| Photos : Tiphaine Mercier pour La Vague Parallèle
Avec son débit de rappeuse, ses envolées de diva et sa plume acérée, Brö a régalé le public de La Gaîté Lyrique, le 21 mai 2024. Un concert ponctué de surprises auquel La Vague Parallèle a assisté.
On se laisse d’abord séduire par le violet qui émane des projecteurs de La Gaîté Lyrique, et par la voix chaude de Miae qui nous accueille, souriante, en première partie de Brö. En quelques morceaux, la Marseillaise d’origine nous fait entrer dans son univers sensible et mélancolique, accompagnée au clavier par Lunevil. La néoparisienne se livre : du manque de sa ville natale à la nostalgie d’amours passés. On se remémore avec elle nos aventures sentimentales. Des chansons à texte assumées, joliment servies par la mélodie au piano.
Après une courte pause, le public s’enthousiasme de l’arrivée sur scène de Brö. Cheveux lâchés, top échancré blanc et jean bleu, la chanteuse est prête à tout donner. Elle déploie une énergie de dingue dès le premier morceau : Oui ou non, issu de son dernier EP Pour la fête (2024). Brö saute sur place, s’avance vers le public qui reprend en chœur : “Ils ont peur de quoi, ceux qui vesqui le love ? / On n’attend plus que toi sous ma robe”. Le phrasé est haché. Les mots crus. La chanteuse se réapproprie ce vocabulaire que l’on n’entend que trop rarement de la bouche d’une femme. À travers son flow de fonceuse et ses paroles décomplexées dans lesquelles elle assume son désir, elle invite le public à faire de même.
Après la troisième chanson, les lumières se rallument dans la salle. Le temps de laisser l’artiste respirer et partager sa joie : “Franchement merci, vous êtes incroyables. Je suis essoufflée de ouf. Donc j’ai clairement des problèmes de santé. Pourtant, j’ai arrêté de fumer.“
Transition parfaite pour introduire le morceau suivant : Allumette qui démarre, tout doucement cette fois, par des notes de piano. Brö parle plus qu’elle ne chante, baignée par un éclairage aux teintes jaune violet. Ça groove. Matteo, à la batterie et Jules, à la guitare, accélèrent légèrement la cadence. Avec son timbre grave, Brö raconte une histoire d’amour unilatérale. Piégée, elle dit avoir peur, ne jamais avoir déclaré sa flamme, et préférer tricher. Au refrain, elle pousse sa voix dans les aigus et exprime toute la détresse de la chanson. Ovation du public.
Brö se surpasse encore davantage dans le titre Grande, qu’elle livre en exclusivité, issu de son prochain EP Musique pour la tête, disponible en octobre. Éclairée par des spots bleus, elle reste debout devant son micro. Le tempo est lent, l’instru minimaliste. Comme un message personnel, elle nous partage, d’un air solennel, ses angoisses et ses regrets : “Ça me tracasse encore de voir le temps me dévisager. Je fais des efforts, j’applique la crème des anti-âgé·es“. Puis, elle lâche dans un cri du cœur : “Les années passent troooooop fort“. On a la chair de poule. Le public l’encourage, impressionné par son amplitude et ses envolées. Un challenge vocal que Brö a relevé avec brio, fruit d’un travail approfondi sur sa voix ces dernières années. À la fin, la fosse l’applaudit chaudement pendant un long moment.
Entre deux morceaux, Brö reprend la parole, fait quelques blagues, et partage des anecdotes : du nom de son premier groupe de rock à son adresse de pizzeria préférée dans le 20e. Elle n’hésite pas non plus à charrier ses acolytes sur scène, comme Tuerie qui porte alors “son plus beau bonnet”.
Une soirée qui a été rythmée par les apparitions de plusieurs guests : de son graphiste à Ehla. Sur Qui me ressemble, les deux amies mêlent leurs voix à merveille, et finissent même par une battle de vocalises.
Plus tard, c’est un autre invité de marque qui fait fureur. Ichon arrive sous les acclamations du public, qui crie de joie quand il l’aperçoit. L’artiste impose immédiatement son style, très à l’aise dans l’exercice. Pantalon en cuir rouge et lunettes de soleil sur le nez, il danse vers la fosse, chaloupe, genoux pliés, puis revient vers sa partenaire de scène pour un refrain à deux voix.
Après avoir fait chanter et danser le public, le concert de Brö se termine par son titre le plus connu, Mauvais rôle, qui cumule 1,3 million d’écoutes sur Spotify. Pour l’occasion, la lumière vire au rouge colère. Celle qui monte crescendo. Les spectateur·ices applaudissent en rythme avec les basses. Le débit de Brö est très rapide, on se demande comment elle arrive encore à respirer.
« Alors j’vais l’faire
Dire que l’homme c’est l’escroquerie vieille de millénaires
Qui a détrôné l’esprit et le rôle de la chaire
J’me suis offert une rose, parce que personne le faisait
J’me suis cassé une côte, j’essayais d’me faire plaiz’ »
Elle décrit une femme bourrée de défauts, qui abuse de la boisson, qui agit comme un mauvais garçon, mais qui fait du mieux qu’elle peut. Le public est de plus en plus déchaîné. Tel un hymne féministe, les spectatrices sautent sur place et chantent toutes en chœur. Du rap énervé à une pop mordante et sensible, Brö a embarqué son public du début à la fin. Queen B.
Ne manquez pas les dates de concert de Brö cet été :
- 02/08 : Madcow Festival, à Cheylade (Auvergne-Rhône-Alpes)
- 17/08 : Festival Chalabre en Sérénade, à Chalabre (Occitanie)
- 25/08 : V and B Fest’, à Château-Gonthier (Pays de la Loire)
Prête à danser au rythme des basses et à découvrir de nouveaux artistes émergents, la musique est ma religion.