Il y a toujours un goût de première fois dans la musique de girl in red, une sorte d’innocence qui donne l’impression de n’avoir jamais rien vécu. Premières passions, premières déceptions, premières haines aussi… Des débuts qui parfois se répètent pour cette icône de la queerpop qui n’en est pourtant plus à son coup d’essai.
La musique de Marie Ulven (de son vrai nom) s’adresse aux êtres intenses, à celleux qui ont tendance à vivre trop fort, à être un peu Too Much. Si elle nous a habitué·es à une bedroom pop bien abimée et un peu brute, c’est cette fois par un souffle plus léger, presque coloré, que l’artiste norvégienne revient nous livrer ses insécurités et ses peines de cœur, trois ans après avoir fait chavirer les nôtres avec l’iconique if I could make it go quiet (2021).
Si les premières notes qui nous parviennent ont quelque chose de déroutant, d’un peu trop frais, l’ADN de girl in red est bien là et elle ne tarde pas à nous remettre face à nos propres désillusions. Un texte intime et lacéré qui appuie juste là où il faut. Aïe, she’s doing it again. De quoi nous rassurer donc.
You go through life like you’re on a fucking runway
Dracula shoulders, they be blockin’ all my sunrays
This throwin’ shade is so passé
Forever is unlikely for us
Opposites attract, odds are more like Blackjack
House always wins, so I’m taking all my love back
With you, I lose either way
Dans un clip aussi dramatique qu’esthétique à base de pluie, de larmes, de lames et de sang, il y a cette impression de retrouver une vieille copine, celle qui a toujours eu un peu de mal à aimer et à se faire aimer, ses histoires presque trop anecdotiques et son âme peut-être trop sensible. Rire ou pleurer, face à ce mélodrame qui lui aussi en fait trop, on a du mal à trancher mais il pleut et ça nous fait du bien.
Too Much est un avant-goût juste comme il faut de I’m doing it again baby, un nouvel album annoncé pour mi-avril qui aura su se faire attendre pour les fans de l’artiste et sera matière à réconfort pour nos futurs déboires amoureux. Parce que si elle signe son retour avec un titre presque trop joyeux, la fille en rouge n’en a pas pour autant fini de nous écorcher avec ses tourments. Et on n’attend qu’une chose, qu’elle continue à le faire, encore.
Idéaliste en colère, j’aime ma musique comme le petit monde qui m’entoure : abimée et authentique.