Ada Oda, c’est la formation rock qu’on n’avait pas vue venir. En seulement deux singles, le groupe a posé ses valises dans nos petits cœurs rebelles. Il suffit de quelques écoutes pour que, sans s’en rendre compte, on se mette à scander “Niente da offrire! ” le soir dans notre cuisine, en préparant des pâtes arrabiata. Après avoir mis le feu dans différentes salles avec leur énergie monstre et leur post-punk solaire, le groupe sort enfin un premier album, relatant leurs déceptions et leurs amours ratées. C’est à l’occasion de la sortie de Un Amore Debole, leur premier album, que nous avons discuté avec César et Victoria de ce projet qui décolle.
La Vague Parallèle : Bonjour Ada Oda ! Comment allez-vous ?
Ada Oda : Ça va bien !
LVP : Comment vous vous sentez par rapport à cet album qui sort ?
Victoria : J’avais presque oublié qu’il sortait tellement on a bossé dessus, et il y a beaucoup de temps entre la sortie et l’enregistrement, mais on est assez contents de voir enfin le travail sortir.
César : Je suis un peu stressé quand même, parce que on n’a pas vraiment eu de retours jusqu’à maintenant, on a surtout eu des retours par rapport à nos live, mais l’album, comme dit Victoria, on a un peu oublié qu’on l’avait fait comme on l’a terminé il y a une petite année et qu’on n’est pas vraiment revenus dessus. Donc dans le même temps c’est super excitant et à la fois stressant parce qu’on ne sait pas du tout comment ça va être reçu. Mais maintenant c’est trop tard (rires).
LVP : Pouvez-vous un peu nous parler de la création de cet album ?
Victoria : On a d’abord commencé par enregistrer des démos chez moi, dans le salon. On a essayé de placer des voix criées, puis pas criées, puis on ne savait pas trop où on allait au début. César avait écrit des morceaux de phrases, il y avait beaucoup d’impro, c’était un peu un début “essai-erreur”. Et puis une fois qu’on avait un peu apprivoisé les morceaux, on a commencé à répéter avec tout un groupe et maintenant on est 5.
César : Sur la timeline, on a commencé à faire de la musique à deux en septembre 2020, je crois, et puis les premières répétitions c’était à peu près vers novembre 2020.
Victoria : Et quelques mois plus tard on l’a enregistré en studio.
César : Mais finalement on n’a pas gardé les prises de studio parce que c’était des prises qui ne ressemblaient pas du tout à ce qu’on avait fait à la base. Donc après on a fait un gros mélange avec les pistes studio et ce qu’on avait fait dans notre chambre, et on a fait mixer ça. Le tout était terminé plus ou moins en janvier 2022.
| Photo : Giulia Simonetti
LVP : Donc sur l’album il y a une partie enregistrée dans votre chambre ?
Victoria : Ouais pour que ça sonne un peu plus, comme dirait César “crin-crin” (rires).
César : Ouais en fait on trouvait qu’on avait un peu perdu notre identité des démos, le côté boîte à rythme sur ordinateur et guitares prises en DI, un peu mal enregistrées mais charmantes qu’on avait perdu en studio. De ce qu’on a enregistré en studio on a gardé les voix de Victoria, les basses et on a fait un mix des deux.
LVP : C’était un peu trop propre la version studio ?
César : Ouais ça faisait un peu trop rock belge.
Victoria : Ça faisait plus pop rock classique belge et c’est pas trop ça qu’on voulait donc César a pris un bon mois pour tout recoller et finalement on était contents du résultat.
LVP : Comment définiriez-vous votre univers ?
César : C’est du rock avant tout, et on essaye de ne pas trop se cloisonner à un type de rock en particulier, on est assez libres et on va vers ce qu’on aime bien. Ce qu’on aimait bien à ce moment-là c’est autant les trucs un peu scandés, criés, les rythmes un peu rapides mais aussi des passages plus mélodiques, donc c’est un mélange de tout ça.
