Rencontre avec Beyond the Wizards Sleeve
"
Auteur·ice : Jakob Rajky
07/07/2016

Rencontre avec Beyond the Wizards Sleeve

C’est à l’hôtel Alba dans le 9ème arrondissement que j’ai rencontré Richard Norris et Erol Alkan, qui forment Beyond the Wizards Sleeve, pour la sortie de leur deuxième (et premier vrai) album, The Soft Bounce. Un album sans queue ni tête mais qui après la deuxième écoute finit, comme une évidence, par prendre sens. Ark 1, leur premier album, fait de samplings remixés dans un pur style avantgarde/collage était en fait une ôde aux morceaux oubliés du rock sur Electric Bananas ou à un célébre jardinier anglais sur Winter in June. 10 ans ont passé, et leur vision originelle est toujours intacte. Seulement, exit le sampling, les deux hommes nous servent un album aussi profond et introspectif que le premier, mais self-made cette fois.

Un album réussi donc, qui se termine à des lieues de l’endroit où il a commencé. Un périple sous forme de trip voguant de la pop lumineuse au post-rock le plus sombre, surfant sur des notes d’espoir pour finalement s’échouer dans un chaos salvateur. On retient l’exaltant morceau d’ouverture Delicious Light,  teintée de synthés oniriques. Iron Age, morceau le plus obscur et le plus péchu du disque. Et Door to Tomorrow, ôde à l’Emily chère aux Pink Floyds. Beaucoup d’univers représentés par autant d’invités : Blaine Harrison des Mystery Jets, Jane Weaver qui gère le label Bird, Holly Miranda et Hannah Peel, irlandaise expérimentatrice.

Quand on leur demande pourquoi l’album paraît si bordélique les deux amis de 10 ans nous explique : “qu’importe que vous ayez des idées bien précises de comment chaque morceau est ou doit être, vous ne pouvez vous empêcher de le triturer et le triturer encore. C’est une histoire de yin-yang, de ressenti. On voulait expérimenter dans un domaine plus… mystique. Mais c’est aussi délibéré de notre part de faire sonner chaque morceau différemment les uns des autres”.

Assez paradoxal quand à l’écoute on se rend compte que chaque fin de piste est superposée sur le début de la suivante (ou l’inverse). Encore une fois, une explication logique se dégage : “Quand j’étais jeune les disques que j’achetais étaient clean, morceau par morceau. Tu pouvais écouter uniquement les morceaux qui te plaisaient. Je pense qu’il faut faire en sorte que l’auditeur se perde, il est question de faire un enregistrement, un album”. C’est la définition même d’un album, et on pense forcément aux majors et leurs albums stériles, mais Erol Alkan a une autre interprétation du sujet : “Je ne pense pas que ce soit bien, ou mal. Je pense qu’il faut embrasser la progression de la musique et le fait qu’il n’y ait plus de limites. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière de faire un album, seulement des différentes. C’est pour cette raison que l’album s’appelle de la sorte, on voulait un paradoxe encore une fois, quelque chose de doux ne rebondit pas”.

Les deux compères font fi des règles habituelles, autant dans leur projet studio qu’en DJ set. Ne pouvant jouer leur album en live à cause de la complexité de l’instrumentalisation et donc de la configuration scénique, selon leurs propres mots, ou du trop faible nombre de leurs quatre mains, Erol Alkan nous explique qu’ils se produisent en DJ set “dans un style old school, en ne cherchant pas à faire danser les gens mais plutôt en les poussant à aller chercher au fond d’eux-mêmes”. “Un DJ set de BTWS c’est des rythmes afrobeat, sur une ligne de basse techno mêlés à des grosses guitares post rock. Mais c’est surtout comme un Mantra“.

Vous aviez dit mystique?

Les miroirs révèlent qui nous sommes en réalité, en français dans le texte, est une phrase qui introduit le clip de Diagram Girl, le morceau titre de l’album. C’est exactement la mission que s’est donnée BTWS : nous proposer un miroir, qui nous pousserait à faire face à nos propres contradictions pour, qui sait, ouvrir une porte vers demain?

Vous pouvez écouter ou acheter l’album, disponible depuis le 1er Juillet ici.

Et suivre le travail du duo par ici.

@ET-DC@eyJkeW5hbWljIjp0cnVlLCJjb250ZW50IjoiY3VzdG9tX21ldGFfY2hvaXNpcl9sYV9jb3VsZXVyX2RlX3NvdWxpZ25lbWVudCIsInNldHRpbmdzIjp7ImJlZm9yZSI6IiIsImFmdGVyIjoiIiwiZW5hYmxlX2h0bWwiOiJvZmYifX0=@