Solidays 2018 : surprises, coups de coeur et découvertes
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Auteur·ice : Paul Mougeot
17/07/2018

Solidays 2018 : surprises, coups de coeur et découvertes

Comme la finale d’un grand tournoi sportif, la fin d’un festival est l’occasion de dresser le palmarès des meilleurs concerts et des plus beaux artistes d’un week-end. À l’occasion du vingtième anniversaire de Solidays, La Vague Parallèle partage avec vous ses coups de coeurs, ses surprises et ses découvertes live de cette édition 2018.

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La découverte : Bagarre

La découverte : Témé Tan

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Écrire pour La Vague Parallèle et n’avoir jamais vu Bagarre en concert relève quasiment du sacrilège tant les cinq Parisiens figurent parmi les chouchous de notre rédaction. C’est d’ailleurs la récente rencontre de Charles avec le groupe et sa chronique enflammée de leur dernier album qui m’ont donné envie de voir le quintette en action et d’ainsi réparer, enfin, cette impardonnable lacune.

Je ne suis pas particulièrement sensible à la musique de Bagarre dans sa version studio, mais je dois toutefois reconnaître son implacable efficacité et l’énergie contagieuse qu’elle propage à la ronde dès lors qu’elle est transposée sur scène. À la manière d’une meute organisée, agressive, méthodique, le groupe encercle son public dès la captivante entame d’Écoutez-moi et le traque pour ne le libérer qu’une fois titubant d’avoir trop dansé. D’ailleurs, Emmaï Dee, La Bête, Majnoun, Maître Clap et Mus se partagent à merveille le rôle du loup alpha, occupant tour à tour le devant de la scène au gré des morceaux. La différence avec une meute classique réside dans le sort qui est réservé à leurs proies. Car dans le public, l’effet est immédiat : les pogos, câlins, cris, chants et autres étreintes auront duré tout le temps d’une prestation qui s’achève par une aimable invitation à aller se faire voir adressée au Front National.

Positionné à 1h du matin le vendredi, c’est-à-dire sur un créneau tout à fait stratégique puisque sa réussite conditionne le reste de la soirée, le concert de Bagarre a pleinement joué son rôle en laissant repartir des festivaliers gonflés d’amour et d’énergie, deux des ingrédients indispensables pour survivre à une deuxième journée de festival aussi intense. De quoi me pousser, peut-être, probablement même, à réviser mon jugement et à laisser une autre chance à des morceaux que j’ai sans doute jugés trop hâtivement.

Tout est parti d’une rencontre alors que j’accompagnais Paul à l’interview de Témé Tan. En 10 minutes j’ai découvert un garçon simple, chaleureux et lumineux, le genre de mec qui te donne immédiatement envie d’être pote avec lui et de finir par boire des coups en parlant de musique, de cinéma ou de la vie tout simplement. De cette rencontre a donc fatalement découlé une envie : découvrir la musique de Tanguy Haesevoets (son nom à la ville).

Comme pour la rencontre, la découverte fut belle et le plaisir immédiat. Il y a quelque chose de solaire dans la musique du Belge, ça se diffuse dans l’air et ça nous entoure, ça nous enveloppe et ça crée une chaleur dans le cœur, qui donne envie de sourire, de danser et sans doute bêtement de vivre. Sur scène, il s’amuse avec ses instruments, ses machines, sa voix et son corps, le tout s’unit avec une grâce absolue qui nous emporte dans son flow de bonne humeur. Un peu à la manière de Jain, la musique de Témé Tan s’inspire de ses voyages, de ses rencontres, de sa vie, un melting-pot qui offre une musique efficace, joyeuse et hédoniste qui prête à l’évasion et à la rêverie, qui s’écoute aussi bien allongé dans l’herbe que debout sur des pieds qui refusent de s’arrêter de danser.

