Qui a dit que les dimanches soirs étaient forcément synonymes de déprime ? On était à l’Aéronef dimanche dernier pour le concert de Son Lux et c’était magistral.
Un peu à la bourre, comme toujours, on arrive quelques minutes après qu’Hanna Benn ait commencé son set. La salle de l’Aéro n’est pas encore pleine mais déjà, on repère le public un peu « hipster », la jeunesse dorée de Lille est présente ce soir. Hanna Benn enchaîne les titres, tous plus aériens les uns que les autres, sa voix suave venant flotter au-dessus de son accompagnement électronique. Dans le public, les premiers rangs se resserrent et l’impatience et l’envie de voir débarquer Son Lux se font sentir.
L’entrée du trio, discrète et à l’image de ses membres, arrive enfin et déjà les premières notes de The Fool You Need résonnent. Le ton est ainsi donné, au programme ce soir : atmosphère lunaire et soirée hors-du-temps. Ce premier titre, suivi de leur très attendu Easy, chauffent la salle d’entrée de jeu en instaurant une ambiance oppressante et sensuelle grâce à leurs teintes cuivrées.
Les morceaux de Brighter Wounds (notre chronique ICI) s’enchaînent et quand on connaît le contexte dans lequel il a été écrit, l’effet n’en est que plus fort. L’écriture de l’album a en effet été entourée par le décès du meilleur ami de Ryan Lott et par la naissance de son premier enfant. Mais la musique est le meilleur des exutoires et Ryan nous le prouve une fois de plus ici. Le chanteur, transcendé et vivant chaque morceau avec une intensité et puissance folles, nous a transmis une émotion presque palpable tout au long de la soirée en nous balançant en pleine face le paradoxe de la vie et la mort : la fin de quelque chose et le début d’une autre.
Sans transition, on passe du calme à la tempête entre chaque titre. On déguste ce switch habile tout au long de la soirée en passant d’une atmosphère à une autre, sans bien comprendre ce qu’il se passe ni comment le magicien Ryan se débrouille mais le résultat étant que l’on s’abandonne complètement à sa voix et aux arrangements du groupe durant près d’une heure et demi de concert. De la voix brute presque cassée de Dream State aux rythmes calmes de Labor et Slowly, tout y passe pour le plus grand bonheur de nos oreilles. Le groupe invitera à nouveau Hanna Benn à se joindre à eux pour une prestation électrisante de You Don’t Know Me, morceau qu’elle avait aidé à composer.
On parle beaucoup de Ryan Lott mais que dire du reste du groupe ? Ce qui est certain, c’est que l’amitié règne au sein de ce trio et cela se ressent quand, à deux reprises, le leader nous présente ses compagnons de route : Ian Chang et Rafiq Bhatia. Le premier, batteur survolté, nous livrera des solos impressionnants, notamment un final complètement dingue lors de Surrounded. Si la salle était déjà bien chauffée, Ian l’a définitivement faite imploser avec ce passage. N’oublions pas Rafiq, discret mais dont les cordes s’accordaient parfaitement avec cette batterie folle et les arrangements de Ryan.
Mais ce que l’on retiendra surtout de ce concert et qui nous a « mis les poils », c’est cet esprit de partage et de reconnaissance que Son Lux a envers son public. C’est ainsi que s’est créé un véritable moment de communion lorsque les membres invite la salle à les accompagner sur All Directions. Dans un Aéronef au calme presque religieux, la voix de cristal de Ryan Lott, surprenante et semblant venir d’une autre planète, est venue se marier parfaitement à l’écho de nos c(h)œurs.
Son Lux aime son public et le lui fait savoir, le groupe évoquera d’ailleurs à plusieurs reprises la date du Grand Mix très particulière pour eux (comme pour nous) et nous invitera à venir papoter à la fin du concert au merch stand avant de clôturer ce set impérial par Lost it to Trying, morceau puissant et déstabilisant, à l’image de notre état en sortant de l’Aéro suite à ce trop plein d’émotions.
Jeune paire d’oreilles toujours parée d’écouteurs, un peu trop accro au folk et indie rock. Accepte quelques écarts commerciaux pour sauver ses amitiés.
