À Dour, on fait des pogos mais surtout des belles rencontres : portraits de festivalier·ères qui illuminent le festival
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Auteur·ice : Philomène Raxhon
26/07/2024

À Dour, on fait des pogos mais surtout des belles rencontres : portraits de festivalier·ères qui illuminent le festival

I Photos : Laura Collard pour La Vague Parallèle

La semaine dernière, à l’édition 2024 de Dour, on pouvait voir sur scène des artistes plus stylé·es les un·es que les autres. The Libertines, Charlotte Adigéry et Bolis Pupul, bar italia,…  un véritable défilé d’étoiles s’est déroulé cinq jours durant sous le ciel caniculaire dourois. À La Vague Parallèle, on pense pourtant que les vraies stars se trouvent devant la scène et dans les champs. Au soleil et en sueur comme au milieu d’une tempête, les festivalier·ères nous racontent ce qui les (a) fait vibrer à Dour. Et une chose est sûre ; comme un Douragan qui passait sur nous, leur amour a tout emporté. Portrait des cool kids qui font le festival.

Florence

© Laura Collard pour La Vague Parallèle

On croise Florence là où toutes les belles rencontres douroises se produisent : aux toilettes. “Ici, l’atmosphère est géniale“, nous crie-t-elle par dessus les cymbales de Puggy, faisant plus référence au festival dans sa globalité qu’aux cathy cabines de l’enfer. C’est sa troisième fois à Dour et ce qu’elle préfère, c’est le rap ! Son highlight ultime ? Le passage, en 2018, du californien Tyler, The Creator à la Last Arena. “C’était incroyable ! J’ai dansé comme une malade, c’était trop trop bien“, se souvient-elle. L’année passée, elle a aussi aimé “un concert random. C’est ça qui est cool aussi, tu vas à n’importe quelle scène et tu découvres des trucs“. On ne peut qu’acquiescer, la veille encore, on s’est retrouvé·e un peu par hasard au Garage devant le groupe français – au nom plein de promesses – Vulves Assassines à scander “les champignons c’est comme l’extrême droite ça fait des taches dégueulasses mais on va s’en débarrasser“. Une découverte jouissive. De son côté, Florence se réjouit aussi de voir le rappeur Aminé. Le soir même, l’artiste jouera son tube Caroline version si douce qu’elle en était presque acoustique et son morceau Spice Girl qu’il conclura avec un sample de … Wannabe – des Spice Girls du coup, suivez un peu – devant une Boombox déchaînée. Personnage insaisissable, à la question “t’es quelle festivalière cliché ?“, Florence se dit quand même volontiers la mamie du camping. “Je bois pas, je fume pas, je prends pas de drogues“. Prenons-en de la graine.

© Laura Collard pour La Vague Parallèle

Juliette et Elena

© Laura Collard pour La Vague Parallèle

Qu’est-ce qui est mieux qu’une badass à diam’s de dents ? Deux badass à diam’s de dents ! Le soleil de plomb de l’après-midi réfléchit sur ceux d’Elena et Juliette, qu’on croise en chemin pour le camping. Habituées de Dour, c’est leur troisième année d’affilé dans cette grande “colo pour adultes“, comme le formule Elena. Le duo vient au festival pour “l’ambiance de dingue“, ajoute Juliette, qui nous explique qu’elles n’ont aucun programme particulier si ce n’est de s’éclater. À cet effet, on peut le plus souvent les trouver au Balzaal, où, la veille encore, elles dansaient sur les sons trances du mystérieux DJ I Hate Models. Si, des années précédentes, Elena et Juliette retiennent surtout les after au camping, elles mentionnent aussi quelques artistes. Notamment la rappeuse dominicaine Tokischa qui, l’an dernier, a retourné une Last Arena déjà caniculaire avec ses titres plus chauds que l’asphalte – LA COMBI VERSACE de Rosalía ? C’est aussi signé Tokischa –  et sa performance ultra saphique qui a fini de faire de nous des flaques. Éminentes représentantes d’un Dour qui ne dort pas, les deux comparses “oscillent entre princesses du festival et crackheads ultimes, proclame Juliette, parce qu’on loge quand même dans les huttes [les tentes déjà montées de The Village, ndlr]. Des crackheads chic“.

Nisrine

© Laura Collard pour La Vague Parallèle

L’année passée, c’était un peu une phase d’exploration, l’apéro de Dour. Cette année, il y a encore beaucoup plus d’artistes que j’ai envie de voir“. Assise sur sa chaise de camping, Nisrine s’applique du fard à paupière bleu. C’est la deuxième fois qu’elle vient à Dour et, cette année, elle compte bien user jusqu’à la moelle le Rockamadour, sa scène favorite (mais si, le bac à sable à IST). House, disco, RnB, techno, indie rock, elle vient au festival pour entendre tous les styles et en découvrir encore plus. Ses coups de coeur jusqu’ici ? Jyoty, venue la veille électriser la Petite maison dans la prairie de sa house captivante et Altin Gun, le groupe de rock psychédélique aux sonorités traditionnelles turques qui nous a donné envie d’onduler comme un spaghetti. À l’instar du fard à paupière bleu, cette sélection, ça s’appelle n’avoir peur de rien. Ce soir, Nisrine ira voir l’artiste électro originaire d’Arabie Saoudite Nooriyah au – surprise ! – Rockamadour. “J’aime trop qu’elle allie des musiques orientales à de la techno et de la house, ça fait appel à pleins de trucs et ça me plonge dans des souvenirs parce qu’elle utilise des sons que j’ai déjà écoutés avec ma famille, nous raconte-elle, mais c’est pas du raï, tout est mélangé“. La festivalière cliché qu’elle est ? “Celle qui s’enjaille intérieurement“. Éclectique, certes, mais impassible.

© Laura Collard pour La Vague Parallèle

Bavo

© Laura Collard pour La Vague Parallèle

La dernière fois que Bavo a foulé les plaines douroises, iel avait 16 ans. On était en 2015, iel n’était resté·e qu’une journée – “je ne connaissais aucuns artistes“, explique-t-iel – pour voir un chanteur de reggae qu’un ami ne pouvait pas manquer. Neuf ans plus tard, le retour de Bavo à Dour dure cinq jours et est bien plus anticipé. Hier, iel a vu Sega Bodega, artiste club expérimental, au Labo, une bonne entrée en matière pour cet·te fan d’hyperpop originaire de Gand. “J’ai hâte de voir Shygirl ce soir et Arca dimanche“, poursuit-iel. Et il y a de quoi. L’anglaise Shygirl présentait ce soir là son nouveau projet musical, Club Shy, et a retourné la Petite maison dans la prairie à coups d’explorations électro-pop envoûtantes et de sa voix de velours. Et ne nous lancez même pas sur la performance désarçonnante d’Arca de dimanche soir. Déesse de la scène électronique née au Vénézuéla, l’incomparable Arca se produisait le dernier soir – entre interprétation de ses tubes extraterrestres et DJ set improvisé – sur une scène habillée de fleurs et d’une balançoire de cuir et de chaînes. Le tout évoquait le second look de Zendaya au dernier Met Gala – si vous avez pas la rèf on peut rien pour vous – s’il avait explosé sur la scène de la Petite maison dans la prairie. En bon cliché de quelqu’un·e venu·e voir Arca performer en lingerie avec une queue et un pistolet à fumée, Bavo admet volontiers son côté festivalier·ère “fashionista, qui passe des plombes à se demander quoi porter pour finalement opter pour des bottes de cowboy, un cliché en elles-même“. Iconic.

© Laura Collard pour La Vague Parallèle


Bleu test:
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