Addiction à OPIUM, le nouvel album d’Ashh
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Auteur·ice : Mathilde Vanderweyen
23/01/2022

Addiction à OPIUM, le nouvel album d’Ashh

| Photo : Tom Lutz

Ashh revient un an après la sortie de son précédent album avec un dédoublement de personnalité et un nouveau projet. Alors que l’artiste avait joué de sa mélancolie sur son dernier album L’AMOUR ET LA VIOLENCE, il nous présente aujourd’hui son nouvel opus OPIUM, le reflet de ses démons et ses addictions. C’est un rappeur plus proche de la violence que de l’amour que nous retrouvons dans ce nouveau projet. 

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Dans cette quête identitaire perpétuelle, le rappeur renouvelle également son nom de scène. L’époque musicalement romanesque d’Ashkidd avec ses titres Motel et Lolita est définitivement révolue. À présent, c’est Ashh. Et Ashh ne joue plus le lover boy. L’artiste a troqué les roses et les poèmes pour de gros chèques, de la drogue et des cœurs brisés. Autant de thématiques sombres qui renforcent davantage son caractère énigmatique et qui forgent ce nouveau projet.

J’ai vécu énormément de choses avec Ashkidd et ça m’a permis de partager des sons et des histoires dans mes précédents projets. Mais de toutes ces histoires, j’ai fait mon deuil, tu vois. C’est beaucoup de phases de ma vie qui sont derrière moi. La transition entre L’AMOUR ET LA VIOLENCE et OPIUM, c’est là où j’ai montré que j’ai atteint une certaine maturité dans ma musique. Donc, je trouvais que je n’étais plus cet enfant, que je suis juste Ashh et j’en ai profité avec OPIUM pour accompagner ce changement de nom.

L’opium, la drogue des poètes

À travers ces 12 titres, Ashh distribue un peu de son opium. Cette drogue euphorique et hypnotisante qui nous enivre tout au long de l’écoute de ce projet.

D’un côté, j’ai envie que ma musique fasse cet effet-là, qu’elle soit consommée et qu’elle devienne une drogue. Et en plus de cela, avoir cet aspect un peu interdit. Ma musique, c’est ça, c’est une drogue pure, c’est une drogue puissante. Et d’un autre côté, c’est une métaphore pour montrer que ma musique, tout comme l’opium, vient de loin, mais j’ai réussi à l’emmener jusque dans la capitale et les soirées branchées.

Il appuie également son retour en dévoilant un nouveau titre clipé, PLUS JAMAIS. Après seulement quelques secondes de visionnage, le décor est posé. Atteint d’une pure folie et certainement frappé par les effets secondaires d’une consommation de produits pas très licites, Ashh, ou plutôt son démon, se met à enterrer et brûler son propre personnage. Le tout filmé au cœur d’un décor sombre, ayant comme seule source de lumière l’intensité des flammes.

 

Le rappeur a délégué ses compétences de beatmaker à de nombreux producteurs talentueux, s’essayant à des techniques toujours plus audacieuses, notamment sur FINESSE (prod. MKC). Sur le travail acharné de son équipe, Ashh, de son côté, s’autorise toujours plus de kickage et d’égotrip mais il s’essaie également à des rythmes dansants avec ANA et SOLO. Hors de sa zone de confort, la prise de risque est fortement appréciée et permet de ne pas se laisser submerger dans cette atmosphère globalement obscure.

Dans la cour des petits

L’artiste strasbourgeois cultive une certaine discrétion, se faisant rare en termes de collaborations auprès d’autres rappeurs. Quant à ses propres projets, il porte une attention particulière aux choix de ses connexions artistiques. Ashh joue dans la cour des grands, mais il ne se mélange qu’aux rookies. En effet, le rappeur n’est pas de cette nouvelle école qui enseigne aux artistes de se présenter aux côtés des plus grandes figures du rap pour maximiser les streams et la visibilité. Modestement, il convie trois artistes émergents, dont deux méconnus de la discographie de l’artiste : RONL et thaHomey. Tour à tour, ils délivrent leur couplet teinté de toutes sortes de substances illégales et de fantasmes charnels. Leur flow et leur technique se marient parfaitement avec l’univers de l’album. Et pour clôturer ce projet tout en douceur et sur une valeur sûre, Ashh est resté fidèle à son petit poulain musical en nous offrant une énième collaboration avec Elia, sur le morceau VISAGES.

Depuis que je suis jeune, que j’écoute du rap et que j’entends des chanteuses sur des morceaux rap, j’ai toujours voulu faire pareil sur mes projets. Pour mes deux derniers albums, j’ai fait confiance à Elia. Sur OPIUM, elle ferme le bal d’une manière tellement sombre, mais douce à la fois. En fait, c’est tellement sombre que ça en devient beau. Donc pour moi, c’était évident, il fallait que ce soit elle qui clôture OPIUM de cette manière.

Accro

Spécialiste des rapports qu’il entretient avec les femmes et la drogue, l’artiste nous emmène une nouvelle fois rider à travers ses obsessions. Malgré la redondance et la légèreté des thématiques, Ashh arrive toujours à déguiser ces éléments de nouveaux habillements sonores et visuels. Telle une mauvaise drogue, on en demande encore et encore.

Tags: Ashh | OPIUM