Alice et Moi : “Je voulais représenter cette dualité qu’il y a en moi”
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Auteur·ice : Chloé Lahir
22/02/2019

Alice et Moi : “Je voulais représenter cette dualité qu’il y a en moi”

On a rencontré Alice et Moi afin de parler de son deuxième EP, Frénésie qui est disponible partout depuis ce matin ! On a découvert une artiste à double facette : une femme sensible et forte à la fois, qui n’a pas manqué de nous démontrer sa détermination pour être ce qu’elle est aujourd’hui. C’est avec cet EP aux sonorités très éclectiques qu’elle revient sur le devant de la scène et il est carrément fait pour nous plaire !

La Vague Parallèle : Hello Alice, tout d’abord j’aimerai savoir qui est Alice et moi ?

Alice : C’est une grande question car comme l’indique mon nom de scène, il y a Alice et il y a Moi. Il y a le parcours de la fille qui a fait ses cinq années d’études jusqu’au bout, qui voulait être journaliste et qui a eu son mémoire ! Et il y a le parcours de la fille qui va sur scène et qui se déchaine ! En fait il y a les deux en moi et ce ne sont que des faits car en réalité ça va même au delà de ça ! Ok j’ai fait des études et je suis sensée être journaliste, à la place je suis sur scène et c’est trop bien ! Mais la réalité là-dessous c’est qu’à la base il y avait une fille qui avait hyper peur de faire ce qu’elle avait envie de faire. Monter sur scène, c’était mon pire cauchemar, c’était impossible, j’étais terrorisée ! Et au final je l’ai fait ! Parfois faire ce dont on a le plus peur est ce qu’il y a de plus excitant ! Maintenant j’adore être sur scène mais j’ai toujours cette sensation d’être quelqu’un d’autre que moi, d’où Alice et moi.

LVP : Donc dans Alice et moi, le “moi” est plutôt la Alice interne ?

Alice : Disons que je crois qu’on a tous ça en fait ! On a tous comme un enfant en nous, on a des peurs, on a des trucs qui nous attachent. Je ne voudrais pas effacer cette partie-là de moi car je pense que c’est ça qui fait aussi que je suis méga sensible, que je peux écrire une musique, que parfois en soirée je peux me sentir hyper seule etc. En gros c’est comme une sorte de boule de faiblesse que j’aime bien et que j’ai essayé de garder, mais à côté il y a quelqu’un d’autre de plus fort, qui va tirer le truc et qui va me faire me dire « Va sur scène et fais ton projet à fond ! ». Il y a donc ces deux Alice en moi et je ne sais pas laquelle a plus fait son projet ou Science Po, les deux se tiraillent en permanence mais je sais juste qu’à la fin, ça donne moi.

LVP : Tu avais fait de la musique auparavant au sein d’un groupe ou autre ?

Alice : Être dans un groupe, ça aurait été impossible, j’étais trop mal dans ma peau pour, j’aurais eu trop peur du jugement ! Mais en gros mon père faisait de la guitare à la maison et on chantait souvent ensemble. Ma mère mettait tout le temps de la musique, ma belle-mère me faisait aussi chanter du Vanessa Paradis. Tous les soirs je faisais des spectacles à mes parents, j’adorais chanter, j’adorais aussi la poésie, le dessin, j’écrivais même des livres. J’avais inventé des petites histoires d’une famille que j’avais appelé la « Famille Catholique », rien à voir avec les religions ou quoi, c’était juste un peu fou. Je racontais ce qu’ils faisaient dans leur vie de tous les jours. Ça vient peut-être du fait que mes parents soient divorcés, j’imaginais la famille “catholique” qui reste ensemble tu vois, je ne sais pas (rires). Mais tout ça pour dire que j’adorais écrire, j’adorais chanter mais je ne pensais pas être capable de le faire, et notamment parce que je faisais un peu de guitare et synthé, j’avais appris à en jouer en ligne, mais je me trouvais nulle. Je ne suis pas la plus grande guitariste, je n’ai pas la plus belle voix d’opéra, donc pourquoi moi ?

