Avec Pulsar, le génie de l’Impératrice rayonne plus fort que jamais
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Auteur·ice : Zoé Leclercq
26/06/2024

Avec Pulsar, le génie de l’Impératrice rayonne plus fort que jamais

Le 7 juin, L’Impératrice a sorti son troisième album, Pulsar. Iels n’avaient plus rien à prouver après Tako Tsubo, mais confirment une fois encore leur talent unique pour nous faire danser toute la nuit. Les pulsars, ces cadavres de supernovas, ont une force d’attraction irrésistible et presqu’inexplicable, et représentent parfaitement cet album vers lequel nous gravitons dès la première écoute. 

Après le succès de leurs premiers projets et une tournée qui les a mené·es jusqu’à la scène de Coachella, L’Impératrice revient avec un album enregistré rapidement entre deux tournées, sans producteur·ice. Pulsar est inévitablement imprégné de leurs voyages : iels expérimentent dans différentes langues, et pour la première fois, font appel à des collaborateur·ices sur leurs titres, avec les featuring de Fabiana Martone, Maggie Rogers et Erick The Architect.

Pulsar, c’est 10 titres pleins de groove et de mélodies remarquables sous le thème d’une romance cosmique. Le morceau d’ouverture de l’album, Cosmogonie, nous introduit à un son très funky et électro, venu d’un futur étrangement rétro. L’esthétique des six musicien·nes est d’ailleurs à cette image : comme s’iels venait d’un futur imaginé dans les années 70 et 80.

Sur Amour Ex Machina, Flore Benguigui, au chant, se met dans la peau (dans l’armure?) d’un robot sensible et sentimental. C’est touchant, comme une histoire d’amour à Metropolis sur un air disco/électro, ponctué d’un léger vocoder qui nous rappelle des soirées passées à nous trémousser sur du Daft Punk.

J’ai pas d’cœur

Mais pour toi

J’fais danser les moteurs en moi

Mes capteurs

En émoi

Les robots pleurent aussi parfois

Traduit littéralement par “ça m’est égal”, Me Da Igual nous invite à s’en balancer avec panache, en troquant son monokini pour un pyjama. Ce premier single de l’album, sur lequel Benguigui s’essaye à l’espagnol, est une hymne de la self acceptance et un majeur en l’air aux critères de beauté.

 

De l’espagnol, l’Impératrice passe à l’anglais, avec Love From the Other Side, chantée avec beaucoup de douceur et un accent français : la touche en plus pour cette ballade flottante qui nous ferait tomber amoureux·se d’un·e extra-terrestre.

Sur le très disco et enivrant Danza Marilù, Flore Benguigui partage les pistes vocales avec Fabiana Martone du groupe Nu Genea. Puis, on change de rythme et de chanteuse : c’est l’excellente Maggie Rogers qui nous enchante avec sa voix suave et mélancolique, accompagnée de violons et de claviers aériens, sur Any Way.  Désir et dévotion sont les mots-clés pour ce featuring qui raconte un amour gâché.

Sur Déjà-Vue, l’Impératrice suspend l’espace-temps en s’interrogeant sur les vies que l’on aurait pu vivre : toutes ces choses qui auraient pu arriver, ces choix qui marquent des tournants. Le concept pourrait faire peur, mais la chanson est douce et berçante. Être nostalgique du futur, c’est possible quand on est à des années lumières comme l’Impératrice.

Nos illusions perdues

Les choix qu’on n’a pas retenus

Est-ce qu’ils se rassemblent quelque part ?

Les gens qu’on n’a pas connus

Les jours qu’on n’a pas vécus

Est-ce qu’ils se rencontrent dans un bar

Pour trinquer à la mémoire

Des vies qu’on aurait pu avoir

Retour à l’anglais pour Girl ! une étreinte réconfortante directement adressée aux jeunes filles passionnées qui débordent d’émotions. Ce titre est à ajouter sans tarder à toutes vos playlists ‘girlhood’ ou ‘female rage’.

Dernier guest de l’album, le rappeur Erick The Architect du groupe Flatbush Zombies vient rompre le rythme de l’album en rappant l’amitié sur Sweet & Sublime. 

Pulsar clôture de manière brillante l’album éponyme. “La lumière fuse mais le son est lent / C’est l’étincelle qui d’abord me touche”, chante Benguigui, comme si elle nous racontait un secret – celui de ces étoiles mourantes qui nous échappent, dont on interprète les pulsations comme des signaux extra-terrestres. Après ce tour en orbite, être passé·es par le français, l’anglais, l’italien, l’espagnol et autant de styles musicaux, cet album résonne finalement comme un tout bien ficelé, prônant la thèse d’un langage universel : celui de l’amour de la musique. Pulsar, c’est la bande son d’un été où nous danserons sous les étoiles, sous les stroboscopes ou sous les leds de notre salle de bain. Peu importe où et comment, tant qu’on sait pourquoi : Pulsar nous convainc d’oublier nos soucis le temps d’un album, et la force d’attraction de cette étoile est irrésistible.

 

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