On était totalement passés à côté mais la force froide du premier EP d’Agar Agar, pépite de l’attrayant label Cracki Records, a fini par nous rattraper.
En cinq titres complets et complémentaires, les deux français, rencontrés aux Beaux-Arts, servent une disco-pop glaçante et impressionnante de précision. I Am That Guy ouvre cet EP Cardan comme un coup de fusil : PAN ! Presque mystique, la voix de Clara se révèle et nous glace les os par sa froideur envoutante. Sur cette diabolique ballade de sept minutes mêlant flegme et impassibilité, l’univers d’Agar Agar se dévoile.
I’m on fire.
Justement Prettiest Virgin arrive ensuite. Synth-pop à la mélodie tubesque, c’est une facette plus lumineuse et sexuelle que l’on découvre.
Come on dance with me, come on, come on dance with me
Give me a wink if you want me to faint, and I know you want me
On s’imagine danser langoureusement en agréable compagnie tels deux corps se laissant bercer et diriger par cette voix hypnotique.
L’enchaînement Cuidado, Peligro, Eclipse et Symbiose gélifie nos esprits car les beats s’accélèrent. Cantatrice, Clara prend le pouvoir et nous harangue. Elle se révèle et nous transcende afin de mieux nous achever sur Aquarium, dernier morceau d’un premier EP honorable. Un tantinet désinvolte (comme souvent), le groupe termine sur une pop plus douce et colorée façon Jeanne Added. Ainsi, le disque se clôt sur une envolée instrumentale aussi érotique qu’addictive.
Cardan est donc la première pièce d’un duo à la pop intrigante et mystérieuse et au futur prometteur. Agar Agar s’installe comme une évidence. Magnanimes des détails, les protagonistes sortent les crocs et mordent de leurs pleines dents une scène française pleine de ressource et d’ambition.
La seule question que l’on se pose suite à son écoute c’est : Pourquoi si tard ?
Epicurien musical des temps modernes, la découverte comme leitmotiv. Adule Matt Shultz, l’alternatif, Darwin et le rock qui dépote.