Et en fait quand tu penses comme ça, tu ne fais rien dans la vie ! Ça m’a beaucoup trainée et à un moment je me suis demandé pourquoi je ne ferai pas ce que j’aime ! Déjà le fait de créer quelque chose c’est beau, t’as pas besoin d’être le meilleur dans tout ! C’est comme ça que je me suis lancée et maintenant j’apprends encore plus chaque jour, les instruments, les mélodies, même l’écriture ! Au final je pense que pour me lancer il a fallu que j’accepte que j’aille faire des conneries et surtout que je ne serais pas forte dans tout.

LVP : C’est marrant que tu te sois lancée seule en ayant justement cette peur !

Alice : En fait mes amies ne savaient même pas que je jouais de la musique ! Il y avait que ma meilleure amie qui le savait car on jouait un peu toutes les deux, mais personne d’autre. J’avais déjà fait plusieurs petites chansons avec des vidéos que je gardais pour moi, que ma mère avait vues de temps en temps mais c’est tout.

Un jour j’étais dans une sorte de vernissage dans une boutique et quelqu’un m’a dit « Oh j’aime bien ton style ! On fait un concours de musique, tu ne ferais pas de la musique par hasard ? ». Le truc un peu improbable ! Et j’aurais pu dire non, enfin j’aurais du même car tout était en place pour que je dise non, mais je les ai regardés et je leur ai dit « Ouais ouais je fais de la musique, je peux vous envoyer un truc ! ». J’étais avec un pote qui avait un studio et du coup j’ai fait une première chanson qui était en anglais, qui s’appelle Penny, accompagnée d’une vidéo. Mon père m’avait donné un coup de main, c’était un peu un truc fait comme ça et au final j’ai gagné ! Le prix du concours c’était d’aller en Italie pour faire un concert et jouer 5 chansons. Du coup j’ai dû faire plus de chansons. C’était en anglais donc ça n’avait rien à voir avec ce que je fais aujourd’hui. J’étais encore en Khâgne à l’époque et cette expérience m’a montré que j’avais pas besoin d’être la meilleure dans tout pour pouvoir au moins essayer.

Un peu plus tard, sous mon nom de la vie de tous les jours, j’ai fait une vidéo avec une copine de Science Po qui s’appelle Jeux savants. Les Inrocks m’ont repérée à ce moment et j’ai eu quelques articles là-dessus, du coup les gens ont commencé à me prendre au sérieux ! Quand j’ai eu enfin fini mes études, je me suis dit que j’arrivais pas du tout à être heureuse dans ce que je faisais. J’ai pris mon courage à deux mains et je me suis dit que j’allais le faire vraiment à fond, je voulais me lever tous les matins et sortir un EP ! Voilà.

LVP : À l’écoute de tes précédentes compos et de ton dernier EP, je trouve que ton univers est plutôt éclectique ! Par exemple Filme Moi était très pop, T’es Fait Pour Me Plaire sonne même un peu dub. Comment tu définis ton style ?

Alice : C’est une bonne question. Je ne définis pas forcément mon style par rapport à un style musical en particulier. On peut déjà dire que c’est de la pop car ce sont quand même des chansons en couplet / refrains qui se retiennent bien ! Après ça peut être un peu plus rap, un peu plus chansons, un peu plus reggae… J’aime bien que ça soit le plus éclectique possible. Pour moi ce qui fait mon univers musical ce sont vraiment les thèmes, les paroles et ma voix. C’est ce qui donne un lien entre tout. Mais par contre après à côté sur la prod et même sur la composition, j’aime bien partir sur des trucs qui parfois n’ont rien à voir puisque je pense que les gens maintenant aiment bien écouter des trucs de styles différents et c’est cool de proposer plein de choses, de montrer le spectre de ce que je peux faire. Après je ne me mettrais pas à faire du jour au lendemain du rock garage (rires). Disons que ça reste toujours des trucs un peu provocants et sensuels. Il y a toujours un petit peu de second degré presque mélancolique dans mes chansons, qui restent quand même entrainantes. Je veux qu’on puisse danser en les écoutant, même si elles sont un peu tristes !

