Béesau a enfin pu déclarer sa flamme à Bruxelles, et c’est réciproque
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Auteur·ice : Augustin Schlit
19/03/2022

Béesau a enfin pu déclarer sa flamme à Bruxelles, et c’est réciproque

Photos | Nicolas Jaumain

Il y a un peu moins d’un an, nous faisions la connaissance de Béesau au détour d’un mail RP nous invitant à nous pencher sur le nouveau morceau du jeune artiste, en collaboration avec notre Primero national. Séduit·es par ce mariage rafraichissant entre trompette jazz et hip-hop, il ne nous avait pas fallu longtemps pour comprendre que la nouvelle recrue du label Blue Note méritait qu’on lui accorde toute notre attention. Nous avions d’ailleurs pris beaucoup de plaisir à faire plus ample connaissance à la sortie de son premier album, Coco Charnelle Part.1, qu’on a enfin eu la chance de découvrir en live ce mardi 8 mars dans un Witloof Bar plein à craquer.

Avant même d’avoir eu lieu, ce concert avait tout pour devenir un moment unique. En effet, si Béesau avait déjà eu l’une ou l’autre occasion de présenter son album en live, c’était bien la première fois qu’il se produisait dans sa ville de cœur sous son pseudonyme officiel. Et comme si cela ne suffisait pas pour que ce concert reste dans les annales de la jeune carrière du trompettiste, nous apprenions quelques jours plus tôt l’abandon de la quasi totalité des mesures qui cadenassaient le secteur de la musique live depuis maintenant deux ans. Pas de jauge, pas de CST ou de masque… C’était comme se réveiller après un mauvais rêve. Un alignement des planètes inespéré pour Béesau, qui, lorsqu’on lui avait demandé ce qu’on pouvait lui souhaiter pour la suite, nous avait fait part de son impatience de pouvoir rencontrer enfin son public, et surtout de déployer pleinement le potentiel live de sa musique :

“Et surtout que ça marche suffisamment pour que j’aie l’opportunité de défendre le projet en live. Parce qu’au final, la musique que je fais prend tout son sens quand je peux créer la surprise chez un public dont ce n’est pas le répertoire de prédilection. J’aime l’idée que quelqu’un sorte d’un de mes concerts avec le sentiment d’avoir entendu quelque chose de nouveau.”

20h15, la salle s’est remplie et c’est dans l’immense simplicité qu’impose la scène du Witloof que Béesau s’avance en compagnie de ses musiciens. Il est ému d’être là, sans doute un peu stressé aussi. On le comprend. C’est toujours un moment charnière de confronter son œuvre aux aléas du direct. Pourtant, il suffit qu’il porte sa trompette à ses lèvres pour que l’atmosphère s’allège instantanément au son des premières notes de Chute Libre. Malgré quelques imperfections sonores, heureusement vite corrigées, la magie opère et on retrouve tout ce qui nous avait conquis à l’écoute de Coco Charnelle Part. 1. Comme promis, là où l’album avait pu paraitre, par moments, artificiel en raison d’une production un peu trop propre, Béesau et la “team d’Avengers” qui l’accompagne offrent une ampleur nouvelle à sa musique.

Une fois de plus, on est séduit·e·s par la manière dont celle-ci s’amuse avec ses influences et la facilité avec laquelle on passe d’une jam de jazz pur à des fulgurances qui prouvent que notre hôte a parfaitement compris les codes de la pop et du rap. La preuve en est la série d’invités de qualité supérieure présents ce soir là. On avait été avertis sans grande surprise de la présence de ce cher Primero venu interpréter le titre qui nous avait initié·e·s à l’univers du jazzman. On a également l’heureuse surprise de voir débarquer un autre de nos chouchous en la personne de Peet, qui, comme à son habitude, inonde la scène de son charisme naturel le temps de deux titres, dont une exclusivité qu’on retrouvera avec joie à la sortie de Coco Charnelle Part 2.

               

Mais s’entourer de valeurs sûres, en terrain conquis de surcroit, c’est une chose. Se la jouer défricheur de talents, c’en est une autre, surtout lorsqu’on n’est soi-même qu’au début de son parcours. Et pourtant, Béesau nous dévoile une de ses plus grandes qualités, son sens du partage et de la loyauté. C’est ainsi qu’on voit débarquer Art¥, jeune rappeur anonyme, dont on comprend qu’ils se sont rencontrés quelques mois plus tôt dans un bar pour finalement déboucher sur une collaboration de fort belle facture.

“En vrai ça me touche beaucoup, j’crois que j’ai envie de pleurer un peu”

Touchant, c’est effectivement le terme qui résume le mieux cette soirée passée en compagnie de Béesau et de sa clique. Un beau moment de générosité qu’on se sent privilégié·e·s de partager avec ce que la nouvelle scène jazz et hip hop a à offrir de meilleur. De l’alchimie, de la convivialité, et une belle dose de talent. Le set se termine, 1h30 plus tard, sous les applaudissements enthousiastes et mérités d’un public conquis, dont on comprend ensuite au détour des conversation qu’il ne s’attendait pas à une prestation d’une telle qualité. Que dire de plus à part acquiescer…


Tags: Béesau | Peet | Primero
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