Eilish, Billie Eilish. Nul besoin de vous retracer le parcours incroyable de la nouvelle coqueluche des médias internationaux, vous la connaissez déjà et vous l’aimez probablement. Difficile en même temps de rester indifférent·e face à la jeune Américaine. Révélation unique et ascension à tire-d’aile, la chanteuse impose un vent de fraîcheur et de nouveauté sur une industrie musicale souvent considérée comme trop homogène, et qui s’ouvre aujourd’hui au caractère expérimental des compositions du duo O’Connell que Billie partage avec son frère Finneas. Succédant à Adele ou Sam Smith, c’est à elle qu’est revenu l’honneur de composer et interpréter la nouvelle identité musicale du prochain James Bond. Élégance, finesse et talent : la tempête Eilish continue de marquer l’histoire.
Attendue comme le Messie à chaque sortie d’un nouvel épisode de Daniel Craig au pays des armes à feu, la fameuse chanson qui accompagne le film est souvent synonyme de monument musical et de composition léchée. Assumer une telle charge à dix-huit ans seulement, voilà qui n’est pas une mince affaire. Mais il faut dire que Billie a dû s’habituer à ce genre de folie : récemment victorieuse de cinq trophées aux prestigieux Grammy Awards, élue Woman Of The Year par le mastodonte du journalisme musical Billboard, rien ne semble arrêter les succès de cette jeune femme au talent sans bornes. “Billie Eilish pour interpréter le prochain thème James Bond“, c’est la surprise. Pour beaucoup, le thème James Bond rime avec chanteur·euses à voix, envolées vocales époustouflantes, avec un arrière-plan orchestral et spectaculaire. Tant de choses qu’on ne retrouve nulle part sur When We All Fall Asleep, Where Do We Go?, le dernier album de l’artiste paru en mars 2019. La petite Billie était donc attendue au tournant et la grande artiste a répondu présente.
Dévoilé le 13 février dernier, No Time To Die offre son lot de surprises et de charme et il ne fait nul doute que la poétesse vise juste avec cet hymne sentimental qui s’inscrit dans la narration romantique et dramatique du film. Fidèle au minimalisme et à la douceur voilée qui ont fait la force de son répertoire musical jusque là, Eilish marie le côté sombre de son art à l’intensité de l’univers de 007. En résulte un délice balancé entre noirceur sur les couplets plus graves, et légèreté sur des refrains sublimés par des notes étonnamment hautes, là où la chanteuse nous avait habitué·es à plus de pudeur au niveau vocal. Pour la production, c’est accompagnée de son frère Finneas que Billie a su incorporer l’univers Bond au sien, avec une kyrielle de violons élégants, de délicates touches de piano qui s’intensifient crescendo et, finalement, le fameux accord de neuvième de dominante. Si son nom ne vous dit rien, c’est normal. Cet accord de piano est en réalité identique à celui qui clôturait la composition initiale du premier thème James Bond, écrit à l’époque par le grand Monty Norman. Un bel hommage qui prouve bien l’attention particulière du duo O’Connell à l’histoire de ces mythiques compositions qui ont su marquer les industries du cinéma et de la musique au fil des années.
Ce mardi 18 février avaient lieu les Brit Awards qui récompensent chaque année les talents d’Outre-Manche (et d’ailleurs) lors d’une cérémonie toujours plus impressionnante d’année en année, invitant les pépites du monde entier pour livrer de sublimes prestations. Cette année, le spectacle a été assuré entre autres par les shows explosifs de Lizzo, Harry Styles, Stormzy ou encore Dave, héro du hip-hop politisé récompensé pour le meilleur album britannique de l’année. Au milieu de tou·tes ces invité·es d’exception, on retiendra surtout la performance magistrale de Billie Eilish. Lauréate du prix de la meilleure artiste féminine internationale, ce n’est pas tant le prix gagné qui nous intéresse, mais plutôt son interprétation de No Time To Die. Dans un décor noir et nébuleux où son extravagance capillaire fluorescente ne passait pas inaperçue, la jeune pépite a fait s’envoler les lignes de son nouveau titre au rythme d’un ensemble à cordes guidé par le légendaire Hans Zimmer en personne.
Avec son frère au piano et le géant de la musique classique à l’orchestre, Billie n’avait plus qu’à donner de la voix à cette prouesse pour toucher le chef-d’œuvre du bout des doigts. Et sans surprises, elle l’a fait. Elle a brillé, une fois de plus, prouvant que son minimalisme musical n’était qu’une facette de son attirail vocal. Une chose est sûre, Billie Eilish n’a pas fini d’impressionner et d’écrire l’histoire déjà folle de cette adolescente ambitieuse devenue icône de la musique.
- 18 Juillet : Lollapalooza Paris (Paris)
- 19 Juillet : Sportpaleis Anvers (Anvers – BE)
Caméléon musical aux allures de mafieux sicilien.