LVP : Un artiste qui est fait pour te plaire ?

Alice : Il y en a tellement que c’est dur à dire vu que j’écoute plein de choses. Toute ma vie on m’a dit que j’étais hyper dispersée ! Quand j’étais en prépa littéraire, je voulais faire pleins de choses à côtés, de la photo, de la vidéo etc. Et c’est la même chose dans la musique. Mon père écoute du rock, j’en écoute également beaucoup genre les Clash, les Rolling Stones, les Beatles ou même des trucs plus hard comme les Sex Pistols. Avec ma mère j’écoutais plus du reggae ou alors des trucs plus rnb comme Lauryn Hill que j’adore ! J’ai aussi écouté beaucoup d’électro. Tu me parlais de dub mais j’ai écouté de la dubstep par exemple, je suis allée à plein de concerts d’ailleurs, j’adorais ça (rires). J’écoute aussi beaucoup de rap genre Roméo Elvis, Caballero, Orelsan ou même Damso, je kiffe j’avoue ! En plus j’ai des petits frères qui écoutent du rap donc ils m’en font beaucoup écouter. En ce moment j’écoute KobaLaD. Il met trop de vocodeur de partout mais j’aime bien, il me fait marrer ! J’écoute bien sûr de la pop française aussi, tout ce qui se fait en ce moment du genre Flavien Berger etc. Il y a un groupe que j’aime beaucoup en ce moment qui fait plus du rap qui s’appelle Sein.

Après il y a une artiste que j’aime particulièrement bien c’est Vanessa Paradis. Pour le coup on me dit souvent que j’ai la même voix qu’elle. Je l’aimais beaucoup quand j’étais petite car elle m’a fait comprendre que c’était possible de plaire en racontant quelque chose sans avoir forcément une voix d’opéra. C’est ce que j’essaie de faire, parfois de manière un peu provocante ou parfois de manière un peu plus abstraite, mais j’aime bien raconter une histoire.

LVP : Tu es artiste autodidacte, comment tu composes ? Tu t’es entourée de musiciens ?

Alice : En fait ce qu’il s’est passé c’est que quand j’étais en Italie je composais de A à Z mais mon problème c’est que j’adore créer des mélodies, j’adore écrire des paroles et je peux composer mais je me sens assez limitée. Disons que les instruments ne sont pas mon fort donc si je composais toutes mes chansons seule, elles seraient souvent limitées. Je sais qu’il y a des gens qui s’entêtent parfois à vouloir tout faire et je trouve ça beau car c’est dur à faire, mais de temps en temps il faut aussi admettre qu’on a des limites. Je n’avais vraiment pas envie que toute mes chansons se ressemblent puisque j’ai souvent les mêmes accords qui se retrouvent. Du coup j’ai demandé à quelqu’un que j’adore qui s’appelle Ivan Sjoberg, qui bosse dans la musique depuis un certain temps et qui est plus âgé que moi et c’est drôle car il a un univers qui n’a rien à voir avec le mien en soit mais c’était un des seuls mecs qui m’avaient compris dans le passé. On m’avait demandé une fois de chanter dans un studio pour une pub, et j’étais hyper mal à l’aise, ça ne s’était pas super bien passé mais lui m’avait capté ! Et du coup avec Ivan ce qu’on fait c’est que parfois il m’envoie des prods avec l’instru et moi je fais la mélodie par-dessus ou parfois je lui montre une suite d’accords que j’aime bien et lui va me renvoyer des trucs. Ça fait pas mal de va et vient ! Après j’aime quand même bien trouver mes mélodies pour mes paroles. Sur J’veux Sortir Avec Un Rappeur pour le coup c’est lui qui a trouvé la mélodie, je sais pas si je devrais le dire (rires) mais tu peux rien faire quand quelqu’un te trouve un super truc ! Pour cette chanson j’avais trouvé le thème avant et j’avais essayé de coller le texte sur plein de sons et là c’est passé ! Donc voilà, c’est comme ça que je fais ! Ensuite pour le son il faut que j’aille voir d’autres personnes. Sur mon premier EP j’ai bossé avec Jean Baptiste Beurrier par exemple. J’aime bien travailler avec une personne sur un EP j’ai d’ailleurs de plus en plus envie de bosser avec des gens différents. Sur mon prochain album je pense même que je vais bosser avec quatre personnes en même temps puisque pour le coup, plus tu bosses avec des gens différents, plus tu t’ouvres à d’autres choses et moi ça m’intéresse, je suis super curieuse. Avec JB on a bien travaillé sur ce premier EP mais sur le deuxième j’avais envie d’essayer d’autres trucs, des trucs plus rap aussi ! Angelo Foley a fait les sons de mon deuxième EP, il avait bossé avec Grand Corps Malade ou Eddy de Pretto donc de bonnes références et il a su apporter des trucs nouveaux ! Un réal peut bosser avec plein d’artistes différents et s’il est bon il saura toujours s’adapter à l’artiste. J’ai vraiment eu de la chance de bosser avec des gens qui se sont toujours adaptés à ce que voulais exactement.

