Cavernes, le nouvel album de Perez
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Auteur·ice : Charles Gallet
08/02/2018

Cavernes, le nouvel album de Perez

Faire sa mue : Renouvellement partiel ou total de la peau, des poils ou des plumes d’un animal sous l’influence de la croissance, de l’âge et des conditions du milieu. Dans le cas de Perez, cette mue pouvait se sentir, presque palpable. Si son premier album Saltos était essentiellement pop, on pouvait voir par touches ses pulsions électroniques. Ce changement, le Bordelais l’a balisé en fin d’année dernière en présentant un EP, Le Dernier Tube de L’été, qui introduisant sa nouvelle peau, plus électronique, plus house. Une façon de nous préparer à la tempête Cavernes.

Il aura donc réussi à nous avoir à nouveau, trois ans après Saltos, Perez nous fait une nouvelle fois tomber amoureux de sa musique. Comme un homme qui s’y connait en romance, et en son, il sait que pour durer, il faut surprendre, changer, évoluer. Ce changement, il sera sonore. Bye bye la pop, bonjour l’électro. Mais attention, plutôt que de s’enfermer dans un style, il choisit de développer une palette variée, se protégeant de tout ennui. Navigant entre la techno froide, austère de Une Nuit  en passant par la house tubesque  et dansante de Cerveau tout en déviant parfois vers une chanson française éclatée et bizarroïde sur La Salle De Bain ou Nevada,  chaque chanson qui compose Cavernes est un territoire inexploré, qui nous maltraite parfois autant qu’elle nous fait du bien, qui nous réjouit toujours. On passe de la caresse à la claque, de la transe à la danse. Comme pour une peinture qui de loin semble homogène, voire simple, et qui sous notre nez révèle un pointillisme, une précision de chaque instant.

Si Perez a transformé sa forme, le fond, lui, n’a pas bougé. Car la véritable colonne vertébrale du son Perez, c’est bien son écriture. Il s’amuse avec les mots, avec les structures, les incorpore et les malaxe pour que l’un fasse raisonner l’autre. La aussi, il ne se contente pas d’un style mais joue avec tous. Que ce soit quand il utilise les mots comme des mantras pour amener à l’hypnose sur Niki, ou qu’il nous balance un texte littéral absolument fou de plus 8 minutes sur l’impressionnante Le Looping, Perez joue, bricole, invente, comme un enfant dans son monde intérieur où les règles extérieures n’existent pas. Rien n’est fixe, rien n’est défini, tout est à faire. Sa musique, et ses textes deviennent ainsi un territoire de jeu jouissif pour un bonhomme qui n’a définitivement peur de rien. Certaines chansons pourraient ainsi jouer le rôle de double maléfique de certaines pièces de Saltos. Les faces déviantes d’une même pièce. Le Dernier Tube De L’été entre ainsi étrangement en raisonnance avec Les Vacances Continuent, de la même manière qu’une Autre Fois le fait avec Le Looping.

Mais la véritable pièce maitresse de l’album, la pépite absolue et inattendue, se nomme Candy. Véritable film d’horreur, qu’on pourrait rapprocher d’une version musicale d’Hard Candy, Perez se met en scène, torturé par une folle qui semble être portée par une mission divine : débarrasser la terre des chanteurs de pop. A la fois, drôle, malaisante, puissante et parfois martiale, Candy est une déflagration musicale, parfaitement écrite et composée, qui nous fait passer par tous les états possibles. Le genre de chanson qui fait basculer un album de bon à grandiose et qui marque clairement l’auditeur. Bref un tube dans ce qu’il a de plus direct et inattendu.

Qu’on se le dise, Perez n’est définitivement pas un homme des cavernes. Moderne, puissant, varié, aussi accessible qu’il peut être radical, Cavernes est le genre d’album qui marque. Si vous aimiez déjà Perez, vous ne l’aimerez que plus. Si vous le découvrez, préparez-vous, le voyage risque de vous bousculer, vous mettra surement mal à l’aise, mais si vous le laissez se diffuser en vous, il mènera clairement à l’addiction. On vous aura prévenu.

Crédit Photo: Camille Vivier

Live

  • 16 février : La Cave Aux Poètes (Roubaix)
  • 8 mars : Badaboum (Paris) – RELEASE PARTY
  • 10 mars : iBoat (Bordeaux)
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