Bear’s Den, groupe de folk-rock barbu et anglais était initialement formé par trois compères : Andrew Davie, Kevin Jones et Joey Haynes. Initialement un groupe purement folk avec ses guitares et banjos, lorsque l’ours Joey Haynes a quitté la tanière en 2016 pour des raisons personnelles, le groupe a ainsi perdu son joueur de banjo et a pris une direction vers le rock. Trois ans après, le groupe rebondit une nouvelle fois artistiquement en proposant So That You Might Hear Me qui sonne cette fois-ci comme un disque des années 80.
Pour ce nouvel album, c’est de nouveau vers un esprit rock que le groupe s’est orienté mais plutôt bordé de synthétiseurs des années 80 faisant parfois de So That You Might Hear Me un album où l’on entendrait des influences comme Bruce Springsteen. On retrouve par exemple cette ambiance synthé 80s dans le titre Laurel Wreath, l’un des morceaux les plus puissants et dynamiques de l’album, à l’image d’un Dancing in the Dark de Springsteen.
Dans ce troisième opus, on retrouve les qualités qui ont fait la force du groupe. Tout d’abord la douceur et la voix de velours d’Andrew Davie. On les avait découvertes dans Above the Clouds of Pompeii, qui avait fait la renommée du groupe, et on retrouve toute cette délicatesse ici dans des morceaux comme Breaker/Keeper qui nous rappelle un peu plus le style du premier album ou encore Fuel on the Fire, cette dernière étant plutôt façonnée sur le modèle du dernier album. La seconde force de Bear’s Den, c’est leur dynamisme et leur capacité à effectuer des crescendos et montées en puissance dans leurs chansons. Une explosion qui prend aux tripes et donne une carrure imposante à chaque titre. C’est le cas dans Hiding Bottles qui ouvre le bal mais aussi dans Laurel Wreath.
Les deux membres du groupe expliquent que l’album représente une tentative de communiquer avec quelqu’un de façon honnête. Nos pensées n’étant pas toujours très ordonnées, l’album montre toute la difficulté de communiquer honnêtement et avec tact avec les gens auxquels on tient le plus. Ce qui fait de So That You Might Hear Me un album très personnel et aux textes puissants. C’est notamment le cas dans Crow, titre hommage au beau-père d’Andrew Davie, décédé lorsqu’il n’avait que 15 ans. On a là l’un des titres les plus simples et les plus beaux de l’album où la famille et le deuil en sont les thèmes principaux. « My beautiful crow and all those black feathers perched deep in my soul won’t let me let you go ». Ce que le groupe a notamment illustré par un clip très simple où sont mis en scène des fans écoutant pour la première fois le titre entourés de leur famille. On y voit ainsi des familles entières, du plus âgé au plus jeune, mais aussi des personnes seules accompagnées de photos de leurs proches disparus. Le cycle de la vie.
Qui dit folk, dit aussi cuivre. Si Bear’s Den est loin d’utiliser les cuivres de façon aussi intense qu’un groupe tel qu’Edward Sharp & the Magnetic Zeros, on les retrouve néanmoins en fond de pas mal de leurs chansons. Un fond de trompette qui donne de l’intensité et cette touche de nostalgie qui fait la différence émotionnellement. C’est le cas dans Crow ou Evangeline. On a ainsi un album reprenant les recettes des deux précédents : les cuivres et teintes folk pour Islands et les synthés et sonorités plus rock pour Red Earth & Pouring Rain, le tout sur une nouveauté à savoir cette ambiance années 80.
Bear’s Den est récemment passé par La Maroquinerie début avril, pour les (re)voir en live, ce sera à Rock Werchter en Belgique que ça se passera puisque pour le moment, aucune autre date française n’a été annoncée. Pour les avoir vu en live à (feu) La Péniche à Lille, on ne peut que vous conseiller de rester aux aguets pour les prochaines dates.
Jeune paire d’oreilles toujours parée d’écouteurs, un peu trop accro au folk et indie rock. Accepte quelques écarts commerciaux pour sauver ses amitiés.