LVP : D’après ce que je comprends, ton écriture sert plus le son ?

Alice : C’est un peu les deux au final puisque parfois j’écris même dans le métro. Par exemple pour J’en Ai Rien A Faire, les paroles me sont venus comme ça, je pensais pas forcément que ça en ferait une chanson, le rappeur pareil. Il y en a d’autres comme Je Suis All About You que je n’aurais jamais pensé écrire comme ça puisque passer du français à l’anglais c’est pas forcément mon truc mais quand j’ai commencé à chanter la chanson sur la musique derrière, ces paroles me sont tout de suite venues. Je trouvais qu’il y avait un peu un truc américain, un peu l’amour fou genre en mode Hollywood, et je trouvais ça trop marrant d’imaginer que j’étais folle d’un mec américain à qui je dis « Je suis all about you » ! Il n’y a même pas de mots pour dire ça en français, « je suis juste à propos de toi » c’est bizarre (rires). Mais je trouvais que c’était ce qui sonnait le mieux et maintenant c’est comme collé à la musique, elle ne pourrait pas être autrement.

LVP : La plupart des chansons de l’EP, excepté J’en Ai Rien A Faire qui en reste la plus singulière, parlent d’amour. Est-ce le sujet qui te parle le plus ?

Alice : En effet, sur mon deuxième EP il y a déjà l’idée de fantasmer avec un rappeur. Après T’es Fait Pour Me Plaire c’est un peu l’idée de « bon aller on s’en fout, n’importe qui, on souffre ensemble voilà ». Frénésie c’est te dire que t’es addicte à quelqu’un : il y a quelque chose de plus fort qui est possible mais t’as peur que ça te fasse du mal ! Ensuite Je Suis All About You c’est vraiment l’amour à l’américaine. En effet J’en Ai Rien A Faire qui termine l’EP est plus une façon de dire que je suis bien avec moi-même et que je m’en fous du reste ! En concert j’adore la faire à la fin car c’est vraiment une libération et le moment de dire « On se lâche tous ! ».

Mais c’est vrai que l’amour fait tellement partie de la vie ! Quand tu parles d’amour, t’as tellement des milliards de sentiments qui te viennent, t’as l’amour fou de quelqu’un, le fantasme ou encore le coup d’un soir ! C’est tellement symptomatique de notre génération, de ce qu’on vit. On parle tout le temps d’amour, même quand on n’en a pas envie.

LVP : Parlons de ton nouvel EP, Frénésie, qui sortira le 22 février prochain. Tout d’abord pourquoi avoir choisi ce nom ?

