Shadow People : The Limiñanas définitivement dans la lumière
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Auteur·ice : Charles Gallet
19/01/2018

Shadow People : The Limiñanas définitivement dans la lumière

Le rock français est mort. C’est ce qu’on entend en boucle depuis le 5 décembre, juste après la disparition d’un homme qui ne faisait plus de rock’n’roll depuis très très longtemps. On ne souhaite pas vraiment être méchant avec qui que ce soit, mais le rock français n’est pas mort et ne mourra sans doute jamais. Tout simplement parce qu’il est impossible de personnifier ce qu’est le rock français, et surtout car il est, pour nous, un genre en mutation constante, qui évolue avec le temps, qui s’accroche aux branches d’un style ou d’un autre, pour évoluer, muter et grandir.

Bref, en ce début d’année 2018, le rock n’est pas mort et la preuve la plus éclatante de sa vitalité, on va en parler ici. Ça s’appelle Shadow People et c’est le nouvel album de The Limiñanas.

L’histoire de The Limiñanas est belle. Elle est aussi symptomatique de notre époque et un peu de notre pays. Comme beaucoup d’artistes, il aura fallu que le groupe réussisse hors frontières pour que la France finisse par s’intéresser à son psychédélisme léché. Ils ont beau être adoubés et vénérés par des artistes comme Franz Ferdinand ou Primal Scream, ce n’est qu’en  2016 – lors de la sortie de l’excellent Malamore  que les lumières sont passées au vert pour la conquête de leurs propres contrées.

Bien décidés à battre le fer tant qu’il est chaud, ils reviennent donc caresser nos oreilles avec leur nouvel album Shadow People.  Chapeauté par l’excellent Anton Newcombe, ce nouvel effort trace le sillon de ce qui a déjà été proposé auparavant en proposant un rock psychédélique aux influences diverses mais bien ancrées dans les années 80. On pourrait y voir des fantasmes adolescents, comme l’album qu’ils auraient rêvé de faire et de vivre lors de leur années lycéennes. C’est un peu de ça dont parle Le Premier Jour : de découverte, de boule au ventre et puis de sentiment d’insertion, d’être enfin à sa place parmi les punks et les rockeurs.

Ce nouvel album est un melting-pot d’influences qui tiennent au corps et au cœur des deux Perpignanais. L’album regorge d’ailleurs d’invités de luxe, qui posent leur empreinte sur la musique du couple. Comment ne pas se réjouir quand ils invitent une nouvelle fois Peter Hook à chatouiller sa basse sur la magnifique The Giftqui ressemble à la musique qu’on aurait aimé que New Order continue à faire. Anton Newcombe pose sa voix rocailleuse sur la puissante Istanbul is Sleepy, Emmanuelle Seigner nous cajole les oreilles sur Shadow People tandis que Bertrand Belin apporte sa poésie et sa classe de crooner sur Dimanche.

Mais définitivement, c’est quand ils ne sont qu’à deux, quand les propos se font plus personnels et quand ils chantent en français que le groupe nous séduit définitivement avec les trois derniers titres de l’album. En effet, il est impossible de ne pas tomber immédiatement sous le charme de la sublime Pink Flamingos, tout en psychédélisme et en douceur. On se laisse aussi facilement embarquer par la basse hypnotique de Trois Blancs. Enfin, De La Part Des Copains clôt l’album avec ses cuivres, son orgue et sa guitare digne des plus belles musique de films. Une manière parfaite de terminer l’histoire de ce Shadow People et une belle déclaration d’amour aux copains.

Avec ce nouvel album, The Limiñanas sortent définitivement de l’ombre et s’offrent une place dans la lumière qu’ils méritent terriblement. Ils viennent graver leur nom en gros sur la plaque du rock français  qui n’a donc jamais été aussi vivant.

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