Blanche vacille entre poésie obscure et mélancolie luminescente avec Empire
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Auteur·ice : Caroline Bertolini
29/05/2020

Blanche vacille entre poésie obscure et mélancolie luminescente avec Empire

La délicatesse de Blanche est de retour avec Empire, son nouvel album sorti ce vendredi 29 mai. La jeune artiste aura énormément évolué ces trois dernières années, allant du City Lights présenté à l’Eurovision 2017 à ses quelques singles sortis entre-temps, des essais musicaux et esthétiques plutôt plaisants. Cet album, c’est un certain climax. Une histoire qui s’est construite pour en arriver au point culminant d’Empire. Tout y est plus mature, plus contrôlé, tout en gardant une part de mystère et de sensibilité qui lui est propre.

Blanche, c’est la grâce d’un sphinx. Son habilité à marcher calmement sans faire de bruit, pour s’imposer à sa proie ensuite (comprenez que nous sommes la proie). Si beaucoup de douceur en émane aux premiers abords, une intensité est à découvrir dès lIntro de l’album. Il y a quelque chose de très dramatique, cinématographique, dans la musique de Blanche. Au-delà de la sonorité, c’est dans ses visuels qu’on ressent le clair-obscur, parsemé de délicates fleurs aux épines cachées. Ellie Delvaux, de son vrai nom, nous emmène dans son univers via différents sentiments. Un album qui s’offre à nous tel une histoire d’amour vraie et crue par moment. Mélancolie lumineuse et poétique obscurité s’investissent dans un disque qu’on écoute dans l’ordre, pour ressentir chaque sentiment. Si on tentait de les décrypter, on le ferait comme ceci.

Empire c’est le doute, le flou. Une chanson riche dans les instruments et dans les voix, qui porte l’album de sa force et sa fragilité. “It’s a kind of fever, for people. Strong as we are”. Till We Collide nous emmène sur des collines plus dansantes, plus pop, aux moyens d’une production qui résonne entre piano et beats entraînants. Peut-être la chanson la plus ‘Eurovision’ de cet opus. Fences, qu’on connaissait déjà, se veut plus dark dans l’esprit et se fraye un chemin jusqu’à nos esprits, c’est la détermination. Only You n’échappe pas à la règle : d’une façon plus douce, elle séduit petit à petit. De la voix de l’artiste elle rassure, magnifiée par le violoncelle et le piano. C’est la dévotion. Lonely, c’est l’espoir. “You don’t need to be this lonely”. Une production presque orientale dans les notes, qui s’offre des pauses de violon. How does that sound, c’est la colère, le ressentiment. Plus froid, plus conceptuel, la voix posée dans les graves par moment nous montre une facette de Blanche plus dure, empowered. Soon, la délicatesse et la bienveillance. Le picking qui rend la chanson plus acoustique, la voix qui tire dans les aigus, dans le souffle et la douceur contrastés par les percussions. 1,2 Miss You. C’est l’hymne au manque d’affection, la perte. Une chanson très intéressante dans les différentes voix qui nous sont exposées, elles passent par beaucoup d’états, le tout dans un équilibre parfait.

Summer Nights, c’est le retour à la réalité. La remise en question, s’accrocher au sentiment que tout ira bien, même si la vérité est peut-être différente. Pain, c’est l’amour, la tendresse. Cette maîtrise de la voix qui fait passer juste l’émotion qu’il faut. “’ll take away the pain”. We had, la résolution. C’est la fin, le moment de se rendre compte de ce qu’on avait et de ce qui a changé. Renforcée par la chanson beaucoup plus posée, la voix se fond plus dans la production, dans une jolie ballade. Un sentiment déchirant et apaisant à la fois. Stubborn. Une fin finale, finalement. Le recul, la tristesse. C’est peut-être une des chansons les plus sombres de cet album. On reste sur un piano-voix des plus calmes, des chœurs rendant la chanson encore plus belle, tragique.

Cet album, il est riche en instruments, arrangements, styles de musiques rassemblés dans une pop semblable à ce qui se fait du côté de Banks, Tessa Dixson, etc. – à l’exception qu’il mélange l’acoustique et l’électro de façon très subtile. Avec l’aide de Rich Cooper (qui a justement travaillé avec Banks) et François Gustin (Girls in Hawaii), Blanche a su mettre en avant ses paroles qui nous accompagnent tout au long de l’écoute. Mais ce qu’on remarque le plus, c’est toujours sa voix atypique, qui est maintenant plus entraînée et passe de sons en sons avec une telle facilité. C’est réellement ce qui rajoute à sa musique ce supplément d’esprit et qui en fait la sienne, de façon inconditionnelle. La mélancolie qui est véhiculée grâce à elle nous paraît presque plus proche de l’espoir que de la souffrance. Un premier opus réussi haut la main.


Tags: Blanche | Empire | PIAS
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