LVP : Et du coup, vous vous êtes fait connaître du public avec votre single Niente Da Offrire, c’est quoi votre rapport à cette chanson ?
César : Déjà c’est la première qu’on a faite.
Victoria : C’est la première chanson qu’on a enregistrée à domicile, la première démo pour laquelle moi je testais cette voix criarde alors que je n’avais jamais chanté comme ça avant. Donc je pense qu’on l’aime bien parce que elle était aussi un peu naïve pour nous, d’essayer de tout hurler sans s’arrêter, et au final elle a vraiment une bonne énergie donc on a eu envie de la sortir en premier.
César : C’est un peu le morceau qui est à la base du projet, parce que c’est le moment où on s’est regardés et on s’est dit : “Ah putain, peut-être qu’on tient un truc cool”. Moi je me rappelle être rentré chez moi, j’étais un peu trop content du résultat. Je ne m’attendais pas à aller vers ça à la base et puis finalement le reste a suivi, mais donc c’est un peu le morceau fondateur du projet.
Victoria : C’était vraiment : “Tiens, essaye de dire cette phrase, un peu plus méchant, un peu plus gentil, non un peu plus méchant”. (rires)
César : Ouais pour nous c’est aussi un morceau qu’on aime bien jouer parce qu’il y a une bonne énergie en concert.
LVP : Le fait de chanter en italien ça change un peu de ce qu’on a l’habitude d’entendre en Belgique, est-ce que c’était un choix qui était évident dès le départ ?
Victoria : (à César) Toi, je pense que tu ne voulais pas trop refaire un projet en anglais, le rock anglais, tu l’as vu et revu. Donc il cherchait effectivement une autre langue, il a d’ailleurs essayé avec un chanteur flamand, et après, vu que César aime beaucoup l’Italie, il a vu mon nom il m’a demandé si je parlais italien, heureusement j’avais appris l’italien donc je lui ai dit oui. Et en plein confinement, on ne se connaissait pas encore et il m’a demandé d’enregistrer une démo chez moi. J’ai posé quelques phrases un peu chaotiques, d’ailleurs ça a donné la chanson IL Caos, c’était quelques phrases parlées en italien sur des guitares qu’il avait faites, et là on s’est vraiment dit que c’était une langue qui s’accordait bien finalement avec le punk ou le rock et que ça changeait un peu de l’anglais qui est plus évident pour ce genre de musique. Ce qu’on aime bien dans l’italien c’est que quand on raconte une histoire dans cette langue, j’ai l’impression qu’on peut la vivre avec plein d’émotions, c’est très chantant comme langue alors que parfois je ne chante pas du tout.
César : Les gens nous disent aussi que même si ils comprennent que dalle ils font leur propre petite histoire.
Victoria : Oui ils se font leur idée de ce que je raconte. Et le côté un peu variété italienne, le côté dolce vita qui est très solaire, ça casse un peu avec le rock aigu et les petites guitares. C’est un mélange de deux styles très différents.
LVP : Et du coup en concert les gens ils chantent un peu en yaourt quoi.
Victoria : Oui c’est vrai on a rencontré une journaliste qui chantait tout en phonétique, et c’était trop drôle. Les paroles maintenant elles sont avec le vinyle donc il y a des gens qui commencent à apprendre l’italien.
César : “Apprenez l’italien grâce à Ada Oda” (rires)
Victoria : J’ai reçu un message d’une personne qui revoit un peu ses bases d’italien grâce à ça. Et en Italie par contre ils comprenaient les paroles (rires) et là j’avais un peu peur par rapport à mon accent et à ce qu’on raconte dans les textes, parce que pour la première fois les gens allaient comprendre le fond de ce que je raconte, et en fait ça été super bien accueilli et malgré mon accent les gens ont bien aimé.
LVP : C’est chouette, mais du coup à Bruxelles est-ce que le fait de chanter dans une langue que pas forcément tout le monde comprend ça te donne une certaine liberté ?
