Agartha ou le prisme musical de VALD
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Auteur·ice : Charles Gallet
02/02/2017

Agartha ou le prisme musical de VALD

L’Agartha est un royaume souterrain légendaire présent dans la tradition indienne et amérindienne, censé relier à tous les continents de la Terre par l’intermédiaire d’un vaste réseau de galeries et de tunnels. Agartha c’est aussi le titre du “premier” album de VALD qui vient de sortir. Quoi de plus logique direz-vous, de la part d’un homme qui pense que le monde est dirigé par des reptiles ?

Après une mixtape NQNTMQMQMB (Ni Queue Ni Tête Mais Qui Met Quand Même Bien), et deux EP (qui ressemblaient quand même furieusement à des albums) NQNT 1 & 2, le rappeur d’Aulnay-sous-Bois dévoile donc son premier album “officiel”, et le moins qu’on puisse dire c’est que comme sur ses anciens efforts, VALD est un véritable prisme musical à lui tout seul.

VALD a donc décidé de continuer à tracer sa voie comme il le veut, selon ses envies à lui. Quand on écoute l’album, on réalise qu’au final il ne cherche à plaire à personne si ce n’est à lui-même.

L’honnêteté est donc de mise chez VALD, et si un être humain a plusieurs facettes, c’est aussi le cas de sa musique.

Tour à tour hystérique sur Eurotrap, romantique sur Je T’aime, carrément pop sur l’excellente Ma Meilleure Amie, burlesque et étrange sur Lezarman, flirtant avec le mauvais goût (la ligne n’étant pas très épaisse, on pourra même dire qu’il la traverse) sur Petite Chatte , douteuse  sur Megadose ou cauchemardesque sur Neo ou Strip,  la musique du rappeur brille de toutes ces facettes qui forment au final un tout. Cette diversité est aussi appuyée par des productions qui allient finesse et puissance, qui collent toujours parfaitement aux lyrics et donnent un véritable ton et une valeur ajoutée à l’album.
Si tout ça parait simple à la surface, le tout se complique dès lors qu’on gratte un peu. La musique de VALD mérite une attention toute particulière, que ce soit au niveau des paroles ou des punchlines, qui nous cognent fort sans qu’on s’y attende (on pense notamment à « C’est pas qu’un jeu de blanc les assonances, c’est pas qu’un jeu de noir les assedics »).

A l’heure où la plupart des rappeurs multiplient les featurings sur leurs albums, faisant davantage ressembler ceux-ci à des albums collaboratifs qu’à des disques solo, VALD a choisi l’économie puisque n’apparaissent que Suikon Blaz AD sur Blanc et Damso sur Vitrine. Les deux apportent une véritable plus-value sur les deux chansons.
Mais s’il y’a peu de featurings, c’est aussi car VALD aime jouer quand il chante: s’amuser à faire des voix féminines et autres cris étranges qui sont sa marque de fabrique, mais il module aussi son flow sur les chanson. Il utilise le vocoder de manière plus (sur Dernier Verre) ou moins (sur Petite Chatte) réussie. Toute ces cassures et ces différences – parfois risquées – sont bienvenues et permettent de casser une monotonie parfois présente dans le rap.

En 17 chansons et plus ou moins 70 minutes, VALD nous offre un album passionnant dès lors qu’on passe la barrière du superficiel.
Sans doute, la diversité des genres proposés sur le disque n’offrira pas une unanimité, pourtant méritée, mais se plonger dans Agartha c’est s’offrir un voyage dans le monde d’un rappeur qui se présente comme l’un des plus honnêtes, passionnants et excitants de ces dernières années.

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