(INTERVIEW) Grand Blanc – Sur la ligne blanche
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Auteur·ice : Sébastien Hanesse
01/03/2016

(INTERVIEW) Grand Blanc – Sur la ligne blanche

Marquer le passage. Dépasser la musique. Creuser dans nos mémoires, pour qu’elles deviennent vives. Grand Blanc laisse planer un nuage gris oxygène au dessus d’une génération qui a la rage de vivre. Ils bouleversent les nuances et laissent derrière eux un trait de lumière blanche, presque artificielle. Mémoires Vives est une poésie urbaine qui rythme les rues d’une ville bordélique. Les lumières s’allument à peine, la voiture fonce à toute vitesse. Une clope qui s’écrase, une bière au goût d’adolescence ratée. Quelques silhouettes sur le bord de la route, un flux continu de sons lourds avec quelques recoins sombres. L’instant va être long, noir sur blanc. Et si la pop vaporeuse et acide de Grand Blanc oblige le volume à se rompre, c’est pour transformer nos souvenirs en mélodies singulières et leurs donner de nouvelles dimensions. Bashung résonne encore à la radio et parle d’eux dans ses chansons. Camille, Benoît, Vincent et Luc sont les rebelles dans nos villes de contrastes.

 

Ça fait quoi de se réveiller à nouveau à Bruxelles ?
On est très contents. On se réveille le jour de la sortie de notre album, c’est un peu comme un matin de Noël. On a de bons souvenirs de notre passage dans la Rotonde du Botanique, c’était une grosse date.

Le premier souvenir que vous avez du moment où vous avez reçu votre album en main ?
C’est surtout quand on a reçu le disque bleu. On était super émus, c’est un peu comme avoir un enfant. Tu es là et tu vois enfin ton disque symbolisé par un objet, le fruit de je ne sais pas combien de mois de travail. C’est marrant de voir que tout est condensé dans un disque. C’est un beau bébé !

On retrouve quelques sonorités des années 80. Qu’est-ce qui vous plait dans les synthés et les boites à rythmes de cette époque-là ?
Tu vois juste ! Pour les synthé, on n’utilise pas spécialement des instruments de ces années-là. On comprend la référence, on écoute pas mal de choses des années 80, on essaye simplement d’avoir un son qui est le nôtre, une musique contemporaine. On utilise quelques boîtes à rythmes classiques et on mélange plusieurs sons pour créer quelque chose de singulier, quelque chose qui nous plait. On essaye d’aller plus loin dans les sons et de les déformer. Par exemple sur Verticool, on a essayé de créer un son plus techno, ou encore des gros sons qui sonnent très années 2000. Les puristes de l’analogique doivent s’arracher les cheveux !

« L’amour, c’est une idée très confuse, et comme toutes les idées confuses, si tu essaies de l’expliquer tu la tues un peu.»

Vous avez créé des sons beaucoup plus lumineux que dans L’Homme serpent ou dans Samedi la nuit. Encore un contraste non ?
Dans nos premiers sons, on était encore très adolescents. C’est intéressant pour nous de créer de la musique un peu indé, d’aller vers des univers musicaux très différents. On a gardé pas mal de sons assez froids mais ça ne suffisait plus pour exprimer ce qu’on voulait dire, on a eu envie de donner un peu de couleur.

Tendresse donne une impression de musique de film. Le son fait penser à The Knife ou à Fever Ray. Ce sont des références pour vous?
Au début, c’était une petite mélodie super mignone avec un son trop mignon et un peu niais. On a continué à composer derrière et puis on s’est rendu compte que ce son avait beaucoup évolué. Fever Ray, elle est vraiment bien cette fille.

Vous avez voulu cacher quoi derrière le nom « Mémoires vives » ?
Un titre, tu le poses avant que l’objet ait vécu. La mémoire vive, c’est un peu la mémoire tampon, c’est assez poétique finalement, ca permet de s’adapter à un volume trop énorme. On a voulu avec cet album créer quelque chose de poétique mais qui est assez compliqué à dire. Cette impression d’avoir trop d’infos pas hiérarchisées, tout va trop vite, on doit faire un effort permanent pour s’adapter et garder une consistance.

Vous attachez une grande importance au texte. Est-ce qu’il y a des mots de la langue française que vous aimez particulièrement ?
On en a plein, et on les a tous mis dans le disque ! On commence toujours par des jeux de mots, des assonnances. On aime ces mots dans la mesure où ils peuvent sonner, ce truc étrange de les voir pas pareils que par écrit. On aime la transformation du mot quand on met des sons derrières.

Est-ce que vous avez l’impression de déjà devenir grand avec ce premier album ?
On est très fiers d’avoir réussi à faire un album. On était pas sûr de pouvoir le faire, et derrière il y a un train de vie qui va avec. On a la belle vie parce que c’est un métier trop cool, mais c’est quand même un métier. Tout ça se ressent dans l’album je pense. On a grandi un peu, quelque part. Hier on est allé au resto, on a bu une bière, on est rentré, et on est allé se coucher. Mais c’est aussi parce que le jour avant on est sorti comme des oufs !

“L’Amour fou”, c’est le second titre de l’album que vous décidez de nous livrer. C’est quoi pour vous l’amour fou ?
C’est quelque chose qui est compliqué à dire et à expliquer. Il y a un truc assez particulier dans le sentiment amoureux qui peut complètement dépasser l’être aimé et créer des trucs bizarres, où le monde extérieur est chargé de ce sentiment-là. L’amour, c’est une idée très confuse, et comme toutes les idées confuses, si tu essaies de l’expliquer tu la tues un peu. On voulait parler de ce dépassement et de ce cassage de frontières qu’il peut y avoir en amour.

Il paraît que l’on connaît mieux les autres en voyant ce qu’ils ont dans leurs poches. Qu’est ce que Grand Blanc a dans les poches ?
On a des trucs trop stylés ! Beaucoup de tickets de caisse. Des clopes, une carte de boulot. De la thune, des protections auditives, des mouchoirs, un Ipod. Le truc le plus cool c’est un gâteau acheté il y a au moins un an avec le drapeau de la Roumanie et cest marqué « ROM » dessus ! Il est grave périmé.

Grand Blanc en concert au Botanique le 09/03.

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