J’ai pourtant souvent du mal à me laisser aller à un concert d’un artiste que je connais peu et pourtant le miracle a eu lieu. En même temps, comment faire la fine bouche face à des titres aussi accrocheurs que Améthys, Menteur ou la plus récente Le Ciel en collaboration avec Le Motel.

Bref, une rencontre aussi humaine que musicale qui a ouvert la porte et le cœur vers d’autres moments comme celui-ci. Merci Témé Tan.

Le coup de coeur : Molécule

Le coup de coeur : Feu! Chatterton

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Changement d’ambiance et de registre. Avant le spectacle dantesque donné par Shaka Ponk sur la plus imposante des scènes de Solidays, Molécule a probablement livré l’une des prestations électroniques les plus abouties et les plus réussies du week-end (prends ça Mr Oizo, prends ça Vladimir Cauchemar). On avait annoncé le concert du Parisien parmi les concerts à ne pas rater lors cette édition 2018 du plus emblématique des festivals parisiens, et on n’est pas peu fier d’avoir eu le nez creux.

J’étais curieux de voir la manière dont Molécule parviendrait à faire vivre sur scène -22,7°C, l’extraordinaire album qu’il a enregistré au Groenland et qui retranscrit l’atmosphère feutrée, irréelle, parfois angoissante d’une banquise aussi magnifique qu’hostile, et je dois dire que le pari est plus que réussi. D’un projet électronique conceptuel qui flirte largement avec l’ambient, Molécule a tiré un set accrocheur aux transitions soignées, lancé à pleine vitesse sur les traces d’Âriâ, le morceau le plus dansant de l’album.

À la clé, un live impressionnant : visuellement, d’abord, grâce au quart de sphère posé derrière l’artiste et qui reflète de magnifiques visuels spatiaux, et musicalement bien sûr, avec la performance non négligeable d’avoir réussi à entraîner dans son sillon un public venu en nombre et pas nécessairement composé d’initiés.

Presque 3 mois après avoir réussi l’immense exploit de me faire revenir au Bataclan et d’avoir réussi, pendant presque 2 heures, à me faire oublier où j’étais pour simplement me laisser envahir par la musique et ce qu’elle me fait ressentir, les cinq membres de Feu! Chatterton étaient à nouveau face à moi. Bien loin de la détente et de la dissipation joyeuse affichée un peu plus tôt en interview, c’est le sérieux et le talent qui se sont imposés sur la scène de la Bagatelle. C’est aussi l’intensité, une tension presque palpable et un sentiment d’urgence et d’immédiateté qui nous ont frappé de plein fouet pendant une heure.

Un groupe de scène, un vrai, qui vous attrape dès les premières notes et ne vous relâche qu’aux dernières, un peu groggy, un peu bancal mais fatalement heureux. C’est cette sensation que nous offrent les parisiens, et aussi cette vague de classe absolue. Leur musique est comparable à de la haute couture, où les détails s’explorent et se dévoilent en live et où tout résonne et se percute avec une aisance qui nous rendrait presque jaloux. Les arrangements magnifiques des musiciens habillent avec grâce les textes poétiques d’Arthur.

Bref, avec eux, le moment est toujours unique, et on a déjà pris rendez vous aux Nuits Secrètes.

La surprise : Shaka Ponk

La surprise : Jain

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Pour l’avoir vu en live à de nombreuses reprises au cours de mon adolescence, je connaissais bien entendu l’immense potentiel spectaculaire du fameux groupe au singe mais j’avais eu le tort de le reléguer, sans doute un peu vite et à l’instar de Kyo, au rang de guilty pleasure. Si je me suis retrouvé aux premières loges du show de Sam, de Frah et de leurs comparses, c’est d’ailleurs à cause de ce que j’ai d’abord considéré comme un fâcheux hasard de planning, puisque je ne trouvais rien d’autre à aller voir à ce créneau pourtant essentiel qu’est celui du samedi en milieu de soirée. C’est peu dire, en tout cas, que je ne m’attendais pas à ériger le concert de Shaka Ponk au rang de meilleur concert de mon édition 2018 de Solidays.

