The Last Shadow Puppets, balade dans une époque révolue
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Auteur·ice : Axelle Pauly
01/04/2016

The Last Shadow Puppets, balade dans une époque révolue

Huit longues années ont passé depuis le premier album des Last Shadow Puppets, The Age Of The Understatement, ode aux années 60. Le duo, formé par les vieux potes Alex Turner (leader des Arctic Monkeys) et Miles Kane (ex-The Little Flames et ex-Rascals désormais en solo), a bien changé. Chemises ouvertes, gomina pour l’un, boule à zéro pour l’autre, les deux garçons (surtout Alex) n’ont rien à voir avec les jeunes timides en costard à la coupe des Beatles de 2008.

C’est donc avec un peu d’appréhension, mais toutefois beaucoup d’excitation, que nous nous lançons dans la première écoute d’Everything You’ve Come To Expect. L’appréhension qui nous habitait s’évanouit instantanément avec Aviation. L’empreinte du groupe est toujours là dès les premières notes de violons. L’album commence de la même manière que The Age Of The Understatement, un crescendo de cordes qui se stoppe pour laisser place à la mélodie de la chanson.

Attention la chanson qui suit reste en tête : Miracle Aligner, et ce n’est pas pour nous déplaire. Véritable ballade, c’est avec un plaisir immense qu’on se laisse porter par la voix suave d’Alex Turner. La voix du garçon de Sheffield a nettement changé depuis 2008. Similaires sur The Age Of The Understatement, les voix de Miles Kane et Alex Turner s’entremêlaient, laissant parfois le doute sur l’identité du conteur. Sur leur deuxième album, la structure de chant est plus classique : un des deux anglais chante et le second fait les choeurs comme sur Dracula TeethMiles Kane scande après Alex Turner. L’ombre de Gainsbourg survole l’album et plus particulièrement cette chanson dans les arrangements de violons et les textures de son, notamment celle de la basse.

Everything You’ve Come To Expect est probablement la meilleure ballade de l’album à repasser en boucle. La chanson peut être décevante de prime abord mais l’essence en est saisie au fil des écoutes. Alex Turner chante beaucoup plus haut qu’à son habitude et cela lui va bien. Miles Kane répète « Everything You’ve Come To Expect » dans le refrain avec un effet chorus sur sa voix qui remet une couche d’années 60. Suit The Element Of Surprise, chanson sympathique mais sans plus.

Bad Habits débute par un riff de basse assuré par Zach Dawes du groupe Mini Mansions. La chanson marque le tournant de l’album. Explosive et donnant une furieuse envie de danser, cette chanson se démarque vraiment des autres. Miles Kane fait du Miles Kane : rage, folie, énergie sont ses maîtres mots. Cette chanson pourrait clairement figurer sur un de ses albums solo mais c’était sans compter les violons emblématiques des Last Shadow Puppets. La première partie de l’album, véritable bande originale de la vie californienne des années 60, laisse place à la seconde moins surprenante et plus sombre.

Alex Turner prend sa voix de crooner sur Sweet Dreams, TN qui pourrait être un hymne joué lors d’une fête nationale avec le rythme très militaire des percussions. La voix est posée, assumée, Alex Turner a énormément progressé vocalement et cela s’entend.

Plus dark, Used To Be My Girl suivi de She Does The Woods font du bien à nos oreilles qui attendaient un peu plus de guitare à la Miles Kane et de mordant. La première chanson a un petit air des Dandy Warhols. Sur la seconde, Miles Kane chuchote derrière la voix d’Alex Turner « she does the woods » tandis que les guitares et les violons à l’unisson donnent un effet plus lourd.

L’album se termine avec deux chansons plutôt molles qui nous réjouissent moins mais qui sont tout de même agréables à écouter, elles ne sont juste pas exceptionnelles. Pattern débute sur un riff qui ressemble beaucoup à celui de Sébastien Tellier sur Roche (cette comparaison est assumée). Quant à The Dream Synopsis, dernière chanson sortie tout droit de la période Suck It And See et de la bande originale du film Submarine composée par Alex Turner, elle n’est pas très surprenante. L’écoute se finit calmement, comme pour leur premier album qui se terminait magnifiquement sur The Time Has Come Again.

La sortie du teaser de l’album et du clip de Bad Habits nous avait fait miroiter un album explosif entre AM, le petit dernier des Monkeys, et Don’t Forget Who You Are de Miles Kane, mais en (beaucoup) mieux. On aurait pu être déçus à l’écoute de cette suite de ballades mais que nenni ! Everything You’ve Come To Expect marque le retour plus que réussi de ce fabuleux duo qui a mûri et d’un Alex Turner qui s’est remis à écrire des chansons plus complexes. On a hâte d’écouter la suite, ce qui ne saurait tarder puisqu’Alex Turner a déclaré le 23 mars dernier à Chris Evans sur BBC Radio 2 vouloir sortir une trilogie d’albums et peut-être même l’étendre à une quatrième version. En attendant, cette pure merveille de l’année 2016 n’est pas prête d’arrêter de tourner sur nos platines.

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