Moussa sort Surface, le son qu’il fallait à votre inconscient
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
01/05/2020

Moussa sort Surface, le son qu’il fallait à votre inconscient

Quelques titres et une présence sur les premières parties d’Odezenne, c’était le dévoilement du talentueux Moussa Fennira en 2019. La semaine passée, le prodige nantais nous annonçait en coup de vent la sortie de son EP tant attendu. Surface est enfin disponible, pour le plaisir des convaincus et des convaincus en devenir. Il donne au public ce qu’il ne sait pas encore qu’il va aimer, pour citer Jean Vilar. Quatre titres pour les gouverner tous, cet EP rassemble ce que l’artiste fait de mieux. Une humilité et une poésie sans pareilles, et c’est peu dire.

© Photo : Leila Macaire

Parler de la musique de certains artistes est un exercice plutôt aisé. Dans le cas de Moussa, c’est d’autant plus difficile, à cause de toutes les influences qui rendent sa musique complexe et belle à la fois. Impossible de prétendre pouvoir analyser, c’est plutôt l’inverse. « J’ai cherché sans trouver. J’ai trouvé sans chercher ». « Mossoul Mossoul Mossoul » retentit dans nos têtes. Le premier titre a l’effet escompté, l’envie de continuer à écouter. Le beat assez présent porte le flow de Moussa avec beaucoup d’aplomb. Il nous laisse avec beaucoup d’esprit, nous faisant un peu penser au début de son titre Les Oiseaux dans la production. « Tombé relevé tombé ». Une histoire d’aller-retour magnifiée par les mots. Bleu Ciel, un peu dans la même veine, offre un aller-retour : le flow à tour de rôle de Moussa et Nice, la mystérieuse inconnue de ce featuring. D’une douce voix emplie de souffle, et de son flow délicat elle nous envole : « J’demandais au ciel que l’on me téléporte ». Encore une production faite de dentelle dans les synthés et de douceur littérale. « Toi t’étais pas comme les autres t’étais à part. Avec tes yeux là, bleus comme le feu de la gazinière ».

J’aime quand l’amour remix la haine

Quand un son se termine, on a toujours l’impression qu’il nous invite vers le suivant, comme s’il y avait un fil rouge entre les quatre titres qui se rassemblent pour n’en faire qu’un. Le sentiment se renforce avec Rêverie-Interlude, comme s’il fallait une pause avant de nous présenter le tire éponyme de ce projet. Il rassemble l’efficacité de chaque titre pour en faire la sienne, tellement il est chargé en émotion. « Tombe pas amoureux j’suis une bombe » « J’l’invite pas chez moi c’est la hess ». Les silences sont maîtrisés, c’est quand il y a absence de mots qu’on réalise la puissance de ceux-ci. L’espace négatif est très impressionnant, juste ce qu’il faut. « J’aime quand l’amour remix la haine ». Cette si belle phrase qui, malgré tous nos efforts pour garder notre carapace, nous touche instantanément.

La musique de Moussa elle vient de là, elle vient du cœur. Elle vient d’un esprit ingénieux et d’une âme inspirée. Il n’est plus question de séparer les genres ou de dire qu’on n’aime pas le rap, le langage qui est parlé dans sa musique, c’est un langage universel qui nous transporte. Au risque de le redire, la combinaison production/paroles place ses projets très haut. Une affirmation qui pourrait passer à la trappe tellement elle a été utilisée. Mais c’est sincèrement le mélange de ces deux-ci qui est particulier, on se languit pour chaque mot grâce au fond musical. L’un ne peut exister sans l’autre. Le prince des mots sait comment donner de la puissance à ses paroles, aussi bien en leur présence qu’en leur absence.


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