Elle est loin l’époque où Goz, l’emblématique primate du groupe, défiait timidement son batteur pour un traditionnel battle de batterie qui faisait figure d’amusante distraction au milieu du concert. Car aujourd’hui, Shaka Ponk a incontestablement musclé son jeu. Le gentil chimpanzé a été remplacé par une armée de gorilles qui se livrent à une lutte titanesque à mesure que l’aspect visuel, incarné par ces immenses écrans qui diffusent continuellement de captivantes animations au service du live, a pris du poids dans les prestations du groupe.

Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est la dimension d’exutoire que revêt chaque prestation des six lascars : la douce marée humaine de Solidays s’est changée en une mer déchaînée se soulevant au rythme des tubes du groupe (I’m Picky, Wanna Get Free…) et dans laquelle Frah n’a eu de cesse de plonger. Point d’orgue de cette soirée, la superbe reprise de Smells Like Teen Spirit (l’exercice était pourtant délicat), véritable moment de communion entre le groupe et son public, est venue rappeler que Shaka Ponk est loin de n’être qu’un monstrueux groupe de scène et use de la sensualité aussi bien que des gros riffs de guitare et des lignes de basses bien lourdes.

Le concert de Shaka Ponk, époustouflant visuellement et vibrant d’une énergie incroyable, a été mon incontestable temps fort de cette vingtième édition des Solidays et il me tarde désormais de renouer avec ce vieil amour adolescent remisé trop tôt au placard. Dès le 5 novembre prochain à La Cigale ?

Ce Solidays fut très féminin pour moi. J’aurais pu parler de la fin de la malédiction Juliette Armanet, que j’ai enfin pu voir en live et qui n’a fait que confirmer tout le bien que je pensais d’elle avec un show rempli d’amour et d’humour qui prouve qu’on peut faire de la bonne variété française sans se prendre la tête et que c’est encore plus facile quand on est entouré d’excellents musiciens. J’aurais aussi pu vous parler de ma rencontre scénique avec Clara Luciani. Là non plus, point de déception tant les perles d’émotion présentes sur son album prennent encore plus d’ampleur en live et m’ont foutu les larmes aux yeux. Mais bon, il fallait faire un choix, alors pour mon concert, mon grand moment de ces 3 jours de Solidays, j’ai choisi Jain.

Il y a quelque chose de vraiment impressionnant chez la Toulousaine. Ça pourrait faire flipper d’être seule face à tant de monde, mais elle a cette façon de tenir la scène avec tellement d’aisance qu’on a l’impression de la voir partout à la fois. Au-delà de ça, elle nous propose un véritable spectacle, avec des lumières et une mise en scène impressionnantes, une interaction avec le public qui donne l’impression qu’elle s’adresse personnellement à chacun d’entre nous.

Et puis il y a ces chansons, taillées pour la scène, qui réussissent encore à nous surprendre et à ne pas nous lasser et pourtant, on les a beaucoup entendues, notamment Come ou Makeba. En live, on a l’impression de les découvrir pour la première fois. Si certains utilisent le terme de world music pour définir sa musique, je préfère pour ma part l’expression “musique globale” tant celle-ci se nourrit d’influences de différents pays, mais aussi de genre musicaux totalement différents. Et les nouvelles chansons présentées sur scène semblent continuer dans cette voie, celle de la surprise. Comme semblait l’annoncer Dynabeat il y a un an, les nouveaux morceaux présentés sur scène prouvent que la jeune femme a décidé de ne pas rester sur ses acquis et a choisi de prendre un tournant, une voie différente afin de ne pas se répéter.

Bref, Jain est une artiste, une vraie, qui ne se contente pas de son statut et offre un véritable spectacle, musical, visuel et scénique. Est-ce qu’on peut vraiment en demander plus ?

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