Le rappeur gabonais francophone Benjamin Epps a fait gronder la salle de l’Élysée Montmartre samedi 15 octobre à Paris pour une date à guichet fermé. Celui qui se fait aussi appeler « Eppsito », lauréat du Best International Flow aux BET Hip Hop Awards 2022, est revenu sur scène plus assuré que jamais.
Il était déjà passé au FGO-Barbara à Paris en novembre 2021, dans un cadre en petit nombre, avec sa voix claire authentique et la niaque pour la porter. Kesstate, plus connu sous son alias artistique Benjamin Epps, est revenu à Paris samedi 15 octobre 2022 dans la superbe salle de l’Élysée Montmartre, installée dans le 18e arrondissement. Le ton plus puissant encore, une présence sur scène plus ample et assurée, le rappeur a aussi offert au public une flopée de guests tout du long du concert qui s’est ouvert avec un saxophone et les premières notes envoûtantes du titre Tard le soir sorti en 2020 :
C’est dingue tous les frangins ont la haine d’eux-mêmes (d’eux)
C’est dingue tous les frangins ont la haine d’eux-mêmes (d’eux)
Alors ils veulent la moula et les BenjaminsMes gars ont bossé toute la journée, ils ont pas vu la fin
Veulent imiter Scarface, genre ils ont pas vu la fin
J’apprends à barrer la merde, donc j’esquive
On allait traîner chez Digital, on allait fumer chez Steve
Hommage aux grands
Ce soir-là, Benjamin Epps, pris d’une saudade et/ou d’une mégalomanie (qui sait ?), a tenu à rendre hommage aux grands du hip hop, à ses références, lui qui a été bercé, notamment par le rap américain. Le freestyle anthologique de Notorious Big, celui où il est âgé de 17 ans, a été projeté, puis son portrait mythique affiché à l’arrière de la scène a été accompagné de la track Notorious sortie en 2021 :
Booba a sorti l’dernier albumÇa y est maint’nant, j’peux prendre le trôneVu qu’tout l’monde veut tester mon chromeOublie les restes, j’veux le filet-mignon, le jus et le beurreIl t’faut le masque et les boules Quies, j’suis le bruit et l’odeur
Le troisième incendie de l’Élysée Montmartre
À l’intérieur de l’Élysée Montmartre, ça a été le feu, encore, onze ans après le dernier incendie ravageur, mais cette fois-ci il faut en incomber la responsabilité au public, qui a fait trembler le parquet luisant, à deux doigts de faire vaciller la charpente métallique style Exposition universelle fin XIXᵉ siècle. Sur l’imposant balcon VIP, les invité.e.s parmi lesquels la famille de Benjamin Epps, saluée à la fin du concert, ont déployé le drapeau du Gabon, bienvenue dans la zone internationale !
© Adriano Tiniscopa
Dinos, Seth Gueko, Le Chroniqueur sale, le producteur avec qui le rappeur gabonais a composé son premier album Fantôme avec chauffeur (2021), et des moins connus comme 404Billy, Ron Brice, ou encore Sam’s… Benjamin Epps a fait croquer la scène à qui de droit et a ainsi étalé la multitude de collaborations qu’il a su cultiver pour agrémenter son répertoire de singles qui s’empilent.
Le rappeur natif du quartier de Bellevue à Libreville (Gabon) a également partagé avec la foule des moments intimistes, affichant son bambin, comme un dimanche en famille. Puis, toute la clique de son label Mocabe Nation a fini par monter sur les planches à la fin du concert. Une belle réunion presque en communion. Entre temps, l’un de ses titres les plus touchants a animé une fois de plus la salle :
Dieu bénisse les enfantsIls sont le futurJ’ai passé vingt ansJ’ai fait le plus durJe suis inquiet pour mes neveux et niècesC’est violent à l’extérieurIls sont noirsPour le monde entier, ils sont inférieursC’est la merde, personne n’est gentilLes dessins animés nous ont mentiPédophilie, prêtre pas repentiCombien de gamins anéantis?Je vais élever des lions pas des ienclits
La musique te traîne loin. Salutaire sur terre!
