Photo | Arthur Simon
Vous connaissez les Kapla ? De drôles de rectangles en bois à l’origine de nombreux jeux de notre enfance : de construction, d’astuce, d’équipe. Ces morceaux de bois portent des valeurs d’écologie, de pédagogie et d’intemporalité. À peu de choses près, le festival Kapla Dance Festival, niché sur un terrain industriel aux alentours de Vilvoorde, partage les mêmes valeurs. Le dernier rendez-vous électronique de l’été s’est offert, en septembre dernier, une seconde édition remarquable. On vous donne cinq bonnes raisons de pleurer le fait que vous n’étiez pas là.
1. C’est canon (et Instagrammable)
Photo | Arthur Simon
Lorsqu’on confie l’organisation d’un festival de musique à des passionné·es d’architecture, ça donne de jolies choses. Dès notre arrivée, on se retrouve au cœur d’une œuvre d’art complète. Une longue antichambre avant la teuf, garnie de drapés colorés et transparents, voguant dans les airs alors qu’on les traverse ou les contourne – au choix. Ça fait sourire dès les premières minutes, alors que les premières basses du festival nous parviennent et que nos yeux sont eux rivés sur l’œuvre de l’artiste plasticienne Julia Renaudot. Pour le reste, on est couvert·es par des toiles de couleur lorsqu’on rejoint un hangar par un autre. Un effet less is more qui fait largement l’affaire et qui joint le fonctionnel à l’esthétique sans trop d’effort. Un joli travail d’orfèvre signé Bim Bam Boum Studio.
2. La bouffe est bonne (et totalement végé)
Un kebab de céleri, ça vous dit ? Pour rassasier les estomacs imbibés des festivalier·ères, c’est le restaurant bruxellois IODA, étonnante rôtisserie végétale bruxelloise du quartier de Saint -Gilles, qui s’est occupée de servir des churros délicieusement gras et salés, aux côtés des incontournables durums végétariens, à base de céleri rôti façon viande pita. C’est vachement bon, ça change des viandes avariées hors de prix qui filent la gastro le matin d’après, et ça envoie un vrai message par rapport au positionnement du festival en termes d’engagement citoyen.
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3. Ambiance en continu
Divisée entre deux hangars, la programmation musicale a battu le fer sans s’arrêter, faisant se côtoyer des noms bien institués comme celui de Nosedrip à la crème du nouveau bataillon belge à platines : de Bona Léa à Samar. Au-delà de live et DJ sets bien huilés qui auront fait transpirer les foules et déhancher les corps, toute une poignée de shows plus instrumentaux auront également fait le spectacle, principalement dans le petit hangar, intimiste et sobrement illuminé de néons aux rouges et bleus vifs. C’est là qu’on aura notamment été subjugué·es par la fibre mystique et kaléidoscopique de Susobrino, multi-instrumentiste belgo-bolivien qui aura convoqué la force de ses nombreux instruments à cordes et ses samples de field recording pour un show mémorable.
4. Lander & Adriaan
S’il fallait retenir un nom de l’affiche de cette année, c’est celui du tandem flamand Lander & Adriaan. Pour vous resituer, le groupe est constitué de Lander Gyselinck, batteur (prodige) du groupe Stuff. et du claviériste Adriaan Van de Velde, actif sous le nom de son alter ego Pomrad ou dans les rangs de J. Bernardt. C’est le genre de concert auquel on se rend quand on ne sait pas trop si on a envie d’une grosse teuf techno en mode warehouse ou bien un concert de free jazz qui éblouit tant les rétines que les tympans.
Au centre de la foule, comme ils le réclament systématiquement (et comme pas mal de concerts devraient avoir lieu, à notre humble avis), le duo fait marcher sa magie alors que la foule s’excite à leurs pieds. La structure de la salle, en fosse carrée clôturée de podiums, permet un point de vue impressionnant qui rehausse l’effervescence d’un show qu’il nous tarde déjà de réexpérimenter – les deux magiciens seront à retrouver au Fifty Lab de Bruxelles, qui aura lieu du 16 au 18 novembre.
Photo | Cilou
5. Enfin une scéno qui pollue moins
Des poubelles aux espaces détente jusqu’aux podiums des différentes scènes : tout chez Kapla est réutilisé et surtout réutilisable. Les éléments qui rendent la fête possible permettront le lendemain d’autres choses, et c’est précisément cette philosophie circulaire qui manque à trop d’évènements musicaux. Tout cela, sans jamais rien enlever à l’esprit si unique, convivial et accueillant de l’endroit qui, même sous la pénombre et la drache, renvoie un sentiment de sécurité et de bienveillance. Un mini-village en kaplas de bois qu’il nous tarde déjà de retrouver l’an prochain – que ce soit au soleil ou sous la pluie, tant que la musique y fait loi.
Photo | Arthur Simon
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.