Petit Fantôme plane sur Paris
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Auteur·ice : Paul Mougeot
08/10/2017

Petit Fantôme plane sur Paris

Après avoir parcouru les routes de France cet été et gratifié le public des plus beaux festivals de prestations savoureuses, il était plus que temps pour Petit Fantôme de s’accorder le plaisir de briguer la tête d’affiche d’une jolie salle parisienne. C’est donc le 5 octobre, à la veille de la sortie de son premier album, Un Mouvement Pour Le Vent, que nous avons retrouvé Petit Fantôme, l’alias musical de Pierre Loustaunau, au Point Ephémère.

C’est à Bumby qu’est revenu l’honneur d’ouvrir la soirée. On doit bien l’admettre : Bumby, on ne connaît pas. Renseignements pris sur la terrasse, il pourrait s’agir, selon les sons de cloche, du délire techno d’un trublion encore méconnu, ou de l’oeuvre éclectique d’une formation aux contours mal définis, qui comprendrait 8 ou 9 membres. C’est donc peu dire que l’on ne sait pas bien où l’on met les pieds au moment de pénétrer dans la salle de concert du Point Eph’. La salle est presque déserte lorsque les lumières s’éteignent, à 20h30. Ce sont finalement trois énergumènes qui s’avancent sur scène, capuchon baissé pour Théo, le chanteur, concentration de mise pour Romain à la basse et Adrien au saxophone. Instinctivement, on aurait tendance à situer l’esthétique de cet improbable trio quelque part entre Jacques et Salut c’est cool, mais ce grand échalas dégingandé et ses deux acolytes s’attachent rapidement à nous faire mentir : après deux titres qui mêlent prods électroniques et douceurs distillées au piano et au saxophone, Théo revendique un “brouillage de pistes”. Le groupe donne alors dans une pop légère et touchante, agréablement portée par la figure de Théo, dont la délicatesse donne à l’ensemble tout son relief. Entre temps, la salle s’est remplie, et le dernier titre du groupe la fait virevolter pour la première fois de la soirée. Bumby s’éclipse ainsi sur cette promesse convaincante, qui ne demande qu’à être tenue dans les prochains mois.

Pour Petit Fantôme, l’occasion est trop belle. Une salle intimiste mais pleine comme un oeuf, un public prêt à se délecter de ce qu’on a à lui donner, un superbe album à paraître le lendemain. Le concert commence in medias res par les rythmes alambiqués et les échos dissonants de Je m’abîme. En incruste à la fin du morceau, Petit Fantôme entonne l’obsédante incantation de Peio, aimable réminiscence des premières amours entre l’artiste et son public qui s’est immédiatement transformée en un joli moment de complicité entre les deux. La scénographie est minimale : quelques rayons bleus viennent, tout au plus, percuter les cymbales à mesure que le batteur donne le rythme. Mais l’essentiel est ailleurs. La soirée est véritablement lancée à l’instant où les banderilles stridentes de l’intro de Easy Come Easy Go rebondissent sur les murs du Point Ephémère, emportant toute l’assistance sur leur passage. L’euphorie est palpable et les voix du public se joignent rapidement aux harmonies de Petit Fantôme et de ses musiciens. Les prises de paroles maladroites de Pierre ne font que conforter la proximité sincère qui s’instaure alors entre la scène et la salle. Le reste du set est mené d’une main de maître, le groupe égrenant un savant mélange d’anciens titres (Aitatxi, Couvre-moi…) auxquels le public répond d’un indéfectible enthousiasme, et de morceaux issus d’Un Mouvement Pour Le Vent, qui suscitent immédiatement la curiosité (Ne nous lâchons plus, Libérations terribles…). Le concert se termine à 22h22, alors que les dernières notes de Tu ressembles à l’orage viennent d’éclater aux oreilles d’un public survolté par l’outro du morceau, qui a brillamment su faire monter la pression. Petit Fantôme disparaît sur ces entrefaites.

Le rappel débute par une magnifique performance de Quelque chose a eu lieu, comme pour entériner l’alchimie qui opérait hier soir au Point Ephémère. Petit Fantôme ravit la salle une dernière fois par les accords envoûtants de Peio, sur lesquels sa voix connaît ses ultimes envolées. Peu avant 23h, la salle se vide comme elle s’était remplie : lentement, avec douceur, alors que le groupe exécute une version hypnotisante de Game Over devant un public rendu captif par les lumières qui se sont rallumées dans cette ambiance feutrée.

Finalement, l’occasion n’était pas trop belle. Elle était simplement belle. Comme la soirée toute entière.

Setlist

  1. Je m’abîme
  2. L.
  3. Dans le vent
  4. Easy Come Easy Go
  5. Libérations terribles
  6. Teahupoo
  7. Ne nous lâchons plus
  8. Comment vous atteindre
  9. Aitatxi
  10. Couvre-moi
  11. Tu ressembles à l’orage
  12. Quelque chose a eu lieu
  13. Elle s’abîme
  14. Peio
  15. Game over
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