Alice : Alors déjà je suis terrible pour trouver les noms d’EP. Le premier s’appelle Filme Moi parce qu’il y a une chanson qui s’appelait Filme Moi, et le deuxième Frénésie car ça correspond aussi à une chanson et selon moi c’était le mot le plus approprié. J’aime bien donner le nom d’une chanson car elles parlent d’elles même ! J’aurai du mal à coller une sorte d’étiquette par-dessus. C’est De La Frénésie c’est la chanson du milieu de l’EP qui bascule entre le fantasme, le côté un peu fun et le côté un peu plus sérieux ! La définition du mot frénésie c’est un état tellement d’exaltation que ça te met hors de toi en gros. Et je trouvais ça jolie puisque j’ai l’impression que mon EP c’est un peu une folie où je pars dans tous les sens. Je parle d’amour, j’en veux, j’en veux plus etc. Et ça me met un peu hors de moi puisqu’il y a Alice et moi, on est un peu deux. Pour le coup ce n’était pas pour mettre la lumière sur ce morceau en particulier puisque je les aime tous, c’est vraiment ce mot qui me parle et qui va bien avec l’idée. En plus c’est con mais mon première EP s’appelait Filme Moi avec un F, donc Frénésie j’aime bien tu vois ! (rires) Sur la pochette on me voit en train de me filmer et ça rappelle également Filme Moi, j’aime bien garder un petit lien comme ça.

LVP : Est-ce que tu as trouvé ton rappeur ?  

Alice : (rires) En gros quand j’ai écrit cette chanson, déjà j’étais fascinée par les rappeurs car le rap est devenu un truc un peu pop, dans l’air du temps ! J’aime bien ce truc de rappeur qui dit juste ce qu’il a sur le cœur, ça peut être des émotions fragiles ou plus vénères mais voilà, c’est une manière de tout lâcher. Je fantasmais et je m’imaginais trop avec quelqu’un comme ça dans ma vie en fait, pas forcément un rappeur. Et dans ce sens-là oui j’ai trouvé mais je n’en dirais pas plus… (rires)

LVP : Et est-ce que tu as déjà pensé à ajouter une dimension un peu rap dans tes créations ? Collaborer avec un rappeur sur un de tes morceaux pourrait être quelque chose d’envisageable dans ton projet ?

Alice : Carrément, j’aimerai bien ! J’ai commencé des collabs avec des rappeurs mais je ne peux pas encore en parler car ce n’est pas sorti (rires). Il y a plein de rappeurs que j’adore et j’aimerai bien faire des trucs un peu rappés, après je n’ai pas non plus envie de me transformer en rappeuse. Mais oui en effet pour le rappeur on s’est vraiment éclatés à faire une instru un peu rap !

LVP : Parle-moi de cette photographie qui est le visuel de la pochette de l’album. Quel message peux-tu faire passer à travers celle-ci ?

Alice : Je voulais représenter cette dualité qu’il y a en moi. On me voit sans casquette alors que je l’avais sur le premier EP et cette casquette j’aime bien l’avoir mais je peux aussi ne pas l’avoir car t’imagines si je dois toujours garder une casquette dans ma vie (rires). Après on retrouve mes symboles dans la télé avec encore cette casquette et l’œil. J’avais envie d’un truc un peu street, un peu nonchalant avec du béton, on dirait que je suis un peu nulle part, on ne sait pas trop où la photo a pu être prise. Comme je disais, il y a une petite référence à Filme Moi car on me voit me filmer et c’était un moyen de m’adresser au public, à la personne qui prend la pochette. J’aimais bien l’idée que le regard soit plutôt tourné vers les gens. Je voulais vraiment qu’il y ait que cette télé et moi où on me voit, même quand tu ouvres le cd. Enfin voilà, je ne l’ai jamais caché mais j’ai toujours aimé me filmer et je trouvais ça marrant de l’assumer !

