Ce vendredi, beabadoobee dévoile un véritable “female record” d’indie-rock. Fake It Flowers prouve que la musique peut être une thérapie pour comprendre le passé, réfléchir en avançant mais surtout apprendre de ses erreurs. Authenticité, rareté et puissance sont les mots qui caractérisent le premier album de cette jeune artiste anglaise d’origine philippine.
Bea Kristi alias beabadoobee a récemment été associée au rappeur canadien Powfu grâce au morceau death bed devenu viral. Il s’agissait d’un morceau inspiré de Coffee, son tout premier titre, écrit en 2017. Coffee est doux, simple et dévastateur, un peu comme l’univers musical de Bea. L’enfance et l’adolescence de beabadoobee, aujourd’hui âgée de 20 ans, ont été traumatisantes et mouvementées. Fake It Flowers arrive à un moment où elle éprouve le besoin de s’exprimer, de se dévoiler émotionnellement et de montrer qu’elle apprend. L’album a été écrit dans la chambre de son enfance. C’était comme si les murs, l’odeur et la décoration l’avaient aidée à se plonger dans son passé.
C’est avec le titre Care, dans une ambiance cinématographique décalée des années ’90, que l’album s’ouvre. Ce premier morceau ne semble pas, à première vue, aborder le trauma dont la jeune artiste a souffert dans sa jeunesse. C’est au moment du refrain que les paroles prennent une véritable valeur cathartique : “‘Cause you don’t really care, care, care!”. Un peu de colère se retrouve dans des titres comme Emo song ou Charlie Brown qui témoignent d’un examen d’elle-même. La délicate brutalité de certains titres contraste avec la sensible douceur d’autres. Cette tendresse se matérialise notamment dans Back To Mars, où l’artiste pose sa voix sur une mélodie légère et quelques accords de guitare.
Fake It Flowers est un album riche en couleurs et en sonorités. Le huitième titre, Further Away, surprend : ce sont trois minutes d’évasion et de suspension dans les airs. Il est empreint d’une envie de s’échapper, tant au niveau des paroles que de la mélodie aérienne. L’authenticité et le home-made caractérisent bien l’univers de Bea. Sorry est un bon exemple de cette justesse des émotions. Lors de la réalisation de cette chanson, elle était au bord des larmes. On retrouve la petite touche “fait maison”, notamment dans Yoshimi Forest Magdalene enregistré en une seule prise, ou dans How Was Your Day réalisé dans le jardin de son copain pendant le confinement. En écrivant ce premier album, beabadoobee a pu réfléchir et montrer qu’elle apprend. Son authenticité n’a pas fini de nous surprendre, oscillant entre dureté et délicatesse.
Je varie mes écoutes musicales pour en faire un patchwork enjaillant d’émotions ☾
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