On connaissait Russian Red pour I Love Your Glasses, un album-pépite sorti en 2008, puis pour Fuerteventura, un deuxième trésor de 2012. L’artiste espagnole, alors, tournait en boucle sur nos iPods nano, vestiges d’une époque où la musique tenait la barre de nos barques émotionnelles adolescentes. Depuis, Russian Red est passée par un disque de récits amoureux et un autre de reprises que nous avons laissés plus ou moins de côté, préférant suivre sa vie palpitante à LA sur Instagram ou lire ses poèmes publiés sous son nom, Lourdes Hernández (These Words Leaving My Body, 2020).
Puis, un matin de juillet, notre cœur a loupé un battement. Russian Red annonçait un titre à paraître dans trois jours. Soixante-douze heures d’impatience plus tard et l’on découvrait This is un volcán, qui pour notre plus grand bonheur, renoue avec les racines folk de l’artiste. D’une douceur cotonneuse pour mieux accompagner les chaleurs de l’été, le titre rappelle la tendresse d’un Just Like A Wall ou d’un Tarantino, rehaussés de la touche onirique qui fait encore le charme aujourd’hui de I Hate You But I Love You.
À mi-chemin entre ses deux ports d’attache que sont Madrid et Los Angeles, Russian Red a dans ses valises ce qu’il faut pour remettre au goût du jour le spanglish. Là où d’autres se seraient noyé·es dans les vagues, elle surfe avec classe et détermination sur une planche qu’on aurait pu penser démodée, mais qui au contraire l’emmène au-delà de là où nous l’attendions. Avec la délicatesse qu’on lui connaît dans la prononciation espagnole comme anglaise, les mots se font poésie et l’on oublie vite le va-et-vient entre les deux langues. Cultivant les contraires à l’image, This is un volcán navigue entre plages aux rythmes ensoleillés et éruptions volcaniques aux pluies de pierres inattendues.
Ne vous fiez pas à son titre, ce morceau reste une douceur à consommer sans modération, pour soulager un été studieux comme pour illustrer vos souvenirs de vacances. On ne vous dira jamais à quel point nous sommes impatient·es de découvrir la suite, qui vient tout juste d’être annoncée pour la rentrée.
En perpétuelle recherche d’épaules solides sur lesquelles me hisser pour apercevoir la scène, je passe mes concerts à faire les chœurs depuis la foule.