Rag’n’Bone Man au Zénith de Paris : human after all ?
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Auteur·ice : Adrien Amiot
09/11/2017

Rag’n’Bone Man au Zénith de Paris : human after all ?

Vingt-et-une heure quinze précise. Rag’n’Bone Man foule la scène d’un Zénith de Paris presque complet, casquette vissée sur la tête. Cet imposant barbu de presque deux mètres incarne le renouveau de la soul anglaise : plus de cinq cents millions de vues sur Youtube et les prestigieux prix Critics’ Choice Award et Révélation britannique de l’année aux Brit Awards. Le show sera cadré : une heure trente de musique, ni plus ni moins, où s’enchainent tubes, nouvelles chansons et vieilles pépites de ses premiers EP (Wolves, Disfigured, Put That Soul On Me). Le soulman de Brighton a ainsi donné le 31 octobre un show classe mais classique ; efficace mais, il faut le dire, terriblement prévisible.

Rag’n’Bone Man est un homme très chaleureux. Le genre d’artiste qui transmet la bonne humeur par sa simple présence, qui transpire de bonhomie dès qu’il déploie toute la richesse de son groove. Quand il chante justement, une sorte d’onde se crée au dessus de la scène ; elle se propage dans les rangs des cinq mille personnes présentes et, au fil des morceaux, conquiert assurément les coeurs les plus réticents qui – comme moi – doutaient un peu de sa capacité à tenir une si grosse scène. Sa sympathie fut ainsi le principal atout du show, une chaleur humaine simple et communicative, exactement ce qu’on espérait en cette fraiche soirée d’automne : voilà sa force, une sincérité à toute épreuve. Le show souffre cependant de faiblesses notables. Sur scène, Rag’n’Bone Man ne laisse de place à aucune forme de folie. Aucune prise de risque, aucune interaction avec le public, aucune surprise. Les parties vocales du colosse restent dans sa zone de confort, sans jamais rien expérimenter d’autre que ses (très belles) mélodies. Tout est calculé, voire raccourci : les morceaux s’enchaînent sans prendre le temps d’aucun développement. Le crooner campe dans deux mètres carré de scène, vissé à son micro. On notera néanmoins la version révisée du très attendu Human qui, en plus de s’être enrichi harmoniquement pour le live, est agrémentée d’une partie rappée assez surprenante. L’autre immense succès Skin bénéficie aussi d’un traitement spécial : un piano-voix particulièrement touchant, sûrement le meilleur moment de communion de la soirée.

Un concert de qualité donc, porté par un remarquable band (la section de cuivre était particulièrement efficace) et un frontman emphatique, miné cependant par une machinerie bien trop verrouillée. Ce qui aurait du transformer l’essai populaire en reconnaissance durable fut au final une démonstration qui, bien que d’un professionnalisme sans faille, nous est apparu comme un show millimétré (quatre-vingt-dix minutes pile !) un peu sans saveur. On retiendra quand même une image : l’ovation de plusieurs minutes que lui a réservé le public parisien après l’excellent Perfume et le bonheur authentique dans les yeux de l’homme de la soirée. Au vu de la fructueuse carrière menée jusqu’à aujourd’hui, c’est amplement mérité. Human after all ?

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