Victoria : Vu que je mets pas mal d’intonation, j’espère quand même qu’ils comprennent, en tout cas quand je m’énerve un peu, ou quand je raconte une histoire d’un amour qui se passe très mal, j’essaye de vraiment mettre le regard qui va avec. Et c’est vrai que je pourrais faire totalement autre chose, et si les gens ne comprennent pas, ça ne change rien, mais j’essaye quand même de rester vraie dans ce que je dis. Après c’est vrai aussi que c’est une musique qui laisse pas mal la place à l’improvisation, donc parfois je peux vraiment chanter le même morceau et avoir la grande liberté de m’exprimer un peu comme je veux, de changer le phrasé, de faire des voix beaucoup plus aiguës beaucoup plus basses. Et ça je pense aussi que les gens ont remarqué que c’était beaucoup plus libre comme musique.
LVP : Et du coup c’était quoi vos inspirations principales, autant au niveau de la musique que de la voix ?
César : Ça c’est une bonne question, j’avoue que quand j’ai commencé à faire les maquettes ça a été tout dans un même jet. Pendant le confinement je suis parti 2 mois avec mon ordi et un clavier MIDI, en me disant que j’allais faire un demi morceau par jour, juste des idées et je n’écoutais pas trop de trucs à ce moment-là. Je savais que j’avais envie de faire un truc un peu plus radical que ce que j’avais déjà fait avant, parce que j’avais fait des trucs très très pop. Je pense que j’ai été influencé par tous les concerts que j’ai vus, parce que j’avais commencé aussi en parallèle une activité de booker, je me suis retrouvé dans pas mal de petits lieux avec des groupes qui jouaient fort, des trucs un peu punk. Je me suis dit, quitte un peu ton côté bisounours et essaye de faire des trucs un peu plus rentre dedans. Après j’ai toujours ce côté pop donc ce n’est pas complètement rentre dedans non plus, mais je ne suis pas complètement bisounours. Après, quand on a commencé à faire écouter la musique aux gens, ils nous disaient que ça les faisait penser à d’autres choses mais c’était plus a posteriori, j’essayais justement de m’éloigner le plus possible de ce qui avait déjà été fait avant.
LVP : Dans ce qu’on comprend des paroles, vos textes sont assez pessimistes, pourquoi avez-vous choisi d’aborder ces sujets-là ?
Victoria : Parce qu’on était dans ce mood-là à ce moment-là (rires). On était un peu perdus dans nos vies.
César : Je dirais même un peu déçus (rires). Et puis on voulait parler de choses qu’on connaissait, on ne se sentirait pas à l’aise de faire des gros textes sur des sujets qui nous dépassent donc on voulait juste parler de nos vies qui n’étaient pas géniales à ce moment-là.
Victoria : Mais de manière quand même légère.
César : Et puis aussi l’économie de mot, je n’ai pas l’impression que les textes soient forts bavards ou quoi, c’est vraiment essayer de dire une émotion, un sentiment en 4 phrases.
LVP : On a une dernière question pour vous, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’avenir ?
César : Que ça continue de grimper un peu, là on a fait notre premier concert il y a un an et depuis il y a de plus en plus d’intérêt.
Victoria : Oui ce qu’on voudrait c’est faire de la scène parce qu’on adore ça et si on a la possibilité de continuer à pouvoir en faire c’est ça qui me plairait le plus je pense.
César : Et aussi d’aller un peu ailleurs, devant d’autres gens que juste ici en Belgique, et là c’est bien parti. Puis on va aussi refaire des nouveaux morceaux et essayer de faire un deuxième disque dans pas trop longtemps.
LVP : Merci beaucoup Ada Oda !
Le groupe est actuellement en tournée :
- Le 02/12/22 à L’Atelier Rock, Huy
- Le 04/12/22 au Cabron, Anvers
- Le 16/12/22 au Café Central, Bruxelles
- Le 17/12/22 au Rockerill, Charleroi
- Le 23/12/22 au Kinky Star, Gand
Ma playlist est aussi bipolaire que moi. J’aime le metal, le sang et les boyaux, tant que ça reste vegan.