LVP : Donc c’est toi qui a complètement imaginé cette pochette ?

Alice : Le mec qui a fait la photo, Jean Baptiste Courtier, est super fort ! Il a su faire avec les références que je lui avais envoyées et ce que je voulais, en effet c’est moi qui l’ai imaginée. C’est hyper important que l’image me corresponde puisque c’est ma musique et dans ce sens je ne suis pas encore prête pour une maison de disque car je veux bien entendre plein de conseils mais je ne veux pas qu’on m’impose quelque chose et me sentir volée. C’est vraiment important pour moi de tout gérer, surtout en termes d’image. C’est un des trucs que je préfère faire en plus. J’aime autant faire de l’image que faire de la musique ! Je coréalise beaucoup mes clips, c’est hyper important ! Il faut que ça aille avec ce que j’ai envie de dire.

LVP : C’est vrai que tu veux garder une identité visuelle assez forte, notamment avec ce logo ou même ta casquette.

Alice : C’est vrai que c’est marrant car j’en mets depuis que je suis jeune en fait, pas tout le temps non plus car j’aurais peur d’avoir une calvitie, j’ai bien des cheveux en dessous (rires). Mais ça me fait du bien car souvent la casquette c’est un truc qu’on peut assimiler soit aux mauvaises filles ou aux rappeurs et au final j’ai toujours été très bonne élève même si en même temps à l’intérieur de moi il y avait une mauvaise élève qui avait envie de faire des conneries. Je le serais toujours d’ailleurs (rires). C’est encore une histoire de dualité. Quand j’ai commencé à la porter ça me donnait du courage, c’est un peu comme une couronne métaphorique ! J’ai essayé de ne pas la mettre tout le temps lors d’un concert mais au moment où je la mettais les gens devenaient fous, du coup je me suis dit que j’allais la garder (rires). Donc il y a  la casquette et cet œil que je me dessine depuis vraiment tout petite, quand je me filmais. Je me dessinais un œil et je me regardais, ma mère était terrorisée parfois ! J’avais fait une vidéo à mes 15 ans avec un œil noir et un œil blanc qui représentaient deux aspects de moi. Déjà à l’époque je sentais ce truc en moi, cette dualité, sauf que je ne savais pas encore comment le conceptualiser ou en parler. Cet œil quand je le dessine c’est comme la casquette, ça me donne de la force pour aller sur scène. D’ailleurs les gens l’ont souvent en concert aussi, ils se le dessinent, j’adore ! (Rires).

 

LVP : Parle-moi de ton dernier clip sur C’est De La Frénésie. C’est toi qui l’as totalement imaginé du coup ?

Alice : Alors c’est un peu différent pour celui-ci car j’ai voulu aussi laisser la chance à quelqu’un qui s’appelle Quentin Kwiatkowski, qui avait fait des clips de Catastrophe qui est un groupe que j’adore d’ailleurs ! On a travaillé ensemble, je voulais qu’il y ait mon logo, l’œil, la casquette et j’aimais bien l’idée de la réalité virtuelle car ça représente vraiment aussi le fait d’être addict à quelque chose, même virtuellement ! Il a une interprétation de la frénésie qui n’est pas exactement la même que la mienne mais que je trouve intéressante ce qui a permis de donner encore autre chose à la chanson ! Je l’ai plutôt écrit dans le sens d’être vraiment accro à quelqu’un et le clip montre une addiction encore plus forte, à la sensualité, à cette réalité virtuelle qui n’est pas réelle. Du coup c’est un mélange d’idée qui fait qu’on est arrivé à quelque chose de différent de ce que je fais d’habitude et j’en suis contente, ça change. Du coup l’interprétation de Quentin a apporté des choses que je n’avais pas forcément vues, un peu comme le clip de C’est Toi Qu’elle Préfère où je parle de jalousie : à la base je n’avais pas forcément pensé à des jumelles et quand Julie Oona m’a parlé de ça, j’ai trouvé l’idée géniale !

