Black Flower, le jazz belge est en feu
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Auteur·ice : Martin Simoens
06/02/2022

Black Flower, le jazz belge est en feu

Avec le projet Magma sorti sur le label Sdban Ultra, les Belges de Black Flower viennent nous proposer un jazz organique avec une touche de fusion. Entre grooves hypnotiques et percussions orientales, le mélange prend et on se retrouve face à un album riche en énergie et en musicalité. Le quintet composé de Jon Birdsong (dEUs, Beck, Calexico) au cornet, Simon Segers (Absynthe Minded, De Beren Gieren, MDCIII) à la batterie, Filip Vandebril (Lady Linn, The Valerias Solanas) à la basse et Karel Cuelenaere (John Ghost) aux claviers, on est sur une belle brochette de talents. Mais le pilote de ce bel équipage, c’est Nathan Daems (Echoes of Zoo, Dijf Sanders) qui vient manier la flûte ou encore le saxophone avec brio. 

Inspiré par le jazz éthiopien, les œuvres de Fela Kuti et autres courants psychédéliques, le groupe n’en est pas à son coup d’essai après notamment un dernier album (Future Flora) haut en couleur qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un·e sourd·e avec notamment les éloges de la BBC ou encore du magazine culte Mojo. Un projet donc ambitieux qui se déguste petit à petit et qui demande à être écouté dans de bonnes conditions. Une production léchée, des sonorités hors du commun, il nous aura fallu plusieurs écoutes pour vraiment discerner toutes les subtilités que l’œuvre peut nous proposer.

Après l’entrée en matière avec un premier morceau éponyme, une introduction en douceur dans cette jungle de notes, la suite va crescendo et on se retrouve parfois dans une jam hypnotique où le groupe se transcende dans un jazz rythmique explosif, tout en prenant le temps de nous proposer une collaboration tout en douceur avec Morning in the Jungle et la nouvelle pépite de la folk, Meskerem Mees. Un choix surprenant pour un groupe instrumental, mais qui offre une pause méritée pour encore mieux revenir sur son sujet avec le morceau The Forge, un titre musclé, tout en tension et en musicalité. Magma c’est un voyage périlleux, que ce soit pour les amateur·ices du genre ou les néophytes, le projet est musclé, telle la jungle que nous dessine Black Flower. Pour mieux appréhender l’expérience, nous avons rencontré Nathan Daems pour nous expliquer ce projet si mystérieux.

 

La Vague Parallèle : Bonjour Nathan, explique-nous la création de cet album.

Nathan Daems : En général nous sommes des musiciens qui composent assez rapidement. En 5 jours de studio l’affaire est pliée avec 2 morceaux sur la journée. Ici nous avons voulu prendre le temps pour ne pas se mettre la pression. Nous avons posé les bases et ensuite laissé quatre mois au projet pour mûrir sans pour autant l’écouter pour avoir un bon recul et pouvoir revenir plus matures sur les morceaux. Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions créer de la musique plus en profondeur avec ce temps d’attente et donc laisser place à plus d’expérimentations, que ce soit dans la composition ou dans les sonorités. Avec notre producteur Frederic Segers, le processus a été naturel. On se connaît tous très bien et on est sur la même longueur d’onde, cela a donc facilité le parcours du projet. La base de cet album a été composée lors de notre tournée au Brésil et se base sur des jams, des petits moments de complicité musicale entre les dates et il y a une grande part de liberté dans nos compositions.

LVP : Un album riche en influences, est-ce-que vous pouvez un peu nous parler de ce qui a forgé l’alliage de cet album ? 

Nathan Daems : On écoute tous vraiment de tout. L’Histoire étant, nous avons accès à plus de musiques anciennes que de récentes. J’adore étudier les styles et les musiques pour agrémenter mon jeu et comprendre chaque pan que peut nous proposer la musique. J’ai été, par exemple, passionné par la musique traditionnelle des Balkans, ou de l’Inde, que j’ai beaucoup étudiée. La musique est un art qui s’apprend à l’oral, il faut écouter, répéter, réécouter et parfois cela peut prendre du temps pour vraiment comprendre le sens d’une musique ou d’une sonorité. Nous avons la chance d’avoir aujourd’hui accès à un tas de musique, que ce soit par streaming ou par les médias, il serait bête de ne pas en profiter. Néanmoins, malgré ma passion pour les études de style, le mélange de nos influences se fait naturellement en studio ou en jam et la sauce prend musicalement avant tout.

LVP : L’album propose beaucoup d’univers différents, est-ce que vous avez un morceau qui vous touche plus que d’autres ? 

Nathan Daems : J’aime beaucoup le featuring avec Meskerem Mees, Morning in the Jungle. Incorporer une chanteuse dans un groupe instrumental, c’est parfois difficile, mais ici tout s’est fait naturellement. C’est une chanteuse avec énormément de talent et qui est en plus très jeune, et elle a été la personne parfaite pour ce morceau. Elle est arrivée en studio et savait exactement ce qu’elle devait faire, nous avons été très surpris de voir ça en réalité. Une suite de collaborations comme celle-ci est à prévoir ? L’avenir nous le dira, mais je ne suis pas contre.

LVP : Vous avez appelé ce projet Magma, quel a été le choix derrière ce titre ? 

Nathan Daems : Tout cela provient d’une image. Le magma, c’est tout simplement le thème de l’album, le fil rouge. Je me suis rendu compte au fil de mes expériences que la vie et la Terre ne sont pas séparées, qu’au lieu d’être deux entités à part, nous ne faisons qu’un. Nous sommes de la même matière que notre planète, nous sommes de l’eau, nous sommes des molécules, nous sommes la vie. Le magma, c’est donc l’océan de potentiel qui peut se métamorphoser en de belles choses, tout comme l’imagination qui matérialise les créations et les rêves. Black Flower, que ce soit pour ce projet ou en général, c’est avant tout un hommage à l’imagination et à l’improvisation, tel un magma qui coule, se solidifie ou glisse sur le flanc du volcan.

LVP : Le 16 février vous commencez votre tournée à l’Ancienne Belgique, comment sentez-vous cette première date belge ? 

Nathan Daems : On prépare un show vraiment spécial, on va notamment beaucoup travailler en équipe pour réussir à transposer les sonorités de l’album sur scène, je pense que cela va être notre plus grand défi. J’espère que le public sera réceptif et touché par notre musique. On fait de la musique tout en suggestion, chacun y voit ce qu’il désire et nous souhaitons que les auditeur·ices puissent se libérer et laisser place à leurs émotions pendant le concert. Nous avons pas mal de concerts par après dans les pays voisins et nous avons vraiment envie de proposer une expérience de concerts avec beaucoup d’improvisation et d’imagination.

LVP : Le mot de la fin est pour vous Nathan.

Nathan Daems : Merci pour cette interview et je vous invite à venir nous voir en concert et à laisser place à votre imagination !


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