Avec Atlantis, Halehan nous captive et signe un retour aux sources des plus sensibles
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Auteur·ice : Hugo Payen
28/05/2021

Avec Atlantis, Halehan nous captive et signe un retour aux sources des plus sensibles

| Photo : Diego Crutzen

Après la sortie l’année passée de Selfless Dream, second EP aux sonorités plus électroniques, que l’on vous qualifiait ici même d’audacieux, confirmant avec beauté l’évolution musicale de l’artiste, on peut dire qu’Alexandre Lambrecht, aka Halehan, continue de nous surprendre à chacune de ses sorties musicales. Depuis le début de l’année, c’est avec des sonorités plus colorées que l’on a pu retrouver Halehan au travers de quatre titres débordant de positives vibes. Et si l’éventail de sonorités de l’artiste ne cesse de nous éblouir, c’est avec Atlantis, un retour aux sources aussi lumineux que mélancolique, que Halehan nous invite à replonger dans l’univers de ses débuts.

La dernière fois qu’on a croisé Halehan, c’était au détour des couloirs du Botanique, en septembre dernier, après un concert haut en couleur – un des seuls de l’année pour l’artiste. Celui-ci nous confiait qu’il comptait expérimenter plusieurs directions artistiques dans un futur proche. Chose promise, chose due, l’artiste bruxellois originaire d’Uccle ne nous a avait pas menti. En vrai touche-à-tout musical, sa curiosité l’emmène à travers plusieurs sonorités, toutes aussi merveilleuses les unes que les autres.

Après un second EP aux allures plus électroniques sur lequel on pouvait découvrir le fabuleux Humi, voire redécouvrir son mythique Kind Of Blue, c’est dans un univers plus langoureux que l’artiste s’est aventuré. Sortie après sortie, on pouvait ainsi embrasser une nouvelle facette de l’artiste. Avec des titres comme Touch Me ou Soleil, Halehan s’essaye avec beauté à un style se rapprochant de la bossa-nova. Un défi réussi pour l’artiste qui semble briller dans chacune de ses tournures musicales, nous faisant toujours plus voyager.

Mais si l’expérimentation s’avère être au cœur des pensées de l’artiste, il n’en oublie pas pour autant la pureté et la mélancolie de ses débuts. C’est d’ailleurs avec un premier EP à l’esthétique plus naturelle que l’on a pu découvrir Halehan en 2017. Un premier chapitre prometteur gorgé d’émotions lui procurant le statut de « nouvelle pépite folk », et ce, notamment grâce à son hypnotisant Whirldwind. Des sonorités brutes et sincères que l’on peut retrouver aujourd’hui sur Atlantis, dernier bijou musical de l’artiste et premier morceau d’un futur album du même nom, qui sortira l’année prochaine.

 

Accompagné pour l’occasion de la sensationnelle Lea Rue, c’est un somptueux retour aux sources que nous propose Halehan avec ce titre fort, nous emmenant sans difficulté dans son univers où la mélancolie se veut être salvatrice. Le lien entre ces deux âmes ne date pourtant pas d’hier : amis depuis l’école primaire, c’est sans hésitation que Halehan propose à la jeune artiste belge de prendre part à ce duo après avoir entendu son timbre de voix pur à la radio.

C’est alors une symbiose éclatante que les deux artistes nous proposent. Deux voix qui ne font qu’une au travers de quatre minutes qui, soyons honnêtes, passent beaucoup trop vite. Cette nouvelle odyssée qu’est Atlantis nous plonge ainsi dans un dialogue de rupture entre ces deux amoureux qui imaginent une meilleure vie ailleurs. Survolé par ses accords de guitares immaculés, Halehan décrit la métaphore d’un iceberg où un tas de non-dits s’accumulent dans l’inconscient du couple qui finalement les fera couler.

Faisant référence à l’Atlantide de Platon ; à la fois utopique et malsaine, cette société grandiose en apparence sombrait dans l’excès et le narcissisme jusqu’à en être punie par la nature. Pour Halehan, le mythe de l’Atlantide résonne d’autant plus dans l’actualité ; notre déconnexion croissante avec la nature ainsi que l’envie de progrès continuel sont des causes du changement climatique et pourraient mener notre société à un destin similaire à celui des Atlantes.

Cela fait maintenant plus de quatre années qu’Alexandre Lambrecht, aka Halehan, nous subjugue avec ses titres aux sonorités et arrangements en tous genres. Et si son concert au Botanique de septembre dernier nous laissait un goût de trop peu, Halehan ne semble pas près de s’arrêter en si bon chemin. Aujourd’hui, l’artiste belge nous envoûte avec son dernier titre, Atlantis, mais qui sait ce que celui-ci nous proposera demain. Ce dont on est sûr par contre, c’est que peu importe la tournure artistique qu’il adopte, elle ne pourra être que prodigieuse.