La musique a le pouvoir de nous transporter dans des mondes imaginaires, de nous faire voyager à travers le temps et l’espace. L’album Afternoon X de Vanishing Twin est une invitation à un voyage musical qui dépasse les frontières de l’ordinaire.
Jusqu’à récemment, Vanishing Twin semblait développer son identité propre tout en empruntant largement à ses prédécesseurs musicaux. Les excellents albums Choose Your Own Adventure, The Age of Immunology et Ookii Gekkou étaient des interprétations nimbées de sonorités cosmiques, tribales et même jazzy, ce qui leur a valu des comparaisons faciles avec des artistes tel·les que Stereolab, CAN ou encore Alain Goraguer (La Planète Sauvage). Cependant, Afternoon X, le nouvel album du trio sorti début octobre, bouleverse cette tendance en affichant une imagination transformée.
Concocté par un noyau créatif composé de la chanteuse Cathy Lucas, la percussionniste Valentina Magaletti (moitié de Feu Tomaga) et le bassiste Susumu Mukai, ce nouvel album est un cours magistral de kosmische minimal et audacieux ; obéissant à un processus qui valorise le voyage plutôt que la destination. Le résultat est une musique de rêve fiévreux, de bad trip, définie moins par des apparitions caricaturales que par une sorte d’angoisse existentielle latente. Alors que les opus précédents étaient construits autour d’une ossature lâche de batterie et de basse swingantes, de détails électroniques analogiques et du chant impassible de Cathy Lucas, Afternoon X échange cela contre quelque chose de plus imprévisible, de plus libre et malléable. Les sillons sont plus humides et plus marécageux et souvent ponctués par des grondements abstraits.
Vanishing Twin explore ici des éléments fondamentaux de la construction musicale tels que la fréquence, la structure. Dans Brain Weather, on a l’impression de passer d’une station radio à une autre, créant une atmosphère changeante et intrigante. The Down Below, qui se démarque comme l’un des points forts de l’album, est une véritable mosaïque de changements structuraux, d’associations de textures et de transitions d’accords qui évoluent dans et hors de l’obscurité. La texture grave et ronronnante de la basse dans Lotus Eater et le traitement vocal robotique de Marbles résonnent à des fréquences qui nous chatouillent le crâne. Melty, le titre d’ouverture, nous enveloppe dans un tourbillon envoûtant d’harmonies superposées, évoquant une sensation de douce dissolution dans un paysage sonore onirique et évanescent : “All that is solid melts into air.” Quant au titre éponyme de l’album, il est sans nul doute le plus accessible et offre une dimension hors du temps où les repères s’effacent pour mieux laisser place à l’exploration.
Afternoon X représente une véritable métamorphose pour le groupe. Cet album transcende les frontières musicales conventionnelles, invitant les auditeur·ices à se perdre dans les méandres d’une créativité débridée et d’une musicalité exceptionnelle. Vanishing Twin réussit brillamment à mélanger l’étrangeté et la familiarité, créant ainsi un opus qui se distingue comme l’une de leurs réalisations les plus audacieuses à ce jour.
Mélomane en apesanteur.
#jamaissansmoncasque