Stoned at the Nail Salon : le nouveau single de Lorde va vous caresser le cœur
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Auteur·ice : Flavio Sillitti
22/07/2021

Stoned at the Nail Salon : le nouveau single de Lorde va vous caresser le cœur

| Photo : Ophelia Mikkelson Jones

Après un surprenant retour façon Vaiana meets Primal Scream en juin dernier, queen Lorde nous revient avec une nouvelle ballade acoustique, idéale pour alléger les apocalypses de nos vies. Intitulé Stoned at the Nail Salon, ce second single est issu de son album Solar Power attendu pour le 20 août prochain. Et une fois encore, c’est des voix angéliques de Clairo et Phoebe Bridgers que s’entoure la Néo-Zélandaise, sur une composition cosignée de son fidèle Jack Antonoff. 

Promis, on vous épargnera la comparaison évidente avec l’autre sad broken queen – Lana Del Rey pour les moins intimes – dont le titre The Greatest semble être la grande sœur cachée de Stoned at the Nail Salon. De quoi donner des armes aux détracteur·rices du malheureux Jack Antonoff – accusé à tort ou à raison de dénaturer l’univers de nos pop stars préférées. Mais plutôt que de pleurnicher l’ère Melodrama de Lorde (clairement révolue), mieux vaut se fondre paisiblement dans les méandres mélancoliques et songeurs d’Ella Yelich-O’Connor (de son vrai nom) qui livre ici un texte touchant sur fond de crise existentielle, abordant autant le temps qui passe que la vie adulte et ses travers.

 

Cet état de “défonce au salon de manucure”, c’est celui de l’errance métaphysique qui nous emporte lorsque l’on questionne les grandes énergies qui nous surplombent : le temps, la vie, la mort. Sur un fond éthéré rassemblant guitare, piano et mellotron, Lorde exorcise ses tumultes intérieurs et son rapport à la mortalité de son songwriting transcendant. On soulignera cette façon bien à elle de se saisir d’éléments de son quotidien pour en faire des symboles universels et des métaphores ouvertes à nos interprétations personnelles.

Une intensité possiblement complexe à digérer au vu de son thème plus que sérieux, mais qui s’accroche à une part de lumière au cœur de cet ensemble harmonieux, imaginé par Jack Antonoff et rendu possible grâce à la superposition des timbres de la chanteuse et de ses deux nouvelles sœurs d’armes : Phoebe Bridgers et Clairo. L’artiste accompagnait la sortie du single d’une note à l’attention de ses fans, dont on vous a dépêché la traduction :

J’ai commencé à écrire Stoned at the Nail Salon dans les six premiers mois qui ont suivi l’arrêt de la tournée de Melodrama. J’étais si fatiguée à la fin, j’avais été si occupée pendant si longtemps, et je me souviens qu’à la fin de cette tournée, j’ai dit à des gens que je connaissais “Je vais juste rentrer à la maison et m’ennuyer” – parce que ça faisait deux ans que je n’avais pas pris de temps pour moi, pour m’ennuyer à mourir en passant du canapé au frigo. Et j’avais envie de ça. Les deux premiers mois ont été incroyables – je me faisais couler un bain à 10 heures du matin et je mangeais une part de gâteau dedans ! Mon camarade de groupe Jimmy et moi sortions pour ces longs déjeuners le lundi et buvions du vin ! Mais, finalement, bien sûr, l’insécurité a pris le dessus, quand je me suis rendue compte que je n’étais pas un titan de l’industrie. Mais plutôt quelqu’un qui cuisinait, promenait le chien et jardinait. Je commençais à ne plus être en phase avec mon époque sur le plan culturel, je n’étais pas la plus à jour pour la première fois de ma vie, et je pouvais sentir la prochaine vague d’adolescent·es précoces qui commençaient à arriver, et je me sentais comme vulnérable pour ainsi dire. Est-ce que j’avais dépassé les bornes ? Cette chanson est née de ce sentiment. J’étais sûre de me construire une belle vie, mais je n’étais pas sûre que cette vie allait satisfaire cette autre partie de moi, assoiffée et sans peur, qui pouvait déchirer la scène d’un festival ou être dans sept pays en sept jours. Je sais maintenant que, même si j’essaie de me rapprocher ou de m’éloigner de l’une des facettes de ma vie, elles font toutes deux partie intégrante de moi. Il est difficile de passer de l’une à l’autre. Mais cette dichotomie, c’est moi. Et écrire cette chanson était un vrai pas vers l’acceptation de cela. C’est presque comique d’écrire ceci depuis une chambre d’hôtel où ma vie est plus occupée que jamais, mon agenda est plein à craquer de l’aube au coucher, et bien sûr je rêve de cuisiner et de jardiner, et je rêve encore une fois de l’herbe plus verte… C’est comme ça que ça se passe. […] J’espère que vous aimez cette chanson, et ce côté de l’album, et j’espère que si vous êtes quelqu’un qui a aussi l’habitude d’aller vous ensevelir dans une pensée profonde puis de douter de vous-même ou de vous dissocier, vous avez conscience que vous n’êtes pas seul·e.

À en croire les deux premiers singles – et contrairement à son précédent opus, majoritairement centré autour d’une romance tournée au vinaigre – ce Solar Power semble aborder des questions plus introspectives, dont le rapport à soi et la quiétude intérieure. D’où cette écriture plus mature qu’autrefois, avec des emballages plus organiques et folk, là où ses compositions électro pop avaient fait sa gloire à ses débuts. Mais, comme elle le chantonne ici, all the music you loved at sixteen you’ll grow out of” – un passage qui pourrait faire écho à son premier album Pure Heroine (composé alors qu’elle n’avait que seize ans) et dont les fans attendent inlassablement, usant d’un forcing quelque peu maladroit, une suite semblable. Force est de constater que ce troisième album n’aura rien de ce qu’on attendait d’elle. Mais très certainement pour le meilleur. Rendez-vous dans un petit mois. 


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