Pop Factory Jour 2 : Paprika Kinski, Thousand, Clara Luciani
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Auteur·ice : Charles Gallet
17/11/2018

Pop Factory Jour 2 : Paprika Kinski, Thousand, Clara Luciani

On continue notre petite ballade dans la pop à la française avec le jour 2 du Pop Factory. Toujours à la condition publique, hier soir c’était au tour de Paprika Kinski, Thousand et Clara Luciani.

Paprika Kinski

On aura souffert pour réussir à rejoindre ce second jour du Pop Factory. Souffert sur les routes avec des bouchons assez handicapants qui nous auront privé d’une bonne partie du show de la Lilloise. Souffert dans notre chair, aussi, puisque la personne avec qui on est parti au concert s’est amusé à rajouter aux bouchons la bande originale de A Star Is Born et un album de Imagine Dragons. C’est donc soulagé et les oreilles un peu blessées qu’on s’est dirigé vers la Condition Publique afin d’assister aux trois dernières chansons de Paprika Kinski. Lorsqu’on arrive, la jeune femme et son groupe, qui revenait d’une grosse tournée au Mexique, présente ses deux musiciens avant de balancer dans un sourire “les regardez pas trop, je me tape les deux”. C’est un peu ça, Paprika Kinski : une esthétique, un groove et surtout une bonne dose d’humour. Quelque chose d’aussi lumineux que son pull du soir et d’automatiquement contagieux, que ce soit dans sa musique ou sa présence sur scène. C’est donc très clairement frustré qu’on a assisté à la fin de son set qui semblait assez réjouissant et c’est avec une promesse qu’on accompagne le retour des lumières : la prochaine fois, Paprika, toi et nous, ça sera du début à la fin.

 

Thousand

La découverte de ce vendredi soir et probablement du week-end. On connaissait peu Thousand, les présentations sont désormais faites. Il y a quelque chose de beau dans la musique du quatuor, quelque chose d’élégant qui flatte directement les oreilles, et il y avait aussi quelque chose d’assez évident dans cette musique à la fois solaire et mélancolique, qui nous a touché de la première à la dernière note. Quelque chose de notre époque, qui fluctue, qui évolue et qui tout simplement vit en live. Celui ce soit La vie de mes soeurs et sa punchline absolument improbable (“je jure sur la tête de Robert Ménard”… une invitation au mensonge, en quelque sorte), Le Nombre de La Bête ou encore La nuit des plus beaux jours de ta vie, chacune des chansons est une invitation au voyage et à l’évasion. On écoute et on sourit, on s’envole et on vit l’instant. Un beau moment de live, habité et attrayant, le genre de concerts qu’on aimerait tout simplement vivre plus souvent. L’album de Thousand s’appelle Tunnel Végétal et le traverser, c’est découvrir un univers unique, proche du rap par moment mais jamais loin du rock, un univers de lumières et d’ombres mouvantes où l’on avance à tâtons, guidé par une musique qui nous berce et nous emporte avec elle. Après ces 45 minutes tout en éclat et en délicatesse, on ne peut que vous dire une chose : allez voir Thousand en live.

 

Clara Luciani

Elle en a fait, du chemin. On la suit depuis ses débuts et son premier EP aussi intime qu’universel qui a posé les bases d’un univers dans lequel on s’est plongé depuis longtemps déjà. Passée de découverte à révélation de la nouvelle chanson française, Clara Luciani est désormais dans presque toutes les oreilles et dans toutes les playlists. C’est donc une jeune femme bien plus sûre d’elle qui s’est présentée face à nous : bien loin de l’émotion brute et de la fragilité affichées lors de sa prestation sensible à Solidays, c’est une véritable performeuse qu’on a découverte. Bien accompagnée de quatre musiciens géniaux, c’est sous les applaudissements nourris d’un public tout acquis à sa cause qu’elle a déroulé les nombreux tubes de son premier album Sainte Victoire. On aura toujours autant de frissons à l’écoute de Drôle d’époque, jouée seule à la guitare, ou sur le piano-voix tout en simplicité qu’est Dors. On aimera toujours aussi le groove de sa reprise de Metronomy, La Baie, et cette basse assez dingue qui guidera aussi son hit La Grenade. Mais c’est dans les recoins les plus sombres de sa discographie qu’on aime se loger, là ou la fragilité revient et qu’explose cette sincérité qui semble manquer par moments dans un set assez carré. Ainsi, l’incroyable et brutale À Crever nous marquera toujours autant, sur le fil d’une émotion toujours prête à exploser ; ce fil ténu qui se tend aussi sur Les Fleurs, qui gagne encore plus en épique sur son live, ou sur Monstre D’Amour. Tous les ingrédients étaient donc là, le public, des musiciens excellents et une voix toujours aussi belle, auxquels se sont greffés des inédits bienvenus. On n’en doutait pas vraiment, mais on en a eu la confirmation : Clara Luciani est devenue grande.

 

Photos : David Tabary pour Dans Ton Concert.