une chanson qui pourrait facilement devenir, on l’espère, un étendard féministe à la manière du Diamant de Bagarre dont iel est proche et se rapproche fortement dans sa manière d’évoquer la société en l’emmenant vers le dancefloor.

Mais cette capacité de résilience, ce combat constant pour l’acceptation de soi et pour l’explosion d’une normalité qui n’existe que dans les fantasmes de la bien-pensance peut aussi avoir une face lumineuse. Elle trouve son expression dans Garçon sirène, où iel évoque la part féminine présente en chaque homme et qui ne demande qu’à s’exprimer si on la laisse faire. Stella, morceau instrumental et apaisé, clôture cet EP et ce voyage en douceur. Car après tous ces combats, Oh Mu le/la guerrier.e a bien besoin de se reposer, le regard vers l’horizon, de nouvelles aventures à venir.

Avec cet EP éponyme, Oh Mu choque, Oh Mu questionne, Oh Mu interroge. Avec une attitude aussi frontale, iel divisera sans doute, mais c’est un mal nécessaire tant ce qu’iel propose transpire la sincérité et la vérité. Le genre d’EP qui marquera sans aucun doute chaque auditeur et chaque auditrice.

 

Photo : Hélène Tchen

A l’occasion de la sortie de l’EP, on vous fait gagner un vinyle dédicacé de Oh Mu. Pour ça, on vous donne rendez vous sur nos pages Facebook et Instagram.

 

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