| Photo : Javier Ruiz
Dans Session Numérique, La Vague Parallèle sillonne la toile à la recherche de ce qu’Internet nous réserve de plus fort, de plus doux, de plus coloré. Aujourd’hui, c’est à la tablée chaleureuse et bien peuplée du rappeur madrilène C. Tangana que l’on vous propose de vous asseoir. Un conseil : accrochez-vous à votre chaise et profitez du voyage.
Pour sa nouvelle session Tiny Desk (Home), le géant de la radiodiffusion américaine NPR invite la sensation espagnole C. Tangana à présenter pour la toute première fois en live son troisième album El Madrileño. Un disque attendu par beaucoup, et qui a su se hisser à la tête des charts locaux moins de 24h après sa sortie. Alors, forcément, ça se fête. Et quelle fête ! Le temps d’une quinzaine de minutes, l’auteur-compositeur Antón Álvarez Alfaro (de son vrai nom) nous invite au cœur de l’effervescence typiquement madrilène, ne lésinant pas sur les hommages au flamenco traditionnel – fracas de palmas et guitare flamenca inclus. L’occasion pour lui de glisser dans sa setlist un tout nouveau single en exclusivité, Me Maten, efficace en tout point.
Parmi les nombreux·ses invité·es de cette captation, on retrouve tout d’abord Antonio Carmona, chanteur emblématique de flamenco et membre du groupe flamenco-fusion Ketama. Le vocaliste prête ici main forte à C. Tangana sur Me Maten, un morceau porté par les chœurs généreux de la foule très majoritairement féminine. Dessus se pose le timbre chaud et sensuel du chanteur, qui donne ici le ton en bon chef d’orchestre sauce flamenco. S’invite ensuite Kiko Veneno, illustre figure de la musique espagnole, pour le pétulant Los Tontos. Un titre qui sent bon la celebración et les longues soirées d’été sous les grenadiers. Sur Tú Me Dejaste De Querer, c’est la patronne de la pop-flamenco La Hùngara ainsi que le chanteur a cappella grenadin Niño de Elche qui insufflent à l’univers de Tangana toute leur expertise de la musique hispanique.
À travers les morceaux, on ressent l’aisance folle avec laquelle C. Tangana, enfant de sa génération, parvient à renouer avec l’essence d’une époque qu’il n’a pas forcément connue, tout en lui apportant cette touche de modernité saisissante. En témoignent les quelques sections de voix modulée façon robotique, à l’intro de Me Maten notamment. Ou encore ce Demasiadas Mujeres, sur lequel le chanteur brille en solitaire, dans un registre plus cadencé et hip-hop, le tout sur une section semi-orchestrale intense et forte. Un mélange symbiotique, sublimé dans une version live dont seul NPR a le secret et qui a le mérite de nous faire frissonner d’alegría le temps d’un instant.
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.