The Blaze nous ouvre les portes de son paradis
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
28/02/2018

The Blaze nous ouvre les portes de son paradis

La poésie, rien que la poésie. Parce que c’est ce qui habite chacune des productions des génies The Blaze, parce que c’est ce qui est glorifié dans chaque mot de chaque titre et dans chaque minute de chaque visuel. Parce que les Français Jonathan et Guillaume Alric ont su articuler l’art du ressenti et le concentrer en un manifeste de sensibilité décliné en plusieurs univers, en plusieurs atmosphères, en plusieurs histoires. La recette reste pourtant la même : les mêmes percussions, les mêmes divagations rythmées par les vers élévateurs d’une voix au coffre envoûtant et surtout la même émotion, à chaque fois, comme une gifle inattendue ou un poids-lourd dans une Fiat 500 mal engagée. Bouleversant.

Après s’être attaqués aux rapports complexes avec la masculinité dans Virile et avoir exploré avec soin la profondeur des racines et du patrimoine dans Territoryles deux cousins reviennent nous gâter avec Heaven, véritable hymne au multiculturalisme. À l’image de ses prédécesseurs, le titre est puissant et évolutif pour offrir des alternances de tempos rapides et lents, de rêverie et d’exaltation. Si musicalement The Blaze brille, c’est surtout visuellement qu’il éblouit. Aux manettes des clips de ses oeuvres, le duo ascendant semble écrire – simultanément à sa musique – des images et des tableaux qu’il ne manque pas de représenter avec brio par des court-métrages au style irréprochable et à l’authenticité troublante. Dans cette troisième prouesse artistique, on se retrouve plongés dans une version plus moderne et plus urbaine du Déjeuner sur l’herbe. L’excentrisme de l’Eve de Manet serait ainsi troqué contre la douceur d’une cohésion communautaire aussi diversifiée que touchante. Le titre n’a jamais aussi bien porté son nom, le prouve la sérénité qui se dégage de chaque plan ensoleillé tourné dans une campagne autarcique semblant faire barrage à toute forme de mauvaises ondes. Il est compliqué de calibrer son objectivité lorsqu’on se trouve à ce point secoué par la qualité d’un mouvement artistique comme celui-ci, mais comme le prouve Heaven, la musique de The Blaze résonne un peu comme la bande originale de la vie qu’on a toujours rêvé d’avoir. Un pur plaisir auditif qui continuera de subjuguer avec un premier album annoncé pour juin.

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