Il aura suffi d’une seule écoute de Gravity pour se dire qu’on tenait là une pépite. Véritable épopée de nuit en suspens, le morceau navigue de contrées en recoins, jusque dans des guitares acérées aux airs de western, le tout saupoudré d’une touche d’arrangements cinématographiques. Meilleur compagnon d’une virée nocturne sous les lumières d’une ville, le titre d’OYESONO prend résolument la tête de nos écoutes de la semaine.
Gravity, c’est un dialogue avec nos démons intérieurs, ceux qui ne nous quittent jamais vraiment — les fantômes sous nos lits, les monstres dans nos têtes, et notre ombre qui nous suit où qu’on aille. Lorsque les frontières entre illusion et réalité se font floues, le morceau devient une ode à l’éternelle présence de la gravité, sur laquelle on peut rationnellement reposer nos convictions du réel et avec, les pieds sur terre.
Si le morceau évolue dans une ambiance plutôt sombre — faisant de ce titre l’un de ceux qu’on aime plus particulièrement écouter la nuit — il évoque paradoxalement une odyssée vers la lumière. Alors qu’OYESONO s’amuse à suspendre le temps en l’ouvrant dans un couplet presque a capella et que l’on se sent couler doucement dans les profondeurs d’un esprit torturé, les refrains font l’effet d’un coup de pied donné au sol pour rejoindre la surface, et la coda celui des reflets du soleil sur l’eau quand elle se rapproche.
Mais qui se cache derrière le nom d’OYESONO ? Nul autre que l’incroyable duo que forment Billie Leyers et Jasper Maekelberg. Leyers baignant dans la musique en Belgique depuis son plus jeune âge, et Maekelberg étant à l’origine de l’excellent projet Faces on TV, mais aussi l’un des producteur·ices les plus prometteur·ices de sa génération. Balthazar, Warhaus, Sylvie Kreusch, Ão ou encore Ladaniva plus récemment : son nom traverse désormais les frontières et laisse l’empreinte Maekelberg. Dans les percussions comme les arrangements, l’artiste multi-instrumentiste excelle. Tout comme Leyers lorsqu’il s’agit de réaliser leurs clips à l’identité visuelle délirante (Bad News First) et sauvage (Feel It Coming).
OYESONO, c’est un bébé de confinement né de parents talentueux, mais surtout aventureux. Si Gravity est le quatrième titre du duo à voir le jour en un peu moins d’un an, nous lui donnons aisément la première place du podium, son univers distançant de loin les trois premiers. De quoi convenir qu’iels n’ont pas fini de nous surprendre et d’attiser notre curiosité pour les prochaines sorties.
En perpétuelle recherche d’épaules solides sur lesquelles me hisser pour apercevoir la scène, je passe mes concerts à faire les chœurs depuis la foule.