LVP : Qui t’accompagne sur scène lors des concerts ?

Alice : Il y a Dani Terreur qui m’accompagne à la guitare sur scène, qui a son projet aussi et qui a sorti un album qui s’appelle Les Portes du Paradis. J’ai chanté pour lui sur une chanson, je l’adore ! C’est le meilleur guitariste du monde, de notre époque, de notre génération même ! (rires) Après il y a Adrien qui est avec moi depuis le début, trop fort aussi. Il fait de la basse, du synthé. Il y a aussi Noé, qui avait un projet qui s’appelle Amarillo qui est sympa ! Il fait de la SPD, des percus etc. Ils font tous les cœurs, c’est mes petits beaux garçons ! Et au son il y a Clément Poilane. Je fais aussi un peu de synthé, mais j’en fais moins car ça me stresse tellement de jouer les instruments sur scène, ça me déstabilise ! Donc je m’en sers juste pour faire des petites phases et des petits solos sympathiques, un peu chill. Je me sens mieux comme ça. Je préfère chanter, danser et essayer d’emmener les gens avec moi ! Je suis heureuse de la façon dont on travaille, les garçons sont là pour moi et m’épaule sur scène ! J’ai toujours voulu que le live soit vraiment joué, avoir un truc un peu plus rock que la version studio. Je veux qu’il y ait des moments d’instrus de folies, plus de guitare. J’adore en live quand ça part un peu en cacahuète, il faut que ça soit vivant !

LVP : Quelle est la suite pour toi après la sortie de cet EP ? Des futures dates à annoncer ?

Alice : La Maroquinerie le 11 mars pour la release party ! Prenez vite vos places car ça se rempli très vite, il y a déjà la moitié des places qui sont partis ! Mes potes et ma famille n’ont d’ailleurs rien pris pour le moment (rires). Ensuite le 23 mars je vais faire le Club Soda où je vais chanter à Montréal devant 800 personnes je suis trop contente, j’adore le Québec !

Je vais jouer avec Alice on the Roof à l’Aéronef à Lille aussi. A des festivals aussi qui ne sont pas encore annoncés. Si en août le Brussels Summer Festival qui est un énorme festival où je suis sur l’affiche avec Booba, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, je pensais que je sortirai dans les petits artistes plus tard (rires).

Pour la suite du coup ça serait un album ! Je vais déjà attendre que mon EP sorte, le clip de Je SuisAll About You qui sortira en mars, le clip de J’en Ai Rien A Faire qui sortira cet été histoire que vous puissiez vous déhancher dessus tout l’été ! Ensuite j’aimerai bien sortir un titre dès la rentrée car j’en ai déjà plusieurs de côté, dans la musique ça prend beaucoup de temps. Les titres qui sortent dans l’EP sont déjà près depuis plus d’un an, je bossais déjà dessus le jour de la sortie du premier EP. Mais voilà, sinon le succès intersidéral tout simplement ! (Rires).

LVP : Un artiste dont tu voudrais faire la première partie ?

Alice : Il y a des projets que j’adore en ce moment mais ce n’est pas de la pop française Kali Uchis je suis fan de cette meuf, c’est hyper féministe et hyper cool tout ce qu’elle fait ! J’adore ses clips ! Ça n’a rien à voir avec ce que je fais, peut être que ça va s’entendre dans l’EP d’ailleurs que je l’ai beaucoup écouté, il y a quelques morceaux qui sont un peu plus smooth qu’avant.

Sinon j’aimerai bien faire la première partie du rappeur que j’aime bien, Loud, il vient de Montréal en plus ça serait une bonne occasion d’y retourner ! Orelsan en toute détente ! (Rires).

LVP : Pour finir, une découverte musicale récente à partager ?

Alice : J’aime trop Catastrophe. Une chanson qui s’appelle Be Bop Record que j’adore ! Sinon Dani Terreur c’est l’enfer ! Ou encore Malamente mais tout le monde connaît ! (rires).