Awir Leon : valse en deux temps
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Auteur·ice : Clémence Maillochon
15/03/2021

Awir Leon : valse en deux temps

François Przybylski. Derrière ce nom phonétiquement complexe, graphiquement gracieux, Awir Leon. Auteur, compositeur, chanteur, danseur. Le 19 avril 2019, nous lui tirions déjà le portrait. Un fils, un frère des compères James Blake et Chet Fakear. Un amoureux des notes et du mouvement. Depuis, le virus se propage. Le sien et celui qui verra naître l’offensive de Jacob Jonas The Company. Films.Dance, où les danseur·seuses sont chorégraphes, souvent réalisateur·trices, parfois musicien·nes. L’ensemble lutte par le beau des mots, du bal, de l’ombre, de la lumière, sous l’angle choisi. En série. Ian Robinson capture à la Super 16mm pour Dadu, dernier sorti.

Spaarnwoude accueille. « Dadu » c’est le patronyme d’un footballeur, d’un homme politique. Nous avons cherché. « Dé » en Indonésie, Pékin sous une autre dynastie, une ville pakistanaise, une rivière à Taïwan et une chinoise. Voilà qui conviendrait davantage au Dadu que l’on goûte aujourd’hui. Saveur de l’exode.

 

Quête du vivre ensemble, du vivre libre, vivre au-dehors. Les ondes influencent quatre corps. La mesure accompagne la poitrine et ses fourbes sauts. Les bras, les doigts et les jambes tracent les nappes que l’on ne perçoit. La musique et l’image s’imbriquent, s’invitent l’une l’autre. D’aucune ne craint l’espace ; ni le combler, plutôt le sublimer, mieux, l’embrasser. Et le ciel, parlons-en. Teint mauve, il contraste avec la dynamique des sujets. Fauves. Singuliers. Parlons de leur regard, absent, jusqu’à ce qu’ils ne s’apprivoisent. Ne parlons plus. Apprécions leur ronde, leurs gestes dès lors conjugués. Dès lors que ? Que Worms crème notre cœur, tel un baume, puisque Prey le tenait littéralement pour proie. Quasi nue, comme un vers, la voix se veut rassurante. Une légère ritournelle autorisant à l’être également. Précédaient la débâcle des rythmes, l’appel scandé, le sifflement des machines et l’urgence.

© Alexandre le Mouroux

L’œuvre d’Awir Leon s’abreuve des riens formant le tout, oubliés et pourtant nichés quelque part au creux de nos jours. Il se fait interprète du non-palpable, le sensible que nous appellerons beauté cachée. Lui, la pique au sommet. Dans son monde électronique, les éléments jouent de leurs paradoxes pour se ranger d’instinct sur un même fil. Nous aimons y songer. Air, feu, eau, terre, alignés à la fois indisciplinés, sources de vie plutôt qu’options de l’ère moderne. Man Zoo, proposé de multiples fois sous de multiples formes depuis l’an 19, résonnait ainsi. Éthéré, chaleureux, fluide, profond. Songs for Dadu arbore une proche contrée, nouant à présent l’art de la silhouette à celui de l’esprit et précisant l’empreinte du créateur.

Coude à coude car tout autant touche-à-tout, Awir Leon et Woodkid braveront le danger des salles obscures. Autour du globe entier, les rendez-vous sont posés.

 

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