Bruisme vous invite au pas de côté à Poitiers
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Auteur·ice : Joseph Lanfranchi
03/06/2022

Bruisme vous invite au pas de côté à Poitiers

Le bruit court, conquérant et espiègle, qu’il fera bon vivre à Poitiers entre le jeudi 23 et le dimanche 26 juin. Le bruit court, diffus et confiant, que la ville aux cents clochers résonnera de mille sons étonnants et inattendus au cours des quatre soirées du festival Bruisme (organisées par le collectif Jazz à Poitiers). Le bruit court, cavalier et multiple, que du Confort Moderne à l’ancienne Filature de Ligugé s’éveilleront des concerts déconcertants et des performances incantatoires. Et le bruit court, enchanteur, que les heureux élu·e·s qui arracheront leurs œillères musicales pour se laisser guider par les vibrations magiques qui résonneront du parvis du Musée Sainte-Croix au planétarium de l’Espace Mendès France découvriront un univers irrégulier aux contours aussi abrupts que miraculeux.  Bruisme se répand. Bruisme approche. À grand bruit. 

A contrecourant de nombreux festivals qui misent sur des têtes d’affiches connues du plus grand nombre et sur des artistes dont les compositions attrapent l’attention en quelques secondes, Bruisme joue la carte des herbes folles, des sonorités escarpées et des illuminations.

En demandant à son public de faire l’effort de la découverte et de prendre le temps de s’immerger dans une musique nouvelle qui peut sembler dissonante lorsque on n’écoute jamais de harsh noise et que la simple qualification de free jazz nous effraie, Bruisme libère notre main et nous rend notre liberté. Liberté de sauter à pieds joints dans une programmation dont on ne connaît aucun nom et dont une écoute rapide nous rassure à moitié (mais c’est bien là l’objectif). La diversité musicale et la variété de mises en scène nous intriguent et tout ne semble pas hors de notre portée. Le jazz grunge de Nout renferme un potentiel live démentiel et on se demande pourquoi on n’a encore jamais fait de pogo sur une telle musique. La folk transcendantale de The Archetypal Syndicate devrait conquérir n’importe quelle foule par son énergie et son groove irrésistible.

 

Et on n’aimera sans doute pas la totalité des lives, et on aura sans doute parfois envie d’aller prendre un verre à la buvette plutôt que d’écouter la fin du concert. Et on aura peut-être parfois même envie de se boucher les oreilles en regardant ses voisin·e·s avec stupeur. Et pourtant quelque chose me dit qu’en direct et au milieu d’une petite foule curieuse aux esgourdes dégourdies, on pourrait même vivre un de ses rares moments de grâce sur les bruits catastrophiques d’Autorervese ou le solo de trompette erratique de Louis Laurain. Le jeu en vaut la chandelle, ça on en est surs.

Et on pourra toujours aller dodeliner de la tête et chanter à tue-tête face à la mer à Pete The Monkey